La sanction US contre Azaria est un geste de « politique intérieure » – responsable israélien
La désignation de l'ex-soldat - condamné pour avoir tué un terroriste blessé il y a 8 ans - traduit un manque de confiance dans le système judiciaire israélien, selon ce responsable
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
La décision américaine de sanctionner un ancien soldat de l’armée israélienne emprisonné pour avoir tué un terroriste palestinien en 2016 a été motivée par des raisons politiques, a déclaré jeudi un responsable israélien au Times of Israel.
Les sanctions visant Elor Azaria font partie de l’effort plus large de l’administration Biden pour promouvoir la responsabilité pour les actes de violence répétés contre les Palestiniens en Cisjordanie par des extrémistes israéliens qui ont longtemps bénéficié d’une impunité écrasante.
Le ciblage d’Azaria a surpris Israël, car le crime qu’il a commis a eu lieu il y a huit ans et parce qu’il a été jugé et condamné par un tribunal militaire, selon le responsable israélien qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat.
« On nous a toujours dit que la politique des États-Unis était basée sur la nécessité pour Israël de tenir [les extrémistes violents] pour responsables », a déclaré le fonctionnaire. « En d’autres termes, tant qu’Israël s’occupe lui-même de ce problème, les États-Unis n’auront pas à agir. »
« Mais dans le cas d’Elor Azaria, nous parlons de faits qui se sont produits il y a huit ans. Il a été jugé. Il a fait de la prison. Il a été rétrogradé au rang de simple soldat et la justice israélienne s’est occupée de lui. »
Le porte-parole du Département d’État, Matthew Miller, a expliqué mercredi que, contrairement à la politique de restriction des visas déployée par le secrétaire d’État Antony Blinken en décembre et au décret signé par le président Joe Biden en février, Azaria a été désigné en vertu d’une loi distincte de 2020 qui ordonne au secrétaire d’État d’imposer une interdiction de visa aux représentants de gouvernements étrangers qui ont commis des violations flagrantes des droits de l’Homme.
L’interdiction de visa pour ces personnes est imposée indépendamment du fait que des mesures de responsabilisation aient été prises à leur encontre par les autorités de leurs pays respectifs, a précisé Miller.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles l’administration procédait à cette désignation huit ans après les faits, le porte-parole du Département d’État a déclaré que son bureau avait « examiné de manière approfondie ces derniers mois l’augmentation de la violence en Cisjordanie » et pris des « mesures de responsabilisation » face à l’accélération des attaques de résidents d’implantations depuis le 7 octobre.
Mais le responsable israélien qui s’est adressé au Times of Israel n’était pas convaincu.
« La décision de sanctionner Azaria à ce moment précis traduit un manque de confiance dans le système judiciaire israélien, contrairement à tout ce que l’administration dit à Israël », a poursuivi le fonctionnaire, faisant apparemment référence à la pression que Biden a subie de la part des progressistes critiques à l’égard d’Israël à l’approche de l’élection présidentielle.
« Je ne peux que conclure que cette décision a été motivée par des considérations de politique intérieure », a ajouté le fonctionnaire israélien.
L’incident de 2016 a révélé les profondes divisions de la société israélienne sur les activités de Tsahal en Cisjordanie, certains – principalement à droite – estimant qu’Azaria s’est comporté de manière héroïque en tuant le terroriste palestinien, tandis que d’autres ont déclaré qu’il avait enfreint la loi et méritait une peine plus sévère que celle qui lui a été infligée.
Azaria a été condamné à 18 mois de prison, mais n’en a purgé que neuf.
Plusieurs mois après sa libération, il a déclaré dans une interview qu’il ne regrettait pas l’incident et il a continué à manifester pour soutenir les soldats accusés d’avoir passé à tabac des suspects palestiniens.