L’armée met à jour le protocole Hannibal
Trois nouvelles procédures permettant un usage massif de la force sont entrés en vigueur ce mois-ci pour remplacer la procédure en place depuis 20 ans
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

L’armée israélienne a remplacé son controversé protocole Hannibal, un ordre militaire qui accorde aux troupes une permission générale de faire tout ce qui est nécessaire pour empêcher l’enlèvement d’un soldat, par trois nouvelles directives depuis le 1er janvier.
Une copie de ces trois directives fournie au Times of Israël précise quelles actions sont autorisées pour empêcher un enlèvement.
Depuis début 2017, l’armée a revu les nouveaux ordres.
Le protocole Hannibal, qui peut être utilisé en toutes circonstances, a été remplacé par trois ordres distincts, dépendant des contingences de l’enlèvement : en Cisjordanie en temps de paix, ailleurs au-delà des frontières d’Israël en temps de paix, n’importe où en temps de guerre ou dans une autre situation d’urgence.
Aucun nouvel ordre existant ne traite du cas d’un soldat enlevé en Israël en temps de guerre.
La directive pour un enlèvement en Cisjordanie est appelé « Test de vérité », pour un enlèvement en dehors des frontières israéliennes « Tourniquet », et pour les enlèvements en temps de guerre, le nom choisi est « Shomer Nafsho », qui indique la prudence et le fait de sauver des vies.
L’unité des porte-paroles de l’armée israélienne n’a pas confirmé l’existence des nouvelles directives, déclarant qu’elle « ne peut pas donner de détails sur des plans opérationnels ». La nouvelle du changement de protocole a cependant été annoncée par la radio militaire lundi matin.

En juin, le chef d’Etat-major Gadi Eizenkot avait décidé d’annuler le protocole Hannibal, car il était apparemment mal compris par certains soldats, et car, vieux de 20 ans, il n’était plus adapté aux types d’incidents que les soldats peuvent rencontrer.
Le protocole Hannibal, comme les nouvelles directives, permettait au soldat d’utiliser une force extrêmement importante pour empêcher qu’un soldat ne tombe entre les mains de l’ennemi, notamment en prenant le risque de mettre en danger la vie du soldat concerné afin d’empêcher son enlèvement.
Certains officiers comprenaient néanmoins que l’ordre permettait aux soldats de tuer délibérément leur camarade afin d’empêcher qu’il ne soit fait prisonnier, pas qu’ils pouvaient utiliser une force qui pourrait accidentellement le blesser ou le tuer.
Le nouveau protocole annonce expressément qu’il est de leur responsabilité d’éviter la capture et d’empêcher l’enlèvement d’autres soldats tout en « protégeant la vie du captif ».
Le protocole Hannibal a été brièvement mis en œuvre en mars 2016, quand deux soldats sont entrés par erreur dans le camp de réfugiés de Qalandiya et ont dû abandonner leur véhicule. Les commandants sur le terrain ont activé la directive pendant environ 30 minutes avant que les deux soldats ne soient retrouvés.
Pendant les combats, Iyad Amr Sajdiyeh, un Palestinien de 22 ans, avait été tué, des dizaines d’autres blessés, ainsi que dix membres des forces de sécurité israéliennes.
La directive avait également été employée de manière plus spectaculaire le 1er août 2014, pendant la dernière guerre de Gaza, quand on pensait que le lieutenant Hadar Goldin avait été pris en otage à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Tsahal avait ensuite déterminé que Goldin avait été tué au combat, et son corps serait toujours entre les mains du Hamas.

Quand le protocole avait été déclenché à Gaza, une colonne de tanks aurait chargé des quartiers habités. Des bulldozers ont détruit des maisons. Des batteries d’artillerie, des tanks et des avions de combat ont ouvert le feu, isolant la zone d’enlèvement. Ils auraient également ciblé les véhicules quittant la zone.
Selon des médias palestiniens, environ 120 personnes avaient été tuées. L’armée israélienne estime que ce nombre est plus proche de 40.