L’assassin Georges Ibrahim Abdallah refuse toujours d’indemniser les parties civiles
En novembre dernier, le Pnat avait justifié son refus d'expulser le terroriste vers le Liban en expliquant qu'il n'avait "pas évolué", que ses convictions étaient "restées intactes"

La cour d’appel de Paris a reporté jeudi au 19 juin sa décision sur la libération de Georges Ibrahim Abdallah, l’assassin pro-palestinien condamné pour complicité d’assassinats de diplomates américain et israélien en France.
La cour a ajourné l’examen du dossier à l’audience du 19 juin, selon cette source. La chambre d’application des peines a estimé qu’ »en l’état il n’est pas possible de faire droit à la demande de libération conditionnelle présentée par Georges Ibrahim Abdallah », jugeant « nécessaire » qu’il « s’acquitte à raison de ses facultés contributives des dommages et intérêts » qu’il doit verser aux parties civiles, selon un communiqué du parquet général.
Une indemnisation à laquelle Georges Ibrahim Abdallah s’est toujours refusé.
A 73 ans, celui qui était à l’époque l’un des plus célèbres prisonniers de France est libérable depuis 25 ans, mais a vu sa dizaine de demandes de libération conditionnelle échouer.
Un sort qui fait de lui « une exception », souligne son avocat Jean-Louis Chalanset, alors que les principaux « prisonniers politiques », qu’ils soient d’Action Directe, corses ou basques, sont sortis de prison.
« Si la cour ne fait pas droit à sa demande, cela reviendra à instaurer une perpétuité réelle, qui n’existe pas en droit français », déclarait-il en amont de la décision.
La préfecture de police a interdit des manifestations de soutien prévues mercredi soir en région parisienne, estimant qu’elles pourraient troubler l’ordre public, « dans le contexte social et international tendu ».

A Toulouse, à une centaine de kilomètres de la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrenées) où Georges Abdallah est incarcéré, 300 personnes ont manifesté pour réclamer la libération de celui qui compte parmi les plus anciens détenus du pays.
Le 15 novembre dernier, le tribunal d’application des peines antiterroriste lui avait donné une lueur d’espoir, en ordonnant sa remise en liberté avec expulsion immédiate au Liban – prêt à l’accueillir.
Georges Abdallah est le « dernier vestige du groupuscule d’obédience laïque, marxiste, communiste des FARL » (Fractions armées révolutionnaires, qu’il avait cofondées), appartenant à « l’histoire aujourd’hui révolue de l’activisme violent de l’ultra gauche » libanaise et palestinienne, qui n’est « à l’origine d’aucun attentat en France ni ailleurs depuis 1984 », écrivait le tribunal dans sa décision.
Le parquet antiterroriste (Pnat) n’avait pas été du même avis et avait fait appel, suspendant aussitôt la décision.
L’affaire avait été réexaminée par la cour d’appel de Paris le 19 décembre en audience non publique.
Le Pnat avait justifié son refus en expliquant qu’il n’avait « pas évolué », que ses convictions étaient « restées intactes ».
Georges Abdallah n’a jamais accepté d’indemniser les parties civiles. Et a toujours nié être lié aux assassinats des deux diplomates à Paris en 1982, sans condamner des « actes de résistance » contre « l’oppression israélienne et américaine » en pleine guerre civile libanaise.
Il « représente un symbole voire un visage tutélaire de la cause palestinienne », s’était aussi inquiété le Pnat.
« Il représente surtout aujourd’hui le symbole d’un homme maintenu en détention depuis désormais plus de 40 ans, soit une période devenue disproportionnée au regard des faits commis et de sa dangerosité actuelle », avait répondu le tribunal dans sa décision.
Partie civile au procès en 1987, le gouvernement américain a depuis systématiquement combattu sa remise en liberté. Avant l’audience devant la cour d’appel en décembre, ils avaient écrit aux magistrats pour s’y « opposer vigoureusement ».
A son procès en 1987, Georges Abdallah avait comparu sous la lourde étiquette d’ennemi public n°1 en France, étant à l’époque soupçonné d’être derrière une vague d’attentats meurtriers à Paris – en réalité le fait de terroristes pro-iraniens.
Il est aujourd’hui soutenu par son petit comité de soutien, quelques parlementaires de gauche ou personnalités comme la prix Nobel de littérature Annie Ernaux, connue pour ses positions anti-Israël.
Vendredi, il a reçu la visite en prison des députés LFI Eric Coquerel et Sylvie Ferrer, venus réclamer que cesse « le scandale d’État » que représente la durée de sa détention, a dit le premier sur place aux journalistes. « C’est une honte pour l’État français. » Son parti s’est récemment opposé à la libération de l’écrivain Boualem Sansal emprisonné arbitrairement en Algérie lors d’un vote au Parlement européen.