L’AP accusé d’avoir augmenté le salaire des terroristes emprisonnés
Un responsable palestinien a démenti, expliquant que, si les prisonniers avaient reçu davantage en mai, c’est parce que le salaire de juin leur a été versé en avance

Selon un rapport de Palestinian Media Watch (PMW), organisation non gouvernementale israélienne et groupe de veille des médias palestiniens, le salaire des terroristes palestiniens aurait augmenté de « 11,8 % en 2019 malgré une crise financière auto-infligée » – ce qu’a nié l’Autorité palestinienne.
De janvier à mai 2019, l’AP aurait ainsi versé 234 millions de shekels aux terroristes palestiniens – qu’ils soient emprisonnés ou qu’ils aient été libérés. Une hausse de 11,8 % sur le même laps de temps par rapport à 2018.
« Le rapport reflète la décision de l’Autorité palestinienne de plonger l’économie palestinienne dans une crise et de punir ses fonctionnaires en réduisant leur salaire, tout en garantissant le paiement intégral des salaires aux terroristes », a écrit PMW, qui a consulté le rapport des dépenses de l’AP sur la période, publié récemment, pour en tirer ses conclusions.
Hassan Abd Rabbo, porte-parole de la Commission des affaires des prisonniers de l’Autorité palestinienne, a nié la hausse de salaire. « Nous nions catégoriquement ces accusations. Nous n’avons pas augmenté nos paiements de cette manière », a-t-il déclaré.
Selon le responsable, la hausse s’expliquait par des « raisons techniques » : les salaires de juin auraient été payés en mai. Il a affirmé que les prisonniers et leurs proches ne recevraient pas de nouveau paiement en juin.
Abd Rabbo a expliqué que PMW avait mal interprété les chiffres élevés du mois de mai.
Maurice Hirsh, co-auteur du rapport de PMW, s’est dit peu convaincu par l’explication.
« J’ai du mal à croire à cette logique », a déclaré Hirsh, soulignant que PMW, qui surveille de près le budget de l’Autorité palestinienne, n’avait jamais vu Ramallah verser un double paiement par le passé.
Il s’est également interrogé sur la raison pour laquelle une telle mesure ne serait pas mentionnée par la presse palestinienne, qui n’a pas rendu compte du double paiement.
L’Autorité palestinienne est actuellement touchée par une crise financière entraînée par la décision israélienne de geler de l’argent issu des taxes collectées pour les Palestiniens à cause des aides versées par l’AP aux prisonniers sécuritaires et aux familles des terroristes tués lors d’attentats.
Israël a commencé à mettre en vigueur cette nouvelle loi au mois de février. Celle-ci autorise le gouvernement à déduire la somme de 11,5 millions de dollars en impôts collectés chaque mois au nom de l’AP.
Selon les responsables israéliens, la somme retenue est équivalente à celle qui est versée par l’AP aux prisonniers incarcérés pour des raisons de sécurité en Israël, notamment aux terroristes, ainsi qu’aux familles de terroristes tués.
L’Etat juif maintient que la politique palestinienne consistant à donner de l’argent aux prisonniers sécuritaires et aux familles des terroristes tués constitue une incitation aux attaques violentes contre les Israéliens.
Les autorités palestiniennes de Ramallah affirment, pour leur part, chercher à fournir des aides sociales aux familles palestiniennes et compenser ce qu’ils qualifient de système judiciaire inéquitable.
Le président de l’AP, Mahmoud Abbas, a protesté contre la loi israélienne, faisant savoir qu’il refuserait dorénavant la totalité de la somme collectée chaque mois par les impôts – elle s’élève à 170-200 millions de dollars et constitue la moitié du budget palestinien.
« Nous ne recevrons pas de fonds partiels », a dit Abbas lors d’une réunion de cabinet du mois d’avril.
Ce conflit, qui s’associe à une perte de plus de 50 % des aides internationales au cours des six dernières années, a plongé les Palestiniens dans la précarité – ce que le ministre des Finances de l’AP, Shukri Bishara, a récemment qualifié de « position financière dangereuse ».
Les Palestiniens ont coupé tous les salaires de l’AP au-dessus de 2 000 shekels et réduit les dépenses opérationnelles. Ils ont également cessé d’octroyer des augmentations et emprunté des dizaines de millions de dollars dans les banques locales.