Le combat pour la paix de Léon Gautier, dernier héros français du Débarquement
"La plus mauvaise chose qu'on puisse voir, c'est une guerre. Parce qu'on tue des gens en face qui n'ont jamais rien fait, qui ont une famille, des enfants", déplore le vétéran
Dernier des 177 Français à avoir débarqué le 6 juin 1944 en Normandie, Léon Gautier continue, à 100 ans, de se battre humblement pour la mémoire de ses camarades de commando et pour la paix.
« La plus mauvaise chose qu’on puisse voir, c’est une guerre. Parce qu’on tue des gens en face qui n’ont jamais rien fait, qui ont une famille, des enfants. Tout ça pour arriver à quoi ? », déclarait fin octobre le vétéran qui ne rate jamais une occasion, coiffé de son béret vert, d’inviter la jeunesse à « se battre pour la paix ».
Mardi, il remettra aux côtés du président Emmanuel Macron les bérets verts aux élèves ayant réussi leur stage commando à l’Ecole de fusiliers marins à Colleville-Montgomery, dans l’ouest de la France, où il a débarqué il y a 79 ans jour pour jour.
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« C’est un souvenir qu’on n’oublie pas », disait fin octobre ce Grand Officier de la Légion d’Honneur, habillé en costume cravate sur son fauteuil roulant.
« Le 6 juin, on a libéré 1,8 km de plage et on a parcouru 19 km dans la journée. Puis on a passé 78 jours et 78 nuits en première ligne dans une tranchée », expliquait-t-il en mai 2014.
Léon Gautier n’a jamais oublié le « copain », tombé ce jour-là à quelques mètres de lui, « le haut de la tête arraché » durant une contre-offensive allemande, comme il l’avait raconté à une journaliste de l’AFP.
Admirateur de Churchill
Et pourtant, au lendemain de la guerre, « j’ai été démobilisé sans un sou, sans rien ». « Tous les Français libres étaient dans la même situation », confiait sans amertume celui qui s’était engagé dans la Marine française en février 1940.
A 17 ans, sous l’influence notamment d’une famille « anti-boches » qui avait perdu certains des siens durant la Première Guerre mondiale, il avait rallié Londres et le général Charles de Gaulle en juillet, après l’Armistice, avant d’aller se battre au Cameroun, au Congo, en Syrie, au Liban.
En 1945, « je n’ai plus retrouvé en France la grande solidarité de ma jeunesse (…) C’était chacun pour soi. Ceux qui avaient travaillé avec les Allemands avaient la petite combine du marché noir. Ils y arrivaient », se remémorait Léon Gautier.
Né le 27 octobre 1922 à Rennes (ouest) dans une famille modeste, il travaille dès 13 ans comme carrossier, « à l’époque de la semaine de 48 heures et sans congés payés ».
Après la guerre, il retourne en Angleterre avec son épouse Dorothy rencontrée Outre-Manche, pour sept ans, travaille plus de « 60 heures par semaine », revient en France et repart comme chef d’atelier, pendant sept ans encore, en Afrique, avant un accident qui le ramène au pays. Il est alors plâtré du cou aux pieds.
Là, ce père de deux enfants qui a toujours « adoré les Anglais » et admiré Churchill -« qui n’a pas lâché le morceau »- passe à 38 ans un examen pour devenir expert automobile.
« Partir de zéro en 1945 m’a obligé à me battre un peu partout pour vivre. J’ai une petite maison à moi, gagnée à la sueur de mon front. J’y suis heureux. Je n’ai pas besoin d’un château », précisait l’ancien combattant au regard incisif sur le monde.
Vivant à Ouistreham (ouest) depuis les années 1990, Léon Gautier se bat inlassablement « pour la paix » et la mémoire.
« La paix, faut pas la reperdre. Dans ses choix, il faut être très vigilant. Les Allemands ont suivi Hitler comme des moutons de Panurge. Ça peut nous arriver », proclamait-il.
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