L’AP : Liberman évoque la solution à 2 états alors que ses bulldozers l’enterrent
Ramallah déclare que le ministre de la Défense ‘se ment à lui-même lorsqu’il pense trouver un partenaire palestinien qui partage son point de vue” ; « Nous avons le droit de nous défendre”, dit le Hamas face à la menace du ministre sur Gaza
L’Autorité palestinienne (AP) et le Hamas ont répondu avec mépris, lundi après-midi, aux propos portant sur le conflit au Moyen-Orient qui ont été tenus par le ministre israélien de la Défense, Avigdor Liberman, lors d’un entretien avec un journal palestinien.
Dans un entretien publié lundi matin dans les colonnes du quotidien palestinien Al-Quds, Liberman a exprimé son soutien en faveur d’une solution à deux états et a accusé le président de l’AP Mahmoud Abbas de reculer face aux prises de décisions nécessaires à la mise en oeuvre de la paix.
Un communiqué de l’AP a indiqué que Liberman “se ment à lui-même lorsqu’il pense pouvoir trouver un partenaire palestinien qui partagera son point de vue”.
L’Autorité palestinienne a également accusé le ministre israélien de “tenter sournoisement de creuser un fossé entre le peuple palestinien et ses dirigeants”, et a maintenu que ses commentaires ressemblent à “un disque rayé”.
L’instance tourne aussi en dérision le soutien apporté par le ministre à une solution à deux états, disant qu’alors même qu’il prononçait ces mots, les “bulldozers de l’occupation” oeuvraient à enterrer les vestiges de cette solution – en référence aux constructions qui continuent dans les implantations de Cisjordanie.
Le Hamas, groupe terroriste palestinien à la tête de la Bande de Gaza, a également répondu sur le même ton à la menace proférée par Liberman selon laquelle le groupe terroriste serait “complètement” détruit dans une future guerre, et son souhait de reconstruire la Bande de Gaza si l’organisation mettait un terme à ses activités militaires contre Israël.
“Nous sommes une population sous occupation”, aurait dit, selon la dixième chaîne, un porte-parole du groupe terroriste.
« Nous avons le droit de détenir des capacités militaires pour nous défendre ».
« Nous n’avons aucune intention d’engager une nouvelle confrontation, mais s’ils imposent une nouvelle guerre à Israël, cela sera la dernière », a dit M. Liberman au quotidien palestinien al-Quds. « Ce sera la dernière confrontation parce que nous les détruirons totalement », insiste-t-il.
Liberman a accordé une rare interview au journal basé à Jérusalem pour s’adresser « directement » aux Palestiniens, dit-il. Il y appelle les Gazaouis, « otages » du Hamas, à faire pression sur celui-ci pour qu’il change de priorités.
Israël s’est battu contre le Hamas à trois reprises entre 2008 et 2014. Le groupe terroriste palestinien gouverne sans partage la bande de Gaza depuis 2007 et aux autres groupes terroristes palestiniens dans l’enclave. Depuis 2014, les deux camps observent un cessez-le-feu tendu.
Des tirs de roquette vers Israël en provenance de Gaza ont régulièrement lieu suivis d’une riposte israélienne.
Lundi, l’aviation israélienne a ainsi frappé une position du Hamas après un tir de roquette venant de l’enclave. L’incident n’a fait aucun blessé.
Liberman, vétéran de la politique connu pour ses diatribes anti-arabes et belliqueuses, a pris le portefeuille de la Défense en mai, permettant au Premier ministre Benjamin Netanyahu de consolider une coalition fragile et achevant de faire du gouvernement l’un des plus à droite de l’histoire d’Israël.
« Nous n’avons aucune intention de déclencher une nouvelle guerre contre nos voisins dans la bande de Gaza, ou en Cisjordanie, au Liban ou en Syrie », deux pays avec lesquels Israël reste techniquement en guerre, affirme Liberman.
Liberman fait miroiter aux deux millions de Gazaouis un autre avenir.
Si le Hamas cesse ses activités hostiles à Israël, « nous serons les premiers à investir dans leur port, leur aéroport et leur zone industrielle », dit-il. « Gaza pourrait devenir un jour une nouvelle Singapour ou une nouvelle Hong Kong », assure-t-il.
« Le moment est venu pour la population gazaouie de dire à leurs dirigeants : ‘cessez vos politiques insensées’ « , a-t-il estimé.