Le Congrès juif mondial, très déçu du contenu du musée hongrois de la Shoah
Le musée ignorerait le rôle joué par la société hongroise et ses autorités dans la déportation des juifs hongrois, a déclaré le président du Congrès juif mondial

Dans un communiqué de presse, le Congrès juif mondial, organisation internationale représentant les communautés juives d’une centaine de pays, a dit être déçue par le contenu envisagé pour un musée de l’Holocauste à Budapest, qui doit ouvrir en 2019.
Celui-ci ignorerait le rôle joué par la société hongroise et ses autorités dans la déportation des juifs hongrois, a déclaré Ronald S. Lauder, président du Congrès juif mondial (CJM).
« En tant qu’individu qui s’est fortement engagé à tous les niveaux dans la renaissance de la Hongrie après l’effondrement du communisme et qui a des racines profondes avec le pays, il est particulièrement bouleversant pour moi de constater ce qui semble être un retournement de cerveau », a déclaré Lauder.
« Il est particulièrement troublant que dans la soi-disant ‘Maison des destins’, un musée apparemment dédié aux victimes de la Shoah en Hongrie, l’identité des coupables [de la Shoah] soit laissée floue et que la complicité hongroise, à commencer par la promulgation de lois anti-juives en 1938, soit ignorée », a-t-il ajouté.

« Au fil des ans, j’ai établi une relation constructive avec le Premier ministre Viktor Orban et je suis attristé par le fait que cette distorsion de l’Histoire se poursuive malgré son attachement manifeste au bien-être de la communauté juive en Hongrie », a-t-il annoncé, malgré les nombreuses accusations d’antisémitisme visant Orban et son gouvernement d’extrême droite.
« Le gouvernement hongrois, qui a démontré une amitié inébranlable avec l’État d’Israël [Orban a visité le pays en juillet dernier], mérite d’être récompensé pour ses démarches constructives, souvent menées en coopération avec le CJM, notamment en dénonçant l’antisémitisme au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, en rendant un hommage sans précédent à un héros de la Shoah avant le match de qualification de l’UEFA Europa League et en soutenant la rénovation de la synagogue de la rue Rumbach. Quand j’ai fondé l’école Lauder-Javne à Budapest et le camp d’été Lauder-Szarvas, j’ai obtenu un fort soutien de la part du gouvernement dans la promotion des intérêts de la communauté juive locale. »
« Nous recommandons vivement que la Maison des destins soit placée sous la supervision d’un organisme international, comme Yad Vashem, le Musée de l’Holocauste des États-Unis et peut-être plus important encore, la Fédération des communautés juives hongroises Mazsihiz, qui a été mis à l’écart dans la création du musée malgré une assurance du contraire. »
« Le CJM est prêt à travailler avec le gouvernement hongrois et Mazsihiz, notre communauté affiliée, afin de veiller à ce que la Maison des destins reflète l’histoire authentique de la Shoah en Hongrie », a conclu Lauder.
Plus tôt ce mois-ci, il a été annoncé que la communauté locale du Habad devenait partenaire du musée.
Yad Vashem et la Fédération des communautés juives hongroises Mazsihisz ont précédemment critiqué la nomination de l’historienne Maria Schmidt à la tête de la Maison des destins. Schmidt a affirmé que le nazisme n’était pas pire que le communisme soviétique – un discours soutenu par des nationalistes à travers l’Europe de l’est.
Mazsihisz a également accusé le gouvernement hongrois de développer l’antisémitisme avec des affiches de campagne virulentes contre George Soros, un milliardaire juif né en Hongrie avec lequel le gouvernement s’est opposé en raison de son projet visant soi-disant à renforcer l’immigration en Europe.