L’AP n’acceptera plus d’aide financière américaine liée à la sécurité
L'AP a dit à Pompeo qu'ils n'accepteraient pas de liquidités jusqu'à la disparition des menaces de plaintes, une mesure qui menace la coopération sécuritaire avec Israël
L’Autorité palestinienne (AP) a informé le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo qu’elle n’acceptera plus d’aides financières américaines dans le secteur de la sécurité dès le début du mois de février, un développement considéré comme un coup porté à la coopération israélo-palestinienne dans ce domaine.
Le Premier ministre de l’AP, Rami Hamdallah, a envoyé un courrier à Pompeo le 26 décembre 2018, disant que l’AP rejetterait tout soutien financier apporté par les Etats-Unis en raison d’une nouvelle législation américaine connue sous le nom de loi de coopération sur l’anti-terrorisme (Anti-Terrorism Cooperation Act, ACTA).
Selon ce texte, les tribunaux américains auront la compétence de juger les affaires impliquant toute partie étrangère accusée de soutenir le terrorisme et acceptant l’aide américaine.
En pratique, les victimes américaines du terrorisme palestinien pourraient ainsi porter plainte contre l’AP et l’OLP devant les magistrats des Etats-Unis pour être indemnisés – potentiellement à hauteur de centaines de millions de dollars – si l’instance de Ramallah devait accepter seulement un centime de l’aide américaine.
« Le gouvernement de Palestine informe respectueusement le gouvernement des Etats-Unis qu’à partir du 31 janvier 2019, il rejettera et ne souhaitera plus accepter toute forme d’assistance référencée dans l’ATCA… Le gouvernement de Palestine fait sans équivoque le choix de ne plus accepter de telles aides », a écrit Hamdallah dans la lettre, ajoutant que l’AP reconsidérerait sa décision si l’ATCA était modifié de telle manière qu’elle puisse protéger l’Autorité palestinienne des plaintes devant les tribunaux.
I got a copy of the letter Palestinian PM @RamiHamdalla sent @SecPompeo renouncing US aid. Under a new anti-terror law, if the Palestinians take this money, it could force them to pay hundreds of millions of $ to compensate families of US victims of Palestinian attacks. 1/3 pic.twitter.com/TT9v5JmqOm
— Daniel Estrin (@DanielEstrin) January 18, 2019
La radio publique nationale avait, pour la première fois, évoqué une lettre vendredi. Saeb Erekat, secrétaire-général du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine, a confirmé samedi à la chaîne Palestine TV que Hamdallah avait envoyé une lettre à l’administration américaine.
Même si l’administration Trump a cessé de verser des centaines de millions de dollars en aide aux Palestiniens en 2018, elle a continué à envoyer une assistance sécuritaire aux forces de sécurité de l’AP.
Au cours de l’année passée, l’administration Trump a envoyé plus de 60 millions de dollars à l’AP en aides sécuritaires.
Les experts ont noté que le refus de l’AP d’accepter cette assistance aurait des répercussions négatives sur la coopération sécuritaire entre l’Etat juif et l’Autorité palestinienne.
« Sans l’aide sécuritaire américaine, l’AP aura moins de ressources pour fonctionner », a commenté dimanche auprès du Times of Israel Jihad Harb, analyste et chercheur palestinien. « Il y aura également moins d’incitations pour continuer la coopération avec Israël dans le secteur de la sécurité. »
« Il est indubitable que ce développement nuira à la relation sécuritaire israélo-palestinienne », a-t-il dit.
Mais Harb a ajouté ne pas penser que la coopération sécuritaire cesserait entièrement. « Je pense que la coopération sécuritaire sera initialement partiellement touchée. A long-terme, on ne peut pas le dire aujourd’hui », a-t-il dit.
La semaine dernière, la Treizième chaîne a fait savoir que le chef d’Etat-major sortant Gadi Eizenkot avait vivement recommandé au gouvernement israélien de renforcer les forces de sécurité de l’AP, notant qu’elles avaient récemment déjoué un attentat terroriste du Hamas en Cisjordanie.
Les responsables de l’AP évoquent depuis longtemps l’engagement des forces de sécurité de l’AP à maintenir la stabilité en Cisjordanie.
« Pour la sécurité, l’élément le plus important est de conserver la zone placée sous notre responsabilité sûre et calme », avait déclaré le chef de la police de l’AP, Hazem Atallah, aux journalistes au mois de novembre 2017 à l’occasion d’un rare point-presse. « Tous ceux qui tentent de détruire la sécurité et la stabilité seront appréhendés et seront arrêtés dans leurs projets… Ce sont les ordres que nous donnons clairement et personne, dans le groupe entier formant les responsables sécuritaires… ne reculera d’un millimètre seulement de cet engagement ».
Début janvier, le quotidien Haaretz a fait savoir qu’au cours des deux derniers mois, l’administration Trump a travaillé avec le Congrès pour amender l’ATCA et permettre à l’AP d’accepter l’aide sécuritaire.
Le journal a néanmoins affirmé que le shutdown gouvernemental en cours aux Etats-Unis avait entravé les efforts de l’administration Trump d’amender la loi, citant deux sources familières du dossier.
Le gouvernement américain est en période de shutdown depuis presque un mois suite à une querelle entre Trump et les démocrates du Sénat concernant un mur frontalier.