L’armée se rend dans des avant-postes près d’Yitzhar pour raser 6 maisons
L'une des structures est en zone B et appartient à un extrémiste qui l'a reconstruite après avoir été démolie par les soldats en janvier ; il a été arrêté pour son refus d'évacuer
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Des centaines de membres des forces de sécurité israéliennes se sont rendues dans plusieurs avant-postes situés à l’extérieur de l’implantation d’Yitzhar dans le nord de la Cisjordanie, tôt mercredi matin, pour démolir six structures construites illégalement.
Quatre des bâtiments se trouvaient dans les avant-postes de Kipa Sruga et de Tekuma dans la zone C, et deux à Kumi Ori dans la zone B, selon un porte-parole de l’administration civile – l’organe du ministère de la Défense qui autorise la construction en Cisjordanie. Trois de ces structures étaient des maisons d’habitation.
Selon les accords d’Oslo, la zone B est définie comme le territoire de Cisjordanie sous la juridiction civile palestinienne et le contrôle de sécurité israélien. La zone C est sous le contrôle civil et sécuritaire de l’armée israélienne, et toutes les implantations sont situées dans ce territoire, qui représente environ 60 % de la Cisjordanie.
Alors que les accords d’Oslo interdisent aux Israéliens de construire dans la zone B, les habitants de Kumi Ori, où vivent une poignée de familles seulement, ainsi que plusieurs dizaines de militants d’extrême droite connus sous le nom de « Jeunes des Collines », bafouent depuis longtemps ces lois.
Une des deux maisons démolies à Kumi Ori appartenait à la famille de Neria Zarog, un « extrémiste violent » qui a inspiré des attaques contre des Palestiniens et les forces israéliennes, selon un responsable de la sécurité interviewé par le Times of Israel l’année dernière.
Zarog a reconstruit sa maison presque immédiatement après avoir été rasée en janvier parce qu’elle n’avait pas obtenu de permis, a déclaré un porte-parole de l’administration civile.
Zarog a été arrêté mercredi pour avoir « refusé d’évacuer » les lieux afin que les forces de sécurité rasent sa maison, a déclaré un porte-parole de la police des frontières.
La destruction de la maison de Zarog en janvier a eu lieu une semaine après que la Cour suprême de justice a rejeté une requête dans laquelle il soutenait qu’Israël n’avait pas le droit de démolir une structure dans la zone B parce que le territoire est sous le contrôle civil de l’Autorité palestinienne.

Le tribunal a décidé que bien qu’Israël n’ait pas le pouvoir d’accorder des permis de construire dans cette zone, il peut démolir les maisons illégales construites par les Israéliens sur place.
Selon un porte-parole de l’implantation radicale d’Yitzhar, la femme de Zarog est enceinte de neuf mois, mais les officiers présents sur les lieux ont refusé de l’aider.
Un agent de sécurité présent sur les lieux qui a demandé à garder l’anonymat a déclaré que cette affirmation était totalement fausse et que les agents l’avaient « délicatement évacuée de la maison et lui avaient même donné la possibilité d’être évacuée des lieux dans l’un des véhicules des forces de sécurité ». Elle a refusé et, à sa demande, elle se trouve actuellement assise par terre à côté de la structure en cours de destruction », a-t-il déclaré, fournissant également la photo d’un agent de la police des frontières offrant de l’eau à la femme.

Un communiqué de l’implantation d’Yitzhar a condamné la démolition, et a reproché au gouvernement d’avoir donné son feu vert en pleine pandémie de coronavirus. L’implantation a qualifié cette mesure d’attaques de « Prix à payer », un terme qui fait référence au vandalisme et autres crimes de haine perpétrés par les ultra-nationalistes juifs, prétendument en représailles à la violence palestinienne ou aux politiques gouvernementales perçues comme hostiles au mouvement des implantations.
Pendant la démolition, l’activiste d’extrême droite Itamar Ben Gvir a publié un communiqué disant que son assistant juridique Hananel Dorfman avait demandé à la Cour suprême de contraindre les forces à arrêter la démolition.
M. Dorfman a fait valoir que l’action de l’administration civile violait la propre déclaration de l’organe du ministère de la Défense au début de ce mois, selon laquelle il s’abstiendrait de démolir les structures habitées pendant toute la durée de la pandémie.
Cependant, cette note faisait référence à des structures palestiniennes et il n’est pas certain que l’officier qui l’a écrite se référait également à des structures israéliennes.
De plus, le responsable de la sécurité s’adressant au Times of Israel a expliqué que cette politique ne s’applique pas « lorsque des problèmes de sécurité se posent ou lorsqu’il est nécessaire de maintenir l’ordre public dans la région ».

Dorfman a également fait valoir que les deux maisons démolies à Kumi Ori appartenaient à un citoyen américain et que les forces de sécurité n’ont pas compétence pour agir contre les biens situés en zone B d’une personne qui n’est pas israélienne.
Les habitants de Kumi Ori ont déjà fait la une des journaux à plusieurs reprises cette année.
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