L’armée israélienne diffuse des vidéos de ses frappes en Syrie
Les frappes aériennes nocturnes contre des cibles iraniennes et des sites de l'armée syrienne étaient une riposte à une tentative d’attaque dans le plateau du Golan
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
L’armée israélienne a publié mercredi soir des images des frappes aériennes nocturnes contre des cibles iraniennes et des sites de l’armée syrienne au sud de la Syrie. Ces frappes étaient une riposte à une tentative d’attaque dans le plateau du Golan qui a été déjouée cette semaine.
La vidéo ci-dessus montre l’attaque sur trois des huit cibles visées par l’armée israélienne dans la nuit de mardi à mercredi. L’armée n’a pas précisé l’emplacement précis des frappes, mais il semble s’agir de positions militaires sur le côté syrien du plateau du Golan.
Tsahal a dit avoir bombardé des « entrepôts, des postes de commandement et des complexes militaires ainsi que des batteries de missiles sol-air ».
Dans les vidéos, on peut voir les missiles israéliens viser leurs cibles et causer d’importantes explosions.
Jeudi matin, l’armée a également diffusé des images de certaines des frappes et a également publié jeudi matin des photos aériennes avant-après de deux sites qu’elle a bombardés : un complexe militaire utilisé par la Force al-Qods, et un centre de commandement de la 7e division de l’armée syrienne, qui selon Israël coopère largement avec les forces iraniennes en Syrie.
L’agence de presse officielle syrienne Sana avait annoncé peu après qu’au moins « trois militaires » avaient été tués dans ces frappes de « l’ennemi sioniste » qui ont aussi provoqué des « dégâts matériels ».
Selon une « source militaire » citée par Sana les batteries de défense antiaérienne syrienne ont été activées pour contrer les frappes israéliennes, « abattant un certain nombre de missiles ».
Le Corps des Gardiens de la révolution n’a pas fait état de victimes.
Mais selon un bilan fourni par une ONG, il s’agirait d’au moins de dix combattants, dont trois officiers de la défense antiaérienne syrienne et des paramilitaires étrangers, qui ont trouvé la mort dans les frappes menées par Israël mercredi en Syrie.
Parmi ces dix morts figurent cinq paramilitaires « probablement de nationalité iranienne, qui appartiennent à la Force al-Qods », mais aussi deux combattants de milices pro-Iran, originaires d’un pays arabe, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), sans pourvoir préciser s’il s’agissait de Libanais ou d’Irakiens.
Ces chiffres n’ont pas été confirmés et l’OSDH a été accusé par le passé de gonfler voire d’inventer le nombre de victimes.
En général, Israël ne cible pas intentionnellement des personnes dans ses frappes, mais se concentre plutôt sur les infrastructures, car il a été constaté que cela réduisait la probabilité de représailles de la part de l’Iran et de ses mandataires.
L’armée israélienne a découvert un certain nombre de mines installées sur le territoire israélien, à proximité de la frontière avec la Syrie, dans la journée de mardi, a fait savoir Tsahal.
Une équipe d’ingénieurs de combat a procédé aux opérations de déminage nécessaires, ont indiqué les militaires.
« Nous ne laisserons pas l’Iran s’établir militairement en Syrie contre nous, et nous ne tolérerons aucune attaque contre nous depuis la Syrie. Quiconque nous attaque en paiera le prix par le sang », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans une vidéo.
Il a fait savoir que l’armée avait frappé des cibles « significatives » liées à l’Iran et à l’armée syrienne.
Le porte-parole de l’armée Hidai Zilberman a précisé que les frappes visaient des casernes utilisées par des officiers supérieurs iraniens en dehors de Damas et une base utilisée par l’Iran pour orchestrer ses activités dans le pays à côté de l’aéroport international de Damas. Ces frappes n’apparaissent pas dans les vidéos.
Tsahal maintient généralement une politique d’ambiguïté concernant ses activités contre l’Iran et ses mandataires en Syrie, refusant de reconnaître publiquement ses actions, à l’exception des représailles aux attaques, comme ce fut le cas cette semaine.
L’armée a, par le passé, diffusé des séquences vidéo de ses frappes en Syrie en réponse à des attaques en provenance de ce pays.
Zilberman a expliqué aux journalistes mercredi que les frappes de représailles étaient destinées à la fois à envoyer un message à l’Iran, à savoir que « nous ne permettrons pas du tout l’enracinement des Iraniens et plus particulièrement à proximité de la frontière », et à la Syrie, qui sera tenue responsable d’avoir permis à Téhéran de maintenir une présence dans son pays.
Le porte-parole a rappelé qu’Israël avait déjà tenté de faire passer ce message en août après de précédentes tentatives de bombardements à la frontière, mais le message semblait « ne pas avoir été reçu ».
Zilberman a fait savoir que l’armée se préparait à des ripostes iranienne et syrienne, et que le Dôme de fer et autres systèmes de défense aérienne étaient en état d’alerte.
Israël considère que la présence de l’armée iranienne en Syrie est une menace inacceptable et agira militairement contre ses actions.
Le ministre de la Défense Benny Gantz a menacé de prendre des mesures supplémentaires si l’Iran tentait à nouveau de mener des attaques contre Israël où persistait à s’implanter militairement en Syrie.
« L’armée israélienne a frappé hier soir des cibles militaires appartenant à la force iranienne Quds et à l’armée syrienne en réponse à la pose de bombes sur la frontière syrienne à l’intérieur du territoire israélien. Je le répète à nos ennemis : Israël n’acceptera aucune violation de sa souveraineté nulle part, et nous ne permettrons pas qu’une force dangereuse se constitue à n’importe quelle frontière », a mis en garde Gantz dans une vidéo en hébreu.
Selon le porte-parole, l’armée savait qu’il y avait des officiers iraniens dans les baraquements au moment de la frappe, mais ne les a pas spécifiquement ciblés ni les endroits où ils se trouvaient.
Selon Zilberman, les trois mines de type Claymore ont été placées le long de la frontière par des ressortissants syriens vivant à la frontière, sur ordre du Corps des Gardiens de la révolution islamique. Elles ont été découvertes dans une zone-tampon contrôlée par Israël au sud du plateau du Golan mais du côté syrien de la clôture de sécurité, où l’armée patrouille régulièrement. Cela suggère que les explosifs étaient destinés aux soldats.
Les militaires surveillaient le secteur depuis des mois dans l’attente d’une telle attaque. Une tentative similaire d’installer des explosifs avait été déjouée dans la zone au cours de l’été.
Depuis, l’armée scrute la zone de près pour éviter ce type d’attaques.
Zilberman a dit que l’armée ignore quand ces mines ont été plantées, mais il semblerait que cela remonte à plusieurs semaines. L’armée enquête pour savoir comment des agents iraniens ont pu passer inaperçus et placer ces bombes.
Une équipe d’ingénieurs de combat a procédé aux opérations de déminage nécessaires mardi matin.
Zilberman a ajouté que l’armée avait fait appel à la force onusienne de maintien de la paix, chargée de faire respecter le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie pour éviter que de telles attaques se reproduisent.
Israël a effectué des centaines de frappes aériennes et de missiles sur la Syrie depuis le déclenchement de la guerre dans ce pays en 2011, ciblant les forces iraniennes et les troupes du groupe terroriste du Hezbollah.