Le concours de Miss Israël n’aura plus lieu
Depuis 70 ans, le concours aura permis de lancer bien des carrières, mais l’opinion est aujourd’hui très divisée sur la pertinence de ce type d’événement
Le concours de Miss Israël n’aura pas lieu cette année, mettant fin à une tradition qui remonte à 1950. Et par conséquent, Israël n’enverra pas de représentante au concours international de Miss Univers, qui se tiendra en janvier aux États-Unis.
La décision des organisateurs du concours israélien, discrètement annoncée la semaine passée, a suscité des réactions de la part d’anciennes gagnantes, allant du regret aux félicitations.
Ces dernières années, le concours avait été décrié pour le jugement fait des femmes sur leur seule apparence physique.
Sella Sharlin, Miss Israël 2019, a déclaré vendredi à Radio 103FM : « Je dirais que ce concours, pour ceux qui ne le connaissent bien, a ouvert énormément de portes à ses gagnantes. »
Elle a évoqué ce que sa victoire lui avait permis de faire, et notamment
« les conférences que j’ai pu donner aux jeunes. J’ai fondé un groupe d’associations qui s’occupent de l’éducation financière des jeunes. »
« En fin de compte, ce concours confère une visibilité et une place aux femmes pour diriger, initier des projets et pas nécessairement parler de beauté », a précisé Sharlin.
Elle pense que le concours aurait pu davantage évoluer, en supprimant par exemple le défilé en maillots de bain et en mettant davantage l’accent sur « le fait de se tenir devant un public, s’exprimer, diriger les choses, laisser de la place au pouvoir féminin. Pas seulement à leur beauté ou à leur apparence. »
Sharlin, qui faisait partie du jury du dernier concours, a déclaré que des changements avaient été apportés pour être plus en phase avec le monde actuel, tout en admettant qu’ils n’avaient pas été suffisants.
Sivan Klein, gagnante du concours 2003 devenue animatrice de télévision sur la Douzième chaîne, s’est dite favorable à l’annulation du concours.
Dans une vidéo publiée sur le site Internet de la Douzième chaîne, elle s’est félicitée de cette décision, assurant que s’il avait un jour présenté de l’intérêt, il était aujourd’hui dépassé.
« La reine Elizabeth est morte, et aujourd’hui c’est le concours de reine de beauté que l’on enterre », a-t-elle déclaré.
« Le temps n’est plus aux reines, mais c’est sans doute mieux pour les femmes. »
Évoquant la diversité ethnique des précédentes lauréates et le parcours de certaines, elle a déclaré : « Il y avait parmi elles de vraies reines, indépendamment de leur beauté, et les organisateurs pensaient vraiment qu’il était important d’autonomiser les femmes, mais bon… A notre époque, cela ne correspond plus à rien. »
Ce concours, a-t-elle dit, est « superficiel. On pose des questions intelligentes à des femmes intelligentes, en bikini. On leur met une couronne sur la tête, qui en même temps est un plafond. »
Linor Abargil, couronnée en 1998 et devenue avocate et actrice, tout en embrassant un judaïsme orthodoxe qui valorise l’apparence modeste des femmes, a déclaré sur Instagram, la semaine passée, qu’il était plus que temps de mettre un terme à ce concours.
« Une femme n’est pas qu’un corps ou un visage et personne ne devrait avoir le droit de nous critiquer, ou d’évaluer notre poids pour décider s’il est conforme à ce que demande le marché ! », a-t-elle écrit.
« Les gens changent, le monde change, on peut dire que l’on a eu tort et passer à un monde où les femmes sont considérées, du fait de qui elles sont, et non de quoi que ce soit d’autre. »
L’équipe organisatrice de Miss Israël a déclaré dans un communiqué
mardi : « Nous ne participerons pas au concours de Miss Univers cette année. »
Traditionnellement, les gagnantes du concours israélien représentaient leur pays au concours de Miss Univers.
Israël a accueilli le concours de Miss Univers l’an dernier dans la station balnéaire d’Eilat, dans le sud du pays.