La maison de Smotrich serait construite sur un terrain palestinien privé (média)
De nouvelles photos montrent que la maison du député de HaBayit HaYehudi, initiateur de la loi de Régulation, se situe en dehors du terrain de l’Etat, selon la Deuxième chaîne

La maison du député Bezalel Smotrich pourrait être construite sur un terrain palestinien en Cisjordanie, ont indiqué différents médias mercredi.
Le député de droite du parti nationaliste religieux HaBayit HaYehudi vit dans l’implantation de Kedumim, mais sa maison serait en fait dans un quartier qui n’est pas considéré comme un terrain appartenant à l’Etat. Des photographies indiqueraient que la parcelle pourrait appartenir à des propriétaires palestiniens.
Smotrich a été l’un des fers de lance de la loi de Régulation, qui vise à empêcher des démolitions de maisons israéliennes en Cisjordanie construites sur des terrains palestiniens privés.
La Knesset a adopté cette loi le mois dernier, qui permettra de légaliser des milliers de logements en Cisjordanie, une mesure qui a été largement condamnée et sera probablement combattue devant les tribunaux.
Avichai Mandelblit, le procureur général d’Israël, a par ailleurs indiqué officiellement mercredi à la Haute cour de Justice qu’il ne défendrait pas la loi.
Smotrich habite dans le quartier Givat Rashi de Kedumim, qui ne repose pas sur un terrain public, selon l’agence gouvernementale de la terre, chargée de ces sujets.

La propriété terrienne en Cisjordanie est définie sur la base des lois de la période ottomane, selon lesquelles le un terrain qui n’est pas possédé légalement mais utilisé pendant des années pour l’agriculture peut être revendiqué légalement. Des photographies aériennes des années 1970, 1990 et du début des années 2000 montrent que le terrain où se trouve à présent la maison de Smotrich était planté d’arbres et cultivé.
Saker Subhi Obad, l’ancien dirigeant du village palestinien voisin de Kedumim, a dit à Haaretz qu’il ne savait plus qui étaient les propriétaires de la parcelle, et qu’il pensait qu’ils ne vivaient plus dans la région, car ils auraient sinon porté plainte. Il a indiqué avoir contacté l’association Yesh Din pour l’aider à retrouver les propriétaires.
Dror Etkes, de l’association anti-implantation Kerem Navot, a critiqué Smotrich pour avoir poussé un projet de loi qui légaliserait de manière rétroactive sa propre maison.
« Sa maison est aussi construite sur un terrain palestinien, a déclaré Etkes, et il sera l’une des personnes qui bénéficiera de cette loi. »
Tamar Zandberg, députée du parti de gauche Meretz, a fait écho aux déclarations d’Etkes.

Les députés vivant en Cisjordanie comme Smotrich « préfèrent s’occuper de leur propre maison construite sur un terrain volé en-dehors des frontières de l’Etat que d’un futur durable pour Israël », a-t-elle déclaré sur Twitter.
En réponse aux critiques qui ont suivi le reportage de la Deuxième chaîne, Smotrich a affirmé que la chaîne avait censurée une partie de sa réponse. Il a déclaré sur Twitter que « les seuls qui ont un conflit d’intérêt sont les journalistes qui tentent de représenter les Palestiniens afin d’expulser les Juifs. Mais dans ces cas de haine de soi, aucune loi de régulation ne peut aider. »
La loi de régulation, qui devrait geler les procédures de démolition des maisons construites illégalement en Cisjordanie a été adoptée par 60 votes contre 52.
Pour toute structure construite de bonne foi, c’est-à-dire, si les propriétaires ne savaient pas que la maison était bâtie sur un terrain privé, l’Etat pourra saisir le terrain à ses propriétaires palestiniens en échange d’une compensation d’une valeur légèrement supérieure à celle du terrain sur le marché, déterminée par un comité gouvernemental israélien mis en place à cet effet.
La loi a été très critiquée, notamment par Mandelblit, qui a prévenu que ce serait la première fois qu’une loi israélienne affirme explicitement le soutien du gouvernement aux implantations, et qu’elle nuisait ouvertement aux droits à la propriété des Palestiniens en Cisjordanie, en violation des protections accordées aux populations occupées par la quatrième Convention de Genève.