Le chef de l’AIEA inquiet de la « banalisation » du programme nucléaire de l’Iran
Depuis plus de deux ans, l'instance onusienne peine à contrôler le programme nucléaire iranien, qui ne cesse de monter en puissance malgré les démentis du régime
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a regretté lundi la « banalisation » de l’escalade nucléaire de l’Iran et un moindre intérêt de la communauté internationale, sur fond d’un léger dégel des tensions entre Téhéran et Washington.
« Il y a une certaine banalisation de ce qui est en train de se passer, et cela me préoccupe car les problèmes sont aussi valables aujourd’hui qu’ils ne l’étaient hier », a déclaré Rafael Grossi lors d’une conférence de presse au siège de Vienne, au premier jour d’une réunion du Conseil des gouverneurs.
Il a noté « un déclin de l’intérêt » des Etats membres, alors que les Etats-Unis et les trois pays européens réunis au sein du groupe E3 (France, Allemagne et Royaume-Uni) ne comptent pas déposer cette semaine de résolution dénonçant l’absence de coopération de l’Iran.
Ils ont préféré opter pour une « déclaration conjointe » soutenue par un grand nombre de pays, ceci à l’initiative de Washington, selon une source diplomatique.
Les Etats-Unis et l’Iran ont conclu en août un accord sur une libération de prisonniers. Les experts y voient un signe d’apaisement des tensions entre les deux pays, qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis la Révolution islamique de 1979.
« Nous avons connaissance de l’existence d’une sorte de processus bilatéral, dont les Etats-Unis nous ont informé. Mais concernant le volet nucléaire, nous ne savons pas exactement de quoi il est question », a commenté le chef de l’AIEA.
S’il a dit « ne rien avoir contre » ce dialogue, lui-même constate un « manque de coopération » de la part de l’Iran.
Dans des rapports consultés la semaine dernière par l’AFP, l’AIEA déplorait une réinstallation jugée trop lente des caméras de surveillance, tout comme l’absence d’explications au sujet des traces d’uranium découvertes sur deux sites non déclarés.
Depuis plus de deux ans maintenant, l’instance onusienne peine à contrôler le programme nucléaire iranien, qui ne cesse de monter en puissance bien que Téhéran nie vouloir se doter de la bombe atomique.
« J’ai conscience qu’il existe de nombreuses questions urgentes à l’agenda international, mais il est important de continuer à soutenir l’AIEA », a insisté Rafael Grossi.
La République islamique continue à s’affranchir des engagements pris dans le cadre de l’accord de 2015 connu sous l’acronyme JCPOA, en réaction au retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.
Ce pacte était censé limiter les activités atomiques de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales.