Israël en guerre - Jour 426

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L’annulation d’expulsion des migrants suspendue peu après son annonce

Netanyahu a indiqué entendre "les habitants du sud de Tel Aviv" et dit qu'il réexaminera l'accord permettant à 16 000 migrants africains de rester

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu parle à la presse dans son bureau de Jérusalem, le 2 avril 2018 (AFP PHOTO / Menahem KAHANA)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu parle à la presse dans son bureau de Jérusalem, le 2 avril 2018 (AFP PHOTO / Menahem KAHANA)

Lors d’une volte-face spectaculaire, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annoncé lundi dans la soirée qu’il gelait un nouvel accord passé avec l’agence des réfugiés de l’ONU, le HCR, qui aurait permis à des milliers de migrants africains de bénéficier d’un statut temporaire en Israël – quelques heures après avoir annoncé cette convention adoptée entre les deux parties.

« Je vous entends, et en particulier vous, les habitants du sud de Tel Aviv », a dit Netanyahu dans un post en hébreu dans un contexte de critiques croissantes sur cette tractation passée avec l’instance internationale.

« Pour le moment, je suspends l’accord », a-t-il ajouté, notant qu’il rencontrerait le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri et les résidents du sud de Tel Aviv, où vivent de nombreux migrants, avant de le reprendre en considération.

C’était la troisième déclaration sur le sujet en quelques heures.

Dans l’après-midi, lors d’une conférence de presse aux côtés de Deri, Netanyahu avait salué le plan, disant qu’il permettrait aux migrants africains en Israël d’être réinstallés dans des pays occidentaux « développés » tandis qu’un nombre similaire bénéficierait d’un statut temporaire de résident.

« Cet accord permettra le départ d’au moins 16 250 migrants africains vers des pays développés comme le Canada ou l’Italie », avait déclaré Netanyahu sans donner plus de détails. D’autres informations avaient spécifié que les Etats-Unis et la Suède accueilleraient également un certain nombre d’entre eux.

L’allocution télévisée de Netanyahu avait suivi une annonce gouvernementale spécifiant qu’il avait annulé un plan antérieur et controversé prévoyant l’expulsion des migrants et son remplacement par un nouveau, négocié avec les Nations unies, qui permettrait d’envoyer des milliers d’immigrés dans les pays occidentaux.

Netanyahu avait expliqué que le projet d’expulsion des migrants vers le Rwanda et l’Ouganda n’était plus faisable. Il avait souligné que les « contraintes légales et les difficultés politiques du côté de [l’Ouganda et du Rwanda] ont entraîné l’annulation des politiques d’expulsion antérieures ».

Des demandeurs d’asile africains et des militants protestent contre les projets d’expulsion de migrants sur la place Rabin à Tel Aviv le 24 mars 2018. (Miriam Alster/Flash90)

Sous les termes de l’accord, que Netanyahu avait qualifié de « meilleur possible », les demandeurs d’asile restant en Israël seraient dispersés dans des secteurs de tout le pays hors du sud de Tel Aviv, a-t-il indiqué. Netanyahu avait juré d’accorder la priorité à la réhabilitation du sud de Tel Aviv ainsi que de mettre en oeuvre l’accord international.

Dans une vidéo parue sur Facebook suite à sa déclaration à la presse, Netanyahu avait expliqué que les migrants qui seraient autorisés à rester dans le pays partiraient de Tel Aviv et seraient envoyés dans des kibbutzim, des villages agricoles, et d’autres communautés.

Le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies avait confirmé l’accord dans une déclaration disant « qu’un groupe de travail conjoint sera établi avec une série d’objectifs et un calendrier pour mettre en oeuvre des solutions pour environ 39 000 personnes sur cinq ans ».

« Sous les termes de l’accord, le HCR, avec le soutien des pays récepteurs, oeuvrera à faciliter le départ vers des pays tiers qui restent à déterminer de 16 000 Erythréens et Soudanais sous les termes de programmes variés, notamment des parrainages, des réinstallations, des regroupements familiaux et des schémas migratoires économiques tandis que les autres bénéficieront d’un statut légal adapté en Israël », avait fait savoir le communiqué.

Le projet d’expulsion antérieur, qui offrait à chaque migrant la somme de 3 500 dollars et un billet d’avion, avait été condamné par les militants israéliens et l’ONU qui l’avaient considéré comme désordonné, médiocrement exécuté et peu sûr. Des demandeurs d’asile expulsés dans le passé avaient expliqué au Times of Israel qu’ils avaient dû affronter de graves dangers et même l’emprisonnement après être arrivés en Afrique sans les documents appropriés.

La Cour suprême avait gelé les expulsions à la mi-mars à la suite d’une plainte.

Après que le nouvel accord passé avec les Nations unies a été annoncé, lundi, une militante du Sud de Tel Aviv très investie dans les campagnes d’expulsion de tous les migrants avait rejeté ce plan et indiqué que son combat ne cesserait pas.

« L’accord est une honte pour Israël et un résultat direct de l’échec total des politiques gouvernementales », avait estimé Sheffi Paz. « Cette proposition a été présentée aux chefs des campagnes d’activisme comme un fait accompli et comme une ‘victoire’, avec cette attente que nous donnerions notre approbation. Les résidents de Tel Aviv continueront leur campagne ».

La convention avait également été vivement critiquée par plusieurs hauts-membres du parti du Likud tandis que le responsable de la formation HabaYit HaYehudi Naftali Bennett avait averti qu’elle « transformera Israël en paradis pour les infiltrés ».

Le bureau du Premier ministre, dans son communiqué annonçant l’accord, avait fait savoir que la majorité des migrants qui seraient restés sous les termes de la convention auraient de toute manière été éligibles à un statut de résident même sans elle.

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