Le Crif et 40 élus français s’opposent au renouvellement du mandat de Francesca Albanese à l’ONU
La rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'Homme dans les territoires palestiniens a multiplié les déclarations « à charge contre Israël » et souvent jugées antisémites, depuis le pogrom du 7 octobre qu'elle a justifié

Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), a demandé à ce que le mandat de Francesca Albanese en tant que Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens ne soit pas renouvelé après sa date butoir, fixée au 1er avril prochain, l’accusant « d’antisémitisme », de « complotisme » et « d’apologie du terrorisme ».
Dans un message publié sur son compte X personnel le 28 mars 2025, Arfi accuse Albanese de s’être « illustrée par des propos antisémites et complotistes répétés, sa légitimation des attaques terroristes du 7-Octobre et par des comparaisons indécentes avec la Shoah ».
Il rappelle notamment que le 7 octobre 2023, jour du pogrom perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël qui a fait plus de 1 200 victimes, en grande majorité des civils, et date du début de la détention de 251 otages israéliens retenus par le groupe terroriste dans la bande de Gaza, l’avocate d’origine italienne avait, bien que « condamné sans équivoque les attaques contre des civils », tenu à replacer « la violence d’aujourd’hui dans son contexte », celui d’une « domination militaire hostile » israélienne sur la population palestinienne. Une remarque que le Crif estime relever de « l’apologie du terrorisme ».
De même, le 10 février 2024, soit deux jours après l’hommage rendu aux Invalides par la France aux victimes du 7 octobre au cours duquel le président Emmanuel Macron a qualifié l’attaque du Hamas de « plus grand massacre antisémite de notre siècle », Albanese l’a interpellé sur son compte X, estimant que « les victimes du 7 octobre n’ont pas été tuées à cause de leur judaïsme, mais en réaction de l’oppression d’Israël ».
En conséquence, « nous appelons la France et les États membres du Conseil des Droits de l’Homme [de l’ONU] à s’opposer à une nouvelle nomination de Madame Albanese », a appelé Yonathan Arfi.
Antisémitisme, complotisme, apologie du terrorisme… : le mandat de Francesca Albanese ne doit pas être reconduit !
Le mandat de la Rapporteuse spéciale de l'ONU sur la situation des droits de l'Homme dans les territoires palestiniens se termine le 1er avril.
Francesca… pic.twitter.com/IWNwTkKa5F
— Yonathan Arfi (@Yonathan_Arfi) March 28, 2025
Tout au long de la guerre à Gaza, qu’Israël a lancé en représailles au pogrom du 7 octobre, Francesca Albanese a multiplié les propos polémiques anti-Israël, qualifiant notamment la campagne militaire israélienne à Gaza de « génocide », un terme sur lequel la Cour pénale internationale, saisie par l’Afrique du Sud, n’a pas encore statué.
En novembre 2024, Albanese a estimé que « le jour où Israël a été attaqué, il avait tous les droits de se défendre, de protéger ses citoyens sur son territoire et de repousser l’attaque par toutes les mesures nécessaires et proportionnelles », mais que « Israël n’avait pas le droit de mener une guerre contre les Palestiniens de Gaza ».
Un mois plus tôt, l’ambassade israélienne auprès de l’ONU à Genève avait accusé Albanese de répandre la « haine » contre Israël. « Francesca Albanese n’est rien d’autre qu’une militante politique qui abuse d’un mandat déjà discriminatoire de l’ONU. Elle répand régulièrement des propos antisémites, protège et encourage le terrorisme et déforme la loi », accuse encore la mission israélienne, qui réitère sa demande mainte fois formulée que la rapporteuse soit limogée », avait-elle déclaré le 30 octobre 2024.
Accusée de « partialité », la rapporteuse spéciale s’était vue retirer l’invitation du Parlement néerlandais à lui permettre de s’exprimer devant les députés en février dernier.
En janvier, l’envoyée américaine pour la lutte contre l’antisémitisme, Deborah Lipstadt, avait affirmé que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, aurait qualifié Francesca Albanese « d’horrible personnage ».

Le Crif n’est pas le seul à demander à ce que le mandat d’Albanese ne soit pas reconduit au-delà du 1er avril. Une quarantaine de députés français de la majorité présidentielle, dont la députée des Français de l’étranger de la circonscription à laquelle appartient Israël, Caroline Yadan.
Sur X, celle-ci a partagé la lettre adressée au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, de s’opposer au renouvellement du mandat d’Albanese « au nom de la France ».
Nous, députés, demandons solennellement à Monsieur le Ministre des affaires étrangères @jnbarrot de s'opposer fermement à la
reconduction de Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires
palestiniens, du fait de ses
propos haineux renouvelés à l'égard… https://t.co/7OLlwPRl2n pic.twitter.com/npHHuM9Euw— Caroline Yadan (@CarolineYADAN) March 29, 2025
Évoquant des « prises de position polémiques, souvent marquées par une rhétorique radicale, des comparaisons inappropriées et une posture perçue comme systématiquement à charge contre l’État d’Israël », les députés estiment que l’attitude de la rapporteuse spéciale contrevient à la « crédibilité » et à la « légitimité » de son mandat.