La justice appelle Facebook à débloquer le compte d’un employé du NSO Group
Des employés de la firme israélienne avaient porté plainte contre le géant des réseaux sociaux au mois de novembre, estimant que leurs comptes avaient été injustement bloqués
Une cour de Tel Aviv a ordonné mardi à Facebook de débloquer le compte privé d’un employé du NSO Group, firme israélienne de logiciels-espions.
La cour devrait rapidement rendre un jugement similaire pour d’autres employés de l’entreprise, selon une dépêche de l’agence Reuters.
Les employés de l’entreprise de surveillance avaient porté plainte contre le géant des réseaux sociaux au mois de novembre, disant que Facebook avait injustement bloqué leurs comptes quand ce dernier avait lancé des poursuites contre le NSO Group, un mois auparavant.
Les salariés avaient fait savoir que leurs comptes Facebook et Instagram, ainsi que des comptes appartenant à des membres de leurs familles et à d’anciens employés de la compagnie, avaient été bloqués.
« Nous sommes convaincus que suite aux déclarations sans équivoque du tribunal, Facebook va revenir sur les actions menées contre d’autres employés », a clamé une porte-parole de NSO.
Au mois d’octobre, Facebook, propriétaire de l’application de messagerie WhatsApp, avait porté plainte aux États-Unis contre le NSO Group, l’accusant d’utiliser la plateforme de messagerie populaire pour mener des missions de cyber-espionnage à l’encontre de près de 1 400 journalistes, diplomates, dissidents et activistes des droits humains dans le monde entier.
De hauts responsables issus de 20 pays alliés des États-Unis auraient figuré parmi les victimes de cette campagne de piratage.
La firme basée à Herzliya est connue pour la commercialisation de Pegasus, un outil hautement invasif qui serait capable d’activer l’appareil photo ou le micro d’un téléphone mobile et d’accéder à ses données – transformant efficacement le téléphone en espion portatif.
L’entreprise affirme ne fournir son logiciel aux gouvernements que dans le seul but de combattre le terrorisme et le crime.
Mais des dissidents, des journalistes et autres personnalités de l’opposition affirment que la technologie développée avait été utilisée à des fins d’espionnage par des régimes répressifs.
Le FBI a ouvert une enquête sur NSO, soupçonnant que ses produits ont été utilisés pour pirater les téléphones de citoyens américains et espionner des gouvernements étrangers, a annoncé Reuters le mois dernier.
Des sources familières de l’enquête ont indiqué que cette dernière allait servir à déterminer si des produits du NSO Group avaient été utilisés pour obtenir un accès à des téléphones appartenant à des Américains, et si des nations étrangères utilisaient ces outils pour espionner des responsables des gouvernements américain ou alliés, a noté l’agence de presse.
L’enquête, qui pourrait ne pas se concentrer uniquement sur NSO, est en cours depuis 2017, selon Reuters.
Des experts indépendants du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU ont indiqué, le mois dernier, que le piratage présumé par l’Arabie saoudite du téléphone de Jeff Bezos, le propriétaire d’Amazon, avait probablement été effectué en utilisant le logiciel-espion de NSO.
Le téléphone de Bezos aurait été infiltré par le biais d’un compte WhatsApp appartenant au prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane.
La firme israélienne a indiqué dans un communiqué être « choquée et consternée » par la mise en cause de son logiciel dans le piratage du téléphone de Bezos et affirmé que Pegasus n’était aucunement impliqué dans cet incident.
Le logiciel-espion avait également été cité lors du meurtre abominable du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, dont le corps avait été démembré au sein du consulat saoudien d’Istanbul, en 2018. Il aurait également été à l’origine d’une campagne qui avait visé à compromettre les partisans d’une taxe sur les sodas, au Mexique, et du piratage du téléphone d’un dissident arabe – un incident qui avait précipité une remise à jour du système d’opération d’Apple.
Amnesty International, organisation basée à Londres, et d’autres militants de la défense des droits humains, ont porté plainte contre le NSO Group à Tel Aviv pour obliger le ministre de la Défense israélien à révoquer le permis d’exportation accordé à la firme. Amnesty a fait savoir que le logiciel-espion avait été utilisé dans des « attaques effrayantes contre les défenseurs des droits humains dans le monde entier ».
Samedi, le directeur-général de Facebook Mark Zuckerberg a évoqué lui-même la plainte déposée au nom de son entreprise contre le NSO Group, clamant que la firme israélienne aurait ainsi l’opportunité de se défendre devant les tribunaux.
« Ils peuvent se défendre devant la cour si ce qu’ils font est légal », a-t-il déclaré, selon le Guardian, alors qu’il répondait à une question posée par un journaliste de Ynet.
« Mais notre point de vue est que personne n’aurait dû tenter de pirater une application utilisée, par le passé, par des milliards de personnes dans le monde pour communiquer en toute sécurité », a-t-il ajouté.