Les durs des implantations menacent Tsahal de « troubles » en cas d’expulsion
Les habitants d'Yitzhar ont le soutien du ministre Smotrich de Yamina, qui exhorte le Premier ministre à ne pas interdire Neria Zarog de séjour en Cisjordanie pendant 3 mois
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Les dirigeants d’une implantation d’irréductibles dans le nord de la Cisjordanie ont écrit une lettre au chef du commandement central de Tsahal mardi, avertissant que si une décision d’expulsion temporaire d’un de ses habitants n’était pas annulée, cela provoquerait des « troubles ».
L’avertissement du secrétariat de l’implantation radicale d’Yitzhar au général de division Nadav Padan est intervenu après que ce dernier a signé la semaine dernière une ordonnance administrative interdisant à Neria Zarog, 21 ans, de se trouver en Cisjordanie pendant trois mois, en attendant une audience.
Selon un responsable de la défense qui s’est adressé au Times of Israel sous couvert d’anonymat, Zarog est un « extrémiste violent bien connu des forces de sécurité » qui a participé à des altercations contre des Palestiniens et des soldats de Tsahal.
L’ordonnance administrative l’autorise à résider dans l’implantation de Kochav Yaakov où vivent ses parents, mais interdit au père marié de deux enfants d’être en contact avec 16 amis de Yitzhar.

Zarog n’a pas encore reçu de décision finale du chef du commandement central de Tsahal concernant son sort.
Dans sa lettre adressée jeudi dernier à Nadav Padan, après avoir été informé de l’ordre administratif, Zarog a nié avoir pris part à des attaques dites « Prix à payer » contre les Palestiniens et leurs biens qui ont pris de l’ampleur ces dernières années, en particulier dans les villages entourant Yitzhar. Zarog soutenait que « la vraie raison pour laquelle vous émettez cette ordonnance administrative contre moi, c’est à cause de mes efforts pour construire sur les hauteurs entourant Yitzhar ».
Zarog est un berger qui vit dans l’avant-poste illégal de Kipa Sruga, un quartier au sud du village de Yitzhar dont les habitants ont affronté les soldats de Tsahal à plusieurs reprises par le passé.
« Tous les jours, je sors avec mon troupeau au sommet de la colline Kipa Sruga afin d’arrêter la mainmise arabe sur la terre ouverte qui s’y trouve – une mainmise qui fait partie du processus d’établissement des fondations d’un Etat palestinien qui est en route », a-t-il écrit à Nadav Padan.
Zarog a déclaré au site d’information Ynet qu’il n’avait pas pris part à des activités violentes contre les Palestiniens, mais qu’il avait été arrêté à plusieurs reprises par les forces de sécurité israéliennes après avoir approché les villages voisins avec son troupeau.

Samedi soir, des dizaines d’habitants d’Yitzhar ont manifesté devant le domicile du général de l’armée, dans la ville de Modiin, au centre du pays. Deux des manifestants ont été brièvement arrêtés pour atteinte à l’ordre public.
Dans sa lettre de mardi adressée à Padan, le secrétariat d’Yitzhar a écrit : « Malheureusement, tant qu’un ordre d’expulsion contre la famille Zarog sera en vigueur, cela provoquera beaucoup d’agitation parmi notre population et nous ne pourrons donc pas continuer à promouvoir la coopération et le dialogue [avec vous] ».
Zarog a également reçu le soutien lundi du ministre des Transports, Bezalel Smotrich, de l’alliance Yamina, qui a écrit une lettre au Premier ministre pour lui demander d’annuler l’ordonnance.
Dans le courrier, Smotrich critiquait l’utilisation d’ordonnances administratives « draconiennes » à l’encontre des juifs des implantations, ce qui, selon lui, les prive d’une procédure régulière.
« Dans la mesure où il a été décidé d’utiliser ces ordonnances, elles devraient être décrétées avec parcimonie, et seulement dans des scénarios clairs de ‘bombe à retardement’ – où des terroristes définis comme l’ennemi cherchent à mener des attaques et qui menacent la sécurité d’Israël de façon imminente. Ils ne devraient certainement pas être émis contre les citoyens de l’État qui habitent la Terre d’Israël avec dévotion », a écrit Smotrich.

Le ministre radical, qui vit dans l’implantation voisine de Kedumim, a appelé l’armée israélienne à fournir des preuves que Zarog a participé à des activités violentes, ce qu’elle n’a pas fait dans son ordonnance administrative.
Le responsable de la Défense qui s’est entretenu avec le Times of Israel a justifié l’utilisation de ces décisions, affirmant qu’elles visent « des activistes violents et dangereux pour les empêcher de prendre des mesures qui pourraient compromettre la sécurité dans la région ».
Depuis le début de l’année 2019, l’agence de sécurité du Shin Bet a enregistré 25 attaques « Prix à payer » perpétrées par des extrémistes israéliens ainsi que 140 autres « cas de violence », dont des dizaines contre les forces de sécurité.
Ces dernières années, Yitzhar et les avant-postes environnants ont également été considérés par les services de sécurité comme un épicentre de la violence des résidents juifs et ont souvent été liés aux attaques contre les Palestiniens et leurs biens.