Le chef du Mossad soutient Netanyahu dans sa décision de suspendre la campagne libanaise au Liban
David Barnea a réfuté l'affirmation faite par l'ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, qui avait dit que l'attaque dite "des bipeurs" aurait pu éliminer des milliers de membres du Hezbollah quelques jours après le 7 octobre
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le chef du Mossad, David Barnea, s’est hasardé dans une querelle qui oppose ouvertement le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, mardi, en défendant la décision prise par le Premier ministre d’attendre près d’un an après le début de la guerre pour lancer son invasion du Liban et pour mener son opération dite « des bipeurs » contre le Hezbollah.
A l’occasion de la conférence internationale de l’INSS à Tel Aviv, le chef du Mossad, David Barnea, a félicité le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’avoir donné l’ordre de faire exploser les bipeurs et autres talkies-walkies du Hezbollah, au mois de septembre dernier, et il a écarté d’un revers de la main les propos de l’ex-ministre de la Défense, Yoav Gallant, concernant le moment idéal de l’attaque.
Contredisant les dernières déclarations de Gallant – qui avait souhaité une opération de grande ampleur au Liban dans les jours qui avaient suivi le 7 octobre 2023 – Barnea a affirmé que l’opération n’aurait pas eu le même effet si elle avait eu lieu plus tôt.
Il y avait « dix fois plus de bipeurs » entre les mains du Hezbollah lorsqu’ils ont explosé le 17 septembre que ce n’était le cas au début de la guerre, a-t-il expliqué, « et deux fois plus de talkies-walkies ont explosé ».
Il a également salué Netanyahu qui, selon lui, a tenu bon et qui a donné l’autorisation de mener l’opération « malgré l’opposition frontale ».
Le 17 septembre 2024, des milliers de bipeurs utilisés par le Hezbollah au Liban avaient soudainement explosé, entraînant la mort de dizaines de terroristes et faisant des milliers de blessés. Cette opération avait marqué le début de l’escalade israélienne contre le groupe terroriste, après près d’un an de tirs de roquettes persistants du Hezbollah qui avaient entraîné le déplacement d’environ 60 000 résidents du nord du pays.

L’explosion des bipeurs avait été déclenchée par un message crypté qui avait obligé les utilisateurs à tenir l’appareil à deux mains, optimisant ainsi la probabilité de blessures handicapantes.
Barnea a donné des détails sur cette opération, qu’il a qualifiée de « tournant » dans la guerre au Liban. La préparation de l’opération avait commencé il y a de cela plus de dix ans, a expliqué le numéro un du Mossad. Lorsque les agents israéliens avaient pris conscience que les talkies-walkies piégés ne seraient pas utilisés partout ni par tous, ils avaient étendu l’opération aux bipeurs, fin 2022.
Près de 500 bipeurs étaient arrivés au Liban quelques semaines avant le pogrom du 7 octobre, a dit Barnea, qui a ajouté qu’un plus grand nombre encore était arrivé pendant la guerre, maximisant les dommages lors de l’attaque.

Au début du mois, Gallant – qui avait été limogé par Netanyahu au mois de novembre dernier – avait fait savoir devant les caméras de la chaîne d’information N12 que le Premier ministre israélien avait été trop prudent au début de la guerre et qu’il avait manqué une occasion importante d’éliminer le Hezbollah, le 11 octobre 2023 – soit quatre jours seulement après le pogrom commis par les hommes armés du Hamas dans le sud d’Israël.
L’ancien ministre de la Défense avait estimé que le fait que le gouvernement placé sous l’autorité de Netanyahu n’avait pas tenu compte de ses conseils ce jour-là avait été « la plus grande occasion manquée par l’État d’Israël depuis sa création, sur le plan sécuritaire ».
« Nous savions que de hauts responsables du Hezbollah allaient se réunir. Nous aurions pu lancer des frappes aériennes pour abattre les chefs du Hezbollah, ainsi que les responsables iraniens, [le chef du Hezbollah Hassan] Nasrallah, et tous les autres. Toute la hiérarchie au sommet du Hezbollah », avait regretté Gallant, qui avait ajouté qu’Israël aurait pu ensuit poursuivre sa campagne en frappant les missiles et les roquettes du Hezbollah.

Il avait dit que l’attaque aurait pu détruire plus de 90 % de l’arsenal de l’organisation chiite.
En même temps, avait-il poursuivi, Israël aurait pu mener son opération « talkie-walkie » et « bipeurs », tuant des milliers de terroristes. « Le Hezbollah en tant qu’organisation militaire aurait cessé d’exister : plus de chefs, plus de missiles ni de roquettes, la majorité de ses hommes tués sur le terrain », avait affirmé Gallant.
Il a déclaré, lors d’un podcast récent, qu’une incursion israélienne dans le sud du Liban aurait permis au pays d’éliminer 15 000 terroristes du Hezbollah en faisant exploser leurs talkies-walkies.

« Une fois que nous aurions commencé à manœuvrer sur le champ de bataille, comme nous l’avons fait l’année suivante », a-t-il expliqué à Dan Senor, « 15 000 terroristes auraient mis leur gilet, un talkie-walkie sur la poitrine. Dans ce talkie-walkie, il y avait trois fois plus d’explosifs que ce n’était le cas dans les bipeurs que nous avons utilisés plus tard. Et ce n’était pas 4 000, c’était 15 000. Une fois que vous auriez lancé l’opération, vous auriez tué 15 000 terroristes en une seule frappe ».
Netanyahu avait défendu sa décision prise de bloquer la proposition de Gallant, le 11 octobre, déclarant à la Quatorzième chaîne, favorable au Premier ministre, que cela aurait été « une horrible erreur » d’ouvrir une guerre sur deux fronts si peu de temps après l’attaque sanglante du 7 octobre.
Le chez du gouvernement avait également affirmé qu’il n’y avait qu’environ 150 bipeurs piégés qui se trouvaient entre les mains du Hezbollah au mois d’octobre 2023, « alors que nous en avons accumulé des milliers » au cours des mois suivants.
Une affirmation qui avait suscité une réponse rapide de Gallant, qui avait écrit sur X que « l’opération des bipeurs a été préparée des années avant la guerre et elle était prête à être activée le 11 octobre ».
« Contrairement à ce qui a été dit, des milliers de bipeurs se trouvaient entre les mains des terroristes au moment où j’ai suggéré d’attaquer le Hezbollah », avait encore ajouté Gallant.