Le centre-gauche propose une alliance à Kakhol lavan – qui refuse
Gantz, qui cherche à attirer les électeurs du Likud, pousse plutôt Peretz à unir son parti au Camp démocratique de gauche
Le dirigeant de Kakhol lavan, Benny Gantz, a rencontré mercredi le leader du parti Travailliste-Gesher Amir Peretz pour discuter des alliances politiques avant les élections du 2 mars.
Gantz a vivement recommandé à Peretz d’unir sa faction de centre-gauche au Camp démocratique, à gauche, afin de garantir qu’aucune des deux formations ne tombe en-dessous du seuil électoral de 3,25 % qui permet d’intégrer le Parlement.
Peretz, pour sa part, a tenté de vendre un plan plus ambitieux : Une union du centre et de la gauche qui placerait le parti Travailliste-Gesher, le camp démocratique et Kakhol lavan sur un seul et unique bulletin de vote.
« J’ai présenté à Gantz un cadre de formation d’un gouvernement qui ne se contente pas de remplacer le [Premier ministre Benjamin] Netanyahu, mais qui vienne également remplacer ses politiques. La balle est dorénavant dans le camp de Kakhol lavan », a dit Peretz à l’issue de la rencontre entre les deux hommes, mercredi matin.
Gantz a rejeté la proposition, disant dans une réunion de sa faction, après la rencontre, que Kakhol lavan « ne s’unira à aucun autre parti supplémentaire – ni à gauche, ni à droite ».
« Kakhol lavan préférerait être entraîné par le programme de Yoav Hendel et Zvi Hausner plutôt que de prendre une décision révolutionnaire pour former un gouvernement d’espoir et de changement », a déclaré mercredi Peretz, en référence aux élus de droite de Kakhol lavan.
« Nous pourrions bien nous réveiller dans un gouvernement où [Naftali] Bennett, [Bezalel] Smotrich et [Ayelet] Shaked dictent les politiques », a-t-il ajouté en nommant des responsables politiques de droite.
Peretz, ex-ministre de la Défense, avait proposé cette union lors d’un entretien diffusé par la Douzième chaîne, mardi soir.
« Nous avons l’opportunité de faire une révolution en Israël », avait-il déclaré à la journaliste Yonit Levy.
La proposition de Peretz pouvait viser à sauver de l’oubli politique sa formation historique. Les sondages récents ont montré que le parti Travailliste flirterait, lors du prochain scrutin, avec le seuil électoral de 3,25 %.
Il avait déclaré que l’idée permettrait d’offrir une réelle opportunité aux électeurs de centre-gauche.
« Les gens me disent que rien ne va changer. Les gens désespèrent. Ce que je propose, c’est d’établir un bloc uni constitué de Kakhol lavan, du parti Travailliste-Gesher et du Meretz », avait-il expliqué.
Cette initiative aura créé la surprise dans le système politique dans la mesure où Peretz avait refusé de telles alliances dans le passé – notamment lors du dernier scrutin du mois de septembre, lorsqu’il avait résisté aux pressions intenses exercées en faveur d’une alliance avec le Meretz.
Il avait estimé, à ce moment-là, qu’une liste conjointe risquait de glaner moins de votes en faveur de la gauche que si les deux partis se présentaient indépendamment.
« Je pense que si tout le monde se rejoint – et il n’est pas question d’une guerre entre nous – nous ne dépenserons pas d’argent pour tenter de prendre des sièges à Kakhol lavan, le Meretz n’investira pas son énergie en essayant de nous en prendre non plus mais que finalement, tous ceux parmi nous qui pensent que Benjamin Netanyahu doit être remplacé seront solidaires, travailleront à cela jour et nuit et feront voter les membres de leurs familles respectives », avait-il continué devant les caméras.
Peretz avait décrit sa proposition comme un test pour Benny Gantz, de Kakhol lavan, faisant allusion au fait que si Gantz rechignait à une telle union, cela pourrait signifier qu’il préférait un gouvernement incluant une fois encore Netanyahu.
« Je propose d’empêcher un gouvernement qui serait le même [que le gouvernement de Netanyahu]. Il faut que Benny Gantz décide – Est-ce qu’il veut être avec nous dans un gouvernement de changement, d’espoir, ou est-ce qu’il veut rejoindre un gouvernement de négligence sociale et d’annexion ? », avait-il interrogé.
En mettant en place l’union, « nous lancerions alors une initiative jusqu’alors sans précédent au sein de l’Etat d’Israël. Une liste conjointe, un seul bulletin de vote, un seul bulletin pour un seul bloc, pour remplacer Netanyahu, son gouvernement et ses politiques », avait-il également clamé.
« Ce n’est pas suffisant de seulement remplacer Netanyahu. Il faut aussi mettre en place un gouvernement susceptible d’apporter un nouvel ordre du jour à l’Etat d’Israël », avait-il continué.
Cette initiative pouvait être également une tentative de ne faire que cela – attirer les électeurs les plus à gauche de Kakhol lavan.
Il avait répété ce défi lancé à Gantz dans la matinée de mercredi, disant que « la balle est dorénavant dans le camp de Kakhol lavan ».
Gantz a également rencontré Nitzan Horowitz, chef du Camp démocratique, mercredi.
Le Camp démocratique a fait savoir mardi qu’il soutenait l’idée d’une large union de centre-gauche, ajoutant que la première démarche devait être une alliance entre le Parti travailliste-Gesher et son groupe.
« Nous soutiendrons toute union au centre-gauche », a expliqué Horowitz dans un communiqué. Mais l’union la plus stratégique, vitale, immédiate et nécessaire, c’est celle entre le parti Travailliste-Gesher et le Camp démocratique, pour forger une gauche israélienne forte ! »
« C’est l’espoir que recherchent les électeurs, c’est l’acte politique et moral nécessaire aujourd’hui, c’est le genre d’initiative qui serait susceptible de nous débarrasser de Netanyahu », a-t-il ajouté.