Israël en guerre - Jour 649

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L’ancien otage Iaïr Horn ressent encore le poids de sa captivité à Gaza

L'ex-otage de 46 ans est comme absent de sa propre vie, explique sa belle-sœur Dalia Cusnir, pilier de cette famille qui attend la libération de l'autre frère, Eitan Horn

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

L'ex-otage Iaïr Horn s'exprimant lors d'un rassemblement, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 28 mai 2025. (Crédit : Paulina Patimer/Forum des familles des otages et des disparus)
L'ex-otage Iaïr Horn s'exprimant lors d'un rassemblement, sur la Place des Otages, à Tel Aviv, le 28 mai 2025. (Crédit : Paulina Patimer/Forum des familles des otages et des disparus)

Il y a désormais presque quatre mois que l’ancien otage Iaïr Horn a été libéré après 498 jours de captivité à Gaza. Il se sent toujours un peu absent de sa vie quotidienne, a déclaré sa belle-sœur Dalia Cusnir.

Cusnir est la femme d’Amos Horn, le deuxième des trois frères Horn. Elle est l’un des principaux porte-parole de la famille depuis que ses deux beaux-frères Iaïr et Eitan ont été enlevés le 7 octobre 2023 au kibboutz Nir Oz.

Iaïr a été relâché en février dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu. Son frère Eitan est toujours prisonnier du Hamas à Gaza.

Mercredi, Cusnir et sa belle-mère Ruti Strum ont représenté leur famille lors d’une rencontre avec le président argentin Javier Milei, en visite officielle en Israël pour la deuxième fois. D’autres proches d’otages israélo-argentins étaient également présents.

Si l’ancien otage Yarden Bibas a assisté à cette réunion, Iaïr Horn, lui, était absent.

« Il ne se sent pas vraiment présent, avec nous, et il le répète sans arrêt », a rapporté Cusnir. « Il dit ‘Je ne suis pas là, mon cœur et mon cerveau sont ailleurs’, et son regard se perd dans le vide même pendant que nous parlons. Il se sent coupable d’être de retour alors qu’Eitan et les autres prisonniers avec qui il a partagé sa captivité sont toujours retenus là-bas. »

Iaïr Horn, 46 ans, est originaire d’Argentine. Il a immigré en Israël, puis s’est installé au kibboutz Nir Oz en 2014. Il a travaillé comme éducateur, puis dans les installations du kibboutz, et gérait notamment le pub sur place.

Le président argentin en visite Javier Milei rencontre d’anciens otages et des proches de victimes du Hamas, le 11 juin 2025. (Crédit : Bureau du Président argentin via X)

La famille Horn a immigré d’Argentine en Israël au cours des 30 dernières années. Iaïr et Amos sont arrivés les premiers. Tous deux ont intégré les rangs de Tsahal à l’âge de 18 ans. Leur frère cadet, Eitan, éducateur auprès des jeunes, les a rejoints, suivi des parents, divorcés depuis longtemps.

En octobre 2023, Eitan Horn, qui vivait à Kfar Saba, s’était rendu à Nir Oz pour y passer un week-end de vacances avec son frère Iaïr lorsque les terroristes du Hamas ont envahi le kibboutz et capturé les deux hommes, ainsi que 74 autres membres de la communauté.

Au matin du 7 octobre 2023, plus de 500 terroristes palestiniens ont envahi par surprise cette communauté frontalière de Gaza. L’armée, face au chaos causé par cette attaque choc visant simultanément des dizaines de villes et de postes militaires, n’a pas pu porter secours aux habitants, permettant aux terroristes de brutaliser, massacrer et kidnapper de nombreux civils.

Le 7 octobre, les premiers soldats sont arrivés à Nir Oz environ 40 minutes après le départ du dernier terroriste.

Au total, 47 personnes – 41 résidents et 6 festivaliers fuyant une rave voisine – ont été tuées dans le kibboutz au cours de l’assaut. Les terroristes en ont enlevé 76 autres, 67 vivantes et 9 mortes dès ce jour-là, soit à Nir Oz, soit sur le trajet vers Gaza, soit dans la bande elle-même.

Sur les 67 otages vivants, 13 ont été tués dans la bande de Gaza pendant la guerre. Aujourd’hui, 4 otages seraient en vie et les dépouilles de 5 autres sont encore entre les mains des terroristes à Gaza. Quarante-neuf ont été relâchés et les corps de 18 ont été rapatriés en Israël.

Eitan Horn, David Cunio, Ariel Cunio et Matan Zangauker sont les seuls otages du kibboutz Nir Oz encore en captivité et vivants.

Les frères Iaïr (à gauche) et Eitan Horn dans une vidéo de propagande du Hamas avant la libération de Yaïr le 15 février 2025. (Crédit : Capture d’écran)

« Même si Eitan revenait demain, Iaïr continuerait à avoir l’impression d’être là-bas, avec eux », a fait savoir Cusnir. « Il dit ‘J’étais là, je sais ce que c’est’ et il le ressent très vivement. »

Une fois libéré, Horn voulait absolument rencontrer des élus israéliens, a expliqué Cusnir. Peut-être, pensait-il, qu’ils ne comprenaient pas réellement ce que représentait le fait d’être prisonnier du Hamas. Il croyait que s’il pouvait parler aux élus des conditions de captivité, alors ils intensifieraient leurs efforts pour négocier pour le salut des otages.

« C’était un peu naïf de sa part », a poursuivi Cusnir.

Les élus israéliens ayant refusé de le rencontrer, Cusnir et Horn se sont tournés vers les États-Unis à plusieurs reprises, espérant que l’administration Trump pourrait faire avancer les négociations.

Durant l’un de ces voyages, Horn a rencontré d’anciens otages comme Naama Levy, Omer Shem Tov, Keith Siegel et Aviva Siegel, Eli Sharabi et Doron Steinbrecher. Apprendre que ces jeunes femmes et hommes étaient restés si longtemps prisonniers du Hamas l’a profondément bouleversé.

« Nous pensons que les otages se connaissent entre eux, mais ce n’est pas le cas, au moins au début », a ajouté Cusnir.

« Quand Iaïr a vu Omer et Naama, il a demandé ‘Qui est-ce ? Quel âge ont-ils ?' », a indiqué Cusnir. « Il n’arrivait pas à croire que des jeunes comme Naama, qui avait environ 19 ans et Omer, âgé d’à peine une vingtaine d’années, avaient pu être otages pendant si longtemps. »

« Il a dit ‘J’ai 46 ans. Naama est une jeune femme. Pourquoi est-ce qu’elle n’a pas été libérée dès le premier échange ? Comment Israël a-t-il pu laisser une telle chose arriver ?' », a raconté Cusnir.

Le président américain Donald Trump écoute les otages libérés Keith Siegel, Aviva Siegel et Iaïr Horn s’adresser au « Dîner du président » du comité du Congrès national républicain, du Musée national de Washington, le 8 avril 2025. (Crédit : Saul Loeb/AFP)

Iaïr Horn est un homme altruiste et généreux, a précisé sa belle-sœur. Quand il était prisonnier dans les tunnels, a ajouté Cusnir, il s’inquiétait pour les autres et prenait soin d’eux.

« C’est pour ça qu’il a besoin de voir les autres otages être libérés », a-t-elle déclaré.

Selon les Horn, seule une solution diplomatique résultant de négociations avec les terroristes du Hamas – et non la guerre actuelle à Gaza – permettra de ramener les otages restants chez eux.

« Ce que nous avons compris, c’est qu’il existe un  moyen de les ramener et que si l’armée essaie de les sauver, alors ils seront tués », a continué Cusnir. « Nous appartenons à la grande majorité d’Israëliens qui refuse qu’un soldat puisse se blesser, même légèrement, en tentant de sauver notre famille. »

« Nous ne voulons plus voir de soldats ni de Gazaouis se faire tuer », a-t-elle déclaré. « Nous ne voulons pas de cette situation. Il faut trouver une solution diplomatique. »

Le mari de Cusnir, Amos Horn, était persuadé que ses frères avaient tous deux été tués le 7 octobre au cours l’attaque terroriste du Hamas, et que quelqu’un allait venir lui annoncer leur mort.

L’ex-otage Iaïr Horn (de dos) enlaçant son frère Amos et sa mère Ruth Strom, dans un centre militaire près de la frontière de Gaza, le 15 février 2025. (Crédit : Armée israélienne)

Cusnir et Amos ont rapidement appris que les deux frères avaient été pris en otage. Le Hamas, a l’occasion du cessez-le-feu, fin novembre 2023, a relâché 105 otages. Plusieurs ont ramené des preuves que les deux frères Horn, détenus avec d’autres membres de Nir Oz, étaient encore en vie.

Iaïr Horn avait intégré le kibboutz Nir Oz en 2014. Il s’était installé dans sa nouvelle maison au premier jour de l’opération Bordure protectrice, durant la guerre de Gaza de 2014. Il se trouvait à bord de la voiture de son frère Amos ce jour-là, en direction du sud et de Gaza, doublant des chars sur l’autoroute.

« À son arrivée au kibboutz, ils lui ont dit : ‘Écoute, ce n’est pas un jour idéal pour emménager’. Mais il a répondu : ‘Je suis là, et je vais cuisiner.’ C’est un bon exemple de sa personnalité », a rapporté Cusnir.

Cusnir continue de représenter la famille de son mari, dont elle est le porte-parole. À ce titre, elle s’est rendue plus d’une dizaine de fois aux États-Unis au cours des 20 derniers mois. Elle est également membre de l’Agence juive depuis 15 ans, où elle exerce la fonction de responsable des Expériences immersives.

« Voilà ce que je fais », a-t-elle indiqué. « Pour moi, c’est indispensable. Je le ferais même s’ils n’étaient pas mes beaux-frères. C’est la plus grande bataille que doit livrer Israël, c’est une bataille pour notre sécurité et pour celle de nos enfants. »

« C’est une bataille qui concerne tous les citoyens israéliens », a-t-elle poursuivi. « Nos plus grandes forces, ce sont notre peuple et nos valeurs, et nous n’avons perdu ni l’un, ni les autres. Le message que je porte ne concerne pas seulement Eitan, il concerne l’avenir de ce pays. »

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