Lapid rejette des primaires, le vote « interne » de Yesh Atid aura lieu en 2021
Contestant le défi lancé par Shelah, le chef du parti centriste convient qu'il est temps de choisir le chef du parti, mais seulement après un examen attentif et long
Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Le leader de Yesh Atid, Yaïr Lapid, a annoncé lundi qu’il ne permettra pas au parti de tenir des primaires ouvertes pour choisir son président. Balayant un défi à son propre leadership, il a déclaré qu’une décision sur la méthode d’élection d’un président de parti ne sera prise que l’année prochaine.
« Nous avons lancé un processus il y a quelques mois pour examiner les options de démocratisation du parti. C’est la prochaine étape naturelle d’un grand parti, de l’alternative au gouvernement », a déclaré Lapid à l’ouverture de la réunion hebdomadaire de la faction Yesh Atid à la Knesset.
« Nous travaillons avec nos chefs de faction afin de pouvoir organiser la première conférence du parti en 2021. Lors de cette conférence, nous trouverons le meilleur moyen d’organiser des élections internes pour le chef du parti », a-t-il déclaré, excluant les primaires ouvertes à tous les membres du parti.
« Les primaires ouvertes, ce sont des votes groupés, des accords malhonnêtes, et toutes ces choses qui ne font pas et ne feront jamais partie de notre ADN. Ce sont toutes ces choses qui ont ruiné les autres partis. Cette suggestion a été rejetée », a souligné Lapid.
La semaine dernière, l’éminent député de Yesh Atid Ofer Shelah a déclaré que le parti centriste avait un besoin « urgent » d’organiser des primaires pour le leadership, qui seraient les premières depuis sa fondation en 2012 par Lapid. Shelah a annoncé qu’il se présenterait à la direction du parti si les primaires avaient lieu avant les élections nationales, qui, selon de nombreux analystes, devraient avoir lieu au début de l’année prochaine.

« Ces derniers jours, j’ai fait part à Yaïr Lapid du besoin urgent de renouveler le visage de Yesh Atid. Le report des élections à la Knesset nous permet de faire ce qu’il faut pour construire une alternative digne [au Likud au pouvoir] avant les prochaines élections », avait écrit Shelah sur Facebook.
Il a ajouté : « Cela doit commencer par des primaires immédiates et ouvertes pour le rôle de président du parti. Je vais me présenter et je serais heureux si d’autres m’imitaient. »
Lundi, Lapid a qualifié Shelah de « candidat digne » et l’a invité à prendre part à l’élection du chef du parti, lorsqu’elle aura lieu.
« Il y aura une élection, je m’en réjouis et c’est le moment. Mais nous le ferons sans pression. Personne ne me pose d’ultimatum. Je ne laisserai pas les choses qui ont ruiné des partis comme le Parti travailliste ou Kadima ruiner aussi Yesh Atid. »
Lapid a évoqué d’autres partis de centre-gauche qui ont vu les primaires des partis sombrer dans des batailles intestines nuisibles.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres rivaux politiques ont fréquemment provoqué Lapid et Yesh Atid sur l’absence de primaires et de liste électorale.
Lapid, l’actuel leader de l’opposition, dirige Yesh Atid depuis sa création, et a ensuite été numéro 2 de l’alliance Kakhol lavan, avant de rompre avec le ministre de la Défense Benny Gantz suite à sa décision de rejoindre un gouvernement dirigé par Netanyahu.

Lapid a insisté sur le fait qu’il sera candidat au poste de Premier ministre lors des prochaines élections et non pas second sur la liste d’un parti, comme il l’a été dans Kakhol lavan. De récents sondages prévoient entre 19 à 20 sièges pour Yesh Atid en cas de nouvelles élections, le mettant au coude à coude avec le parti de droite Yamina pour devenir le deuxième parti de la Knesset après le Likud.
De nouvelles élections ont été évitées de justesse le mois dernier, après que le Likud et le parti Kakhol lavan ont accepté de repousser à décembre la date limite pour l’adoption du budget de l’État. Mais les partis restent à couteaux tirés sur un certain nombre de questions et de nombreux analystes pensent que le gouvernement ne survivra pas au-delà de la prochaine échéance.
Si, le 23 décembre prochain, la coalition ne parvient toujours pas à se mettre d’accord sur un budget, le pays se dirigera vers de nouvelles élections en mars 2021, sans que Netanyahu ait à céder le poste de Premier ministre à Gantz, conformément à l’accord de coalition.