La tentative de meurtre d’une femme blessée par 15 balles classée sans suite
Lamis Abu Laban, une résidente de Lod, mère de 3 enfants, aurait fui le pays, craignant pour sa sécurité ; son ex-mari et son frère ont été interrogés mais relâchés, faute de preuve
Neuf mois après qu’une mère de trois enfants a été visée et touchée par 18 balles et qui, contre toute attente, a survécu, l’État a classé l’affaire de tentative de meurtre en invoquant le manque de preuves, selon les médias israéliens.
Lamis Abu Laban, 26 ans, mère de trois enfants et récemment divorcée de son mari violent, a été la cible d’assaillants masqués alors qu’elle se rendait en voiture au domicile de ses parents, une nuit de février. Elle a été touchée par 15 des 18 balles tirées.
Après de multiples opérations chirurgicales et un long rétablissement, Abu Laban a été placée sous protection, et a déclaré qu’elle changeait d’appartement tous les deux mois par mesure de sécurité.
La police a arrêté et interrogé l’ex-mari d’Abu Laban ainsi que son frère dans les semaines qui ont suivi la fusillade, mais ils ont finalement été relâchés sans être inculpés.
La chaîne publique israélienne Kan a déclaré qu’Abu Laban n’avait pas été informée par les procureurs que l’affaire était close.
La chaîne a également indiqué que la jeune mère avait depuis quitté Israël, laissant ses enfants à des membres de sa famille à Lod, par crainte pour sa sécurité.
En août, Abu Laban avait déclaré, lors d’une interview à la Douzième chaîne, qu’elle ne pensait pas que la police ni le gouvernement en faisaient assez pour la protéger.
« Mon cas est douloureux. Dix-huit balles et je suis toujours en vie », avait-elle déclaré à l’époque. « J’ai toujours eu l’impression que quelque chose allait m’arriver un jour », avait-elle ajouté. « J’avais un pressentiment, mais je ne m’attendais pas à ça. »
Elle avait déclaré qu’elle ne pouvait pas travailler en raison de sa santé physique et mentale, ainsi que pour des raisons de sécurité.
« Ils devraient m’appeler et venir me voir, mais ils ne le font pas. Ils ne demandent pas de mes nouvelles, ils ne décrochent pas le téléphone », avait-elle déclaré, ajoutant qu’elle avait le sentiment que l’État l’a négligée.
« Je n’ai rien reçu du Bituach Leumi (l’Institut national d’assurance). Ils ne comprennent pas ce que je vis. Je vis dans la peur. J’ai traversé quelque chose d’assez difficile et je veux que l’État le reconnaisse. Je ne me sens plus en sécurité », avait déclaré Abu Laban.
Les militants se plaignent depuis longtemps que l’on ne fait pas assez pour prévenir la violence contre les femmes en Israël, en particulier dans les cas déjà connus des autorités.
La violence domestique en Israël est en augmentation, selon les chiffres publiés la semaine dernière par le ministère des Affaires sociales.
De plus, les données, qui ont été transmises la semaine dernière par le Centre d’information et de recherche de la Knesset, ont montré que l’augmentation des violences conjugales ne se reflétait pas seulement dans la hausse du nombre de plaintes – mais dans la diminution du nombre des mises en examen. Ces données se sont basées sur les chiffres de la police.
Le rapport a souligné un écart dans le nombre des mises en examen et des condamnations dans les dossiers impliquant des femmes juives ou des femmes arabes.
Sur les 35 féminicides qui ont eu lieu dans la communauté arabe israélienne entre 2020 et 2022, il y a eu 16 mises en examen, contre 18 inculpations pour les 25 féminicides dont les victimes étaient juives.