La justice saisie contre le député LFI Thomas Portes
Le député d'extrême gauche est accusé d'avoir donné en pâture l'identité d'un jeune Juif français, l'accusant de crimes à Gaza alors même qu'il ne s'est jamais rendu dans la zone
Caroline Yadan, députée Renaissance de Paris, et de nombreux autres députés de son groupe ont adressé vendredi un signalement à la Procureure de Paris contre Thomas Portes, député France insoumise de Seine-Saint-Denis.
La semaine dernière, ce dernier a partagé l’identité d’un jeune Juif français, l’accusant de « tortures » contre des Palestiniens à Gaza, alors même qu’il ne s’est jamais enrôlé dans Tsahal et n’est jamais allé à Gaza.
L’homme et sa famille ont ensuite reçu de nombreuses menaces de mort et insultes et ont été placés sous protection judiciaire.
Le texte des députés dénonçait aussi Rima Hassan, candidate LFI aux Européennes, et Taoufiq Tahani, président d’honneur de l’Association France Palestine Solidarité, pour les mêmes faits.
Nous, députés, avons décidé de procéder à un signalement auprès du Procureur de la République sur le fondement de l’article 40, à la suite des agissements inacceptables de notre collègue, @Portes_Thomas.
On ne peut impunément diffuser la haine des Juifs en France. Ce député… pic.twitter.com/E0fFfHwgq9
— Caroline Yadan (@CarolineYADAN) March 22, 2024
« Leurs propos sont susceptibles de constituer une infraction de provocation à la haine ou à la violence à l’encontre d’un groupe de personnes à raison de l’origine, de la religion, de l’ethnie, de la prétendue race », écrivent les députés. « Pour rappel, l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse précise que : ‘Ceux qui, par l’un des moyens énoncés à l’article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement.’ »
« Les propos tenus par Monsieur Thomas Portes, élu de la République, ou repostés par Madame Rima Hassan […] (tous les deux très visibles sur les réseaux sociaux) sont particulièrement inquiétants et choquants. En véhiculant une fausse information, qui a, semble-t-il, entrainé des menaces de mort à l’encontre de la personne visée, ils menacent l’ordre public et propagent la haine anti-Juifs, à l’heure où le nombre d’actes antisémites a considérablement augmenté en France, notamment depuis le 7 octobre 2023. »
Vendredi, alors que la polémique montait, Thomas Portes, qui pourrait faire face à de lourdes sanctions, avait lui aussi émis un communiqué dans lequel il annonçait supprimer son tweet dénonciateur. Il a dans le même temps dénoncé une « campagne de diffamation et de cyberharcèlement insupportable » à son encontre, « relayée par les partisans français du gouvernement d’extrême droit israélien ». « Je n’ignore pas qu’elle vise avant tout à détourner l’attention des crimes perpétrés par l’armée israélienne », a-t-il ajouté, avec un certain ton mensonger et complotiste.
L’action du député a notamment été dénoncée par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF).
Jeter des juifs en pâture en propageant des fakes news : telle est la méthode de @FranceInsoumise
Cette fois @Portes_Thomas dévoile le nom d’un jeune juif prétendument auteur de crime à Gaza, où il n’est pourtant jamais allé.
Soutien à luihttps://t.co/htXTgLsark
— UEJF (@uejf) March 21, 2024
L’extrême gauche française et La France insoumise en particulier sont depuis très longtemps accusés d’antisémitisme. Plusieurs responsables LFI font aussi l’objet d’accusations d’apologie du terrorisme, après qu’ils ont semblé légitimer et justifier les attaques du 7 octobre 2023 en Israël et refusé de qualifier le Hamas de groupe terroriste. Le parti a en outre multiplié les provocations sur ces thématiques ces derniers mois. La semaine dernière, le Times of Israel a rapporté que deux députés de la Nupes, liés à LFI et au Parti communiste, étaient proches du militant antisémite et suprémaciste noir Kémi Séba.