La représentation du Québec à Tel Aviv doit ouvrir cet été
Dans une tribune publiée ce lundi, plusieurs professeurs de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal ont dénoncé une "grave erreur diplomatique"
Le directeur du Bureau du Québec à Tel Aviv, Alik Hakobyan, devrait s’installer à temps plein en Israël à partir de cet été, comme le souhaite la ministre québécoise des Relations internationales, Martine Biron.
« Les choses se sont placées, l’économie a repris, les signaux d’un désir de reprendre les affaires économiques étaient là […] Alors, il a été convenu que notre chef de bureau commencerait à entrer sur place pour aller voir comment les choses se passent, peaufiner ses contacts, ouvrir cet espace-là », a-t-elle affirmé à l’Assemblée nationale québécoise en avril.
Le bureau se trouve dans l’ambassade du Canada à Tel Aviv. Il s’agit de la 35e représentation du Québec à l’étranger. Alik Hakobyan, nommé à ce poste en septembre 2023, a fait plusieurs allers-retours entre Montréal et Tel Aviv ces derniers mois.
« Si la sécurité le permet, il va s’installer, avec sa famille, au cours de l’été 2024 », a-t-elle dit. « C’est l’idée derrière cette nomination. C’est qu’il soit basé en Israël, à demeure. »
Mais plusieurs professeurs de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal ont dénoncé ce qu’ils ont appelé une « grave erreur diplomatique » dans une tribune publiée par le journal Le Devoir ce lundi. Le texte a été signé par Francis Dupuis-Déri, Anne-Marie D’Aoust, Simon Hogue, Justin Massie, Nora Nagels, Dan O’Meara, Geneviève Pagé et Vincent Romani. Ils appellent tous à « renoncer à ce projet ».
« Si l’annonce de nouveaux liens diplomatiques avec ce pays fait régulièrement l’objet de questionnements et de polémiques depuis des décennies, ce choix est encore plus discutable dans le contexte actuel », ont-ils notamment écrit.
Des députés ont aussi appelé à la suspension de cette ouverture, et un parti, Québec solidaire (gauche), a même lancé une pétition pour demander sa fermeture. « La prudence, c’est de suspendre le déploiement du Bureau du Québec à Tel Aviv puisque le conflit armé fait rage et qu’il y a des dizaines de milliers de victimes civiles. Comment la ministre peut-elle prévoir une date de déploiement sur le terrain du directeur du Bureau du Québec à Tel Aviv dans un tel contexte ? », a ainsi demandé le député Pascal Paradis.
La mission d’Alik Hakobyan sera notamment de se « faire des contacts » économiques sur place. « Nous ne sommes pas en Israël pour des questions politiques », a expliqué Mme Biron.
En août 2023, au moment de l’annonce de l’ouverture du bureau, Martine Biron avait expliqué que cette nouvelle représentation devrait générer plusieurs retombées, dont le renforcement des relations gouvernementales et institutionnelles dans les domaines de la recherche et de l’innovation.
Selon Radio-Canada, le Québec a observé en Israël un « écosystème d’innovation dynamique, faisant du pays l’un des plus innovants et avancés du monde sur le plan technologique ».
Le Québec et Israël entretiennent des relations depuis plus de 60 ans, et des ententes de coopération ont été signées entre les gouvernements du Québec et d’Israël en 2007 et en 2017. Ils concernent notamment une coopération multisectorielle et un développement de la coopération en recherche industrielle et en innovation technologique. Les deux alliés entretiennent aussi des liens de coopération universitaire et académique.