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Lapid : disputes internes et mécontentement feront tomber le gouvernement d’ici 2024

Selon l'ancien Premier, Netanyahu est faible et à la merci de ses partenaires : "Il joue avec les membres les plus extrêmes de la société israélienne. Cela ne finira pas bien"

Le chef du parti Yesh Atid, Yair Lapid, s'exprimant lors d'une réunion de sa faction à la Knesset, à Jérusalem, le 2 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le chef du parti Yesh Atid, Yair Lapid, s'exprimant lors d'une réunion de sa faction à la Knesset, à Jérusalem, le 2 janvier 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

L’ancien Premier ministre Yair Lapid a prédit que les dissensions internes et les politiques extrémistes entraîneront la chute du nouveau gouvernement d’ici l’année prochaine et a prévenu que son successeur, Benjamin Netanyahu, était trop faible politiquement pour contrôler ses partenaires extrémistes.

Dans un long entretien accordé dimanche au site d’information Walla et publié vendredi, Lapid a parlé de sa défaite aux élections de novembre et de ses préoccupations concernant la coalition formée par Netanyahu, qui comprend trois factions d’extrême droite et deux partis ultra-orthodoxes aux côtés de son Likud.

Lapid s’est montré optimiste quant à son retour prochain au pouvoir, prédisant que malgré une majorité claire de 64 législateurs à la Knesset de 120 sièges, le gouvernement tomberait d’ici 2024 ou « peut-être même avant ».

« Ils vont se faire tomber eux-mêmes », a-t-il déclaré. « Regardez-les, si quelque chose est pourri dès le départ – alors c’est pourri. »

« Ce qui saute aux yeux, c’est la faiblesse de Netanyahu. Il n’a pas l’habitude d’être faible et ne sait pas comment l’être, mais il l’est », a déclaré Lapid. « Il est faible à cause de son procès, faible parce qu’il est entouré de personnes beaucoup plus jeunes qui n’ont aucune considération pour lui, et au sein même de son parti, il y a des fissures. »

Lapid et d’autres ont à plusieurs reprises reproché à Netanyahu de se montrer faible après les concessions importantes qu’il a faites, lors des négociations de coalition, à ses partenaires, les partis d’extrême droite Otzma Yehudit, HaTzionout HaDatit et Noam, ainsi qu’aux partis ultra-orthodoxes Shas et Yahadout HaTorah. Il a également été confronté à des dissensions au sein du Likud, notamment de la part de ceux qui se sont retrouvés sans portefeuille ministériel après que la plupart des postes importants ont été attribués à d’autres partis.

Le leader du Likud, député Benjamin Netanyahu, à gauche, parlant avec le chef du parti HaTzionout HaDatit, député Bezalel Smotrich, lors d’un vote à la Knesset, le 20 décembre 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Lapid a ajouté que le nouveau gouvernement de ligne dure aura des problèmes une fois confronté aux réalités géopolitiques.

« Ils sont affaiblis par les fake news qu’ils utilisent pour se convaincre eux-mêmes, mais ils vont vite découvrir quelque chose qui s’appelle la réalité. Et dans la réalité, il y a les Palestiniens, il y a les Américains, il y a l’économie et il y a d’innombrables problèmes réels et des individus en chair et en os qui se mettent en colère si vous ne les aidez pas », a-t-il déclaré, ajoutant que l’opposition entendait également mener la vie dure au gouvernement.

Lapid a déclaré que Netanyahu était conscient de ces problèmes, mais « n’avait pas la force de les empêcher. »

« Maintenant, il joue le jeu politique avec les éléments les plus extrêmes de la société israélienne. Cela ne finira pas bien », a-t-il déclaré. « Le plus inquiétant est que Netanyahu le sait, il sait que c’est dangereux ».

Lapid a déclaré que la seule motivation de Netanyahu pour rester au pouvoir était son procès en cours et son espoir de trouver un moyen d’éviter la prison.

L’ex-Premier ministre et député Benjamin Netanyahu arrivant pour une audience lors de son procès, au tribunal de Jérusalem, le 17 mai 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Lapid a été interrogé à plusieurs reprises sur son incapacité lors des élections à motiver le centre-gauche et à unir les partis de son camp afin d’éviter la perte de voix qui a eu lieu lorsque le parti de gauche Meretz n’a pas franchi le seuil électoral.

Il s’est défendu en disant qu’il n’était pas prêt à adopter les tactiques de la droite.

« Je suis un homme honnête, je suis à la tête d’un parti décent qui est le deuxième plus grand parti en Israël et qui sera le plus grand parti en Israël lors des prochaines élections, et je refuse de me travestir pour correspondre à leurs normes », a déclaré Lapid.

Il a également défendu sa décision d’exclure un gouvernement de coalition avec Netanyahu, même si cela aurait pu éviter l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite, qu’il a qualifiée de « danger clair et présent pour la démocratie israélienne. »

« Si nous avions fait ça, cela aurait vraiment signifié la fin de la démocratie israélienne, car c’aurait été admettre que les forces anti-démocratiques ont gagné avec un tel KO que tout le monde s’est rangé sous leur drapeau », a déclaré Lapid.

« Il y a eu des élections. Ils sont arrivés en affirmant qu’un homme poursuivi pour de graves infractions pénales pouvait être Premier ministre, en affirmant qu’ils allaient détruire les tribunaux, que la démocratie n’était pas très importante et que le monde était divisé entre les traîtres et ceux qui étaient d’accord avec eux », a-t-il déclaré. « Si vous vous soumettez à cela, et que vous êtes le plus grand parti de l’opposition, alors vous dites : ‘Oui, j’accepte tout ce qu’ils ont dit' ».

Lapid s’est exprimé dimanche avant que le gouvernement n’annonce les détails de son plan de remaniement du système juridique qui, s’il venait à être adopté, représenterait sans doute les changements les plus radicaux jamais apportés au système de gouvernement d’Israël.

Le ministre de la Justice Yariv Levin lors d’une conférence de presse lors du dévoilement de son plan de refonte du système judiciaire en Israël à la Knesset, le 4 janvier 2023. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Les changements présentés par le ministre de la Justice, Yariv Levin, lors d’une conférence de presse à la Knesset, limiteraient fortement l’autorité de la Haute Cour de justice, donneraient au gouvernement le contrôle de la commission de sélection des juges et limiteraient considérablement l’autorité des conseillers juridiques du gouvernement.

Lapid a déclaré qu’il annulerait toutes ces mesures s’il revenait au pouvoir.

« Nous reviendrons parce qu’ils agissent de la sorte », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il serait possible de réparer les dégâts grâce à la longue histoire d’Israël comme démocratie libérale.

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