La Knesset ouvre sa session d’été sur fond de polémique sur l’exemption des Haredim
Mécontent de l'échec du gouvernement à adopter un projet de loi rétablissant l'exemption de service militaire pour les ultra-orthodoxes, Yahadout HaTorah ne se considère plus lié par la discipline de la coalition

Après un mois de congé à l’occasion de Pessah, de Yom HaShoah, Yom HaZikaron et Yom HaAtzmaout, la Knesset a entamé lundi sa session parlementaire d’été.
Cette nouvelle session, qui se poursuivra jusqu’au 27 juillet, devrait être marquée par de vives discussions sur les exemptions de service militaire accordées aux ultra-orthodoxes – ou Haredim -, alors que des dizaines de milliers de réservistes sont à nouveau mobilisés en vue d’une nouvelle opération militaire de l’armée israélienne dans la bande de Gaza.
Mécontent de l’échec du gouvernement à adopter un projet de loi rétablissant l’exemption de service militaire pour les étudiants en yeshiva, le parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah a fait savoir qu’il ne se considérait plus lié par la discipline de la coalition.
Les partenaires ultra-orthodoxes de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont fait pression pour que soit adoptée une loi régularisant les exemptions militaires pour les étudiants en yeshiva et d’autres membres de la communauté haredi, après que la Haute Cour a statué en juin dernier que ces dispenses, en vigueur depuis des dizaines d’années, étaient illégales car sans fondement législatif.
En dépit des assurances données par le Premier ministre à ses alliés haredim, le projet de loi – qualifié de « loi d’évitement » par ses détracteurs est longtemps resté bloqué à la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, présidée par le député Yuli Edelstein (Likud), qui a déclaré ne vouloir « produire qu’une véritable loi sur la conscription, susceptible d’augmenter significativement les effectifs de Tsahal ».
Les exemptions générales de conscription pour les ultra-orthodoxes sont devenues extrêmement impopulaires, même au sein de la coalition, compte tenu de la pénurie d’effectifs au sein de Tsahal dans le cadre de la guerre en cours et de la pression qu’elle a exercée sur la société israélienne.

La faction hassidique Agudat Yisrael des partis Yahadout HaTorah et Shas, l’autre parti haredi de la coalition, avait déjà menacé de faire tomber le gouvernement en s’opposant au budget de l’État 2025 sur la question de l’enrôlement, avant de faire marche arrière et de voter en faveur du budget.
Après l’adoption du budget, à la fin du mois de mars, le site d’information ultra-orthodoxe Kikar HaShabbat avait rapporté que le rabbin hassidique de Gur avait demandé au chef de Yahadout HaTorah, Yitzchak Goldknopf, de signer un plan alternatif, proposé par Degel HaTorah, visant à accroître la pression sur Netanyahu.
Ce plan prévoyait que l’ensemble du parti Yahadout HaTorah menace de quitter le gouvernement si une loi sur les exemptions n’était pas adoptée dans un délai de trois mois.
La semaine dernière, Edelstein a affirmé que la commission qu’il préside était sur le point de finaliser un projet de loi réglementant l’enrôlement des ultra-orthodoxes.

L’armée a récemment déclaré qu’elle était confrontée à une grave pénurie de main-d’œuvre et qu’elle avait actuellement besoin de près de 12 000 nouveaux soldats, dont 7 000 seraient des troupes de combat.
Actuellement, environ 70 000 hommes haredi âgés de 18 à 24 ans remplissent les conditions requises pour effectuer leur service militaire, mais ne le font pas. À la suite de la décision de la Cour suprême de juin, Tsahal a envoyé 18 915 ordres de conscription aux membres de la communauté ultra-orthodoxe en plusieurs vagues depuis juillet 2024, mais, selon l’armée, seuls 232 de ceux qui ont reçu ces ordres se sont effectivement enrôlés, dont 57 dans des unités de combat.