Le docteur qui a dénoncé les sévices infligés à un détenu se confie
Dr. Yoël Donchin a examiné des terroristes détenus à Sde Teiman et confirme avoir vu des signes d'abus mais selon lui, les Israéliens seraient incapables de tels actes
Un médecin qui a travaillé au centre de détention de Sde Teiman a déclaré qu’il ne serait absolument pas passer à côté des signes d’abus sexuels graves qu’il a dit avoir constaté sur un détenu palestinien suspecté de terrorisme qu’il avait récemment examiné à la base de l’armée israélienne située dans le sud d’Israël.
S’adressant à la chaîne publique Kann dans une interview diffusée vendredi soir, Dr. Yoël Donchin a confirmé un rapport médical selon lequel le détenu s’était présenté à l’hôpital de campagne avec des côtes cassées et des signes d’abus physiques sur de multiples os. Il a également confirmé qu’un objet rond avait été inséré profondément dans le rectum du détenu, provoquant une déchirure de l’intestin inférieur et des lésions à l’un des poumons qui ont nécessité une intervention chirurgicale d’urgence.
Au cours de la semaine écoulée, dix réservistes ont été arrêtés parce qu’ils étaient soupçonnés d’avoir infligé des mauvais traitements au terroriste présumé ; huit d’entre eux sont toujours en détention.
Selon Tsahal, les soldats sont soupçonnés de sodomie aggravée (un chef d’accusation équivalent au viol), d’atteinte à l’intégrité physique dans des circonstances aggravées, d’abus dans des circonstances aggravées et de conduite indigne d’un soldat.
L’anesthésiste a déclaré à Kann que, bien qu’il se soit senti obligé, en tant que médecin, de signaler les signes d’abus, il ne lui était jamais venu à l’esprit que le détenu avait été torturé par ses gardiens israéliens.
« Tout comme je le ferais si un enfant ou une femme se présentait à l’hôpital avec des signes de maltraitance, dans ce cas, nous avons eu l’impression qu’il s’agissait d’un incident qui devait être signalé », a-t-il expliqué.
« La première chose qui m’est venue à l’esprit, c’est que les autres prisonniers avaient […] Comme si, nous [les Israéliens] ferions quelque chose comme ça ?! »
« Si c’est un grand criminel de la Nukhba [l’unité dite « d’élite » en arabe du groupe terroriste palestinien du Hamas] et qu’il a tué des gens, il devra répondre de ses actes, mais je ne suis pas le juge », a insisté le médecin, qui a dit avoir été critiqué à la fois pour ses signalements et pour avoir soigné des terroristes présumés.
À la suite de l’interview de Donchin et d’une enquête ultérieure, les réservistes ont été arrêtés par des inspecteurs masqués de la police militaire à Sde Teiman lundi.
Après les arrestations, des militants d’extrême droite et des députés ont fait irruption dans la base et ont manifesté, puis ont pris d’assaut la base de Beit Lid où les suspects étaient détenus et interrogés.
Le médecin a également déclaré à Kann que, bien qu’il ait vu des cas de « blessures causées par des liens à glissière » utilisés comme menottes, comme l’avait rapporté un reportage d’investigation de CNN diffusé au mois de mai, il n’avait pas vu d’autre cas d’abus aussi grave lors de sa mission à l’installation de Sde Teiman.
Le reportage de CNN s’est basé sur les témoignages de trois dénonciateurs israéliens ayant séjourné à Sde Temian, ainsi que sur ceux d’anciens détenus, qui ont fait état d’abus généralisés à l’encontre des détenus, notamment d’un recours extrême aux contraintes physiques, d’amputations dues à l’utilisation prolongée de menottes, de passages à tabac, de négligence médicale, de punitions arbitraires et de traitements humiliants et dégradants, tels que le refus de l’accès aux toilettes.
Israël a détenu des milliers de Palestiniens depuis l’incursion du Hamas et les massacres du 7 octobre, et notamment des terroristes capturés en Israël après le pogrom, des terroristes capturés à Gaza pendant les opérations de Tsahal, ainsi que d’autres personnes soupçonnées d’avoir des liens avec des groupes terroristes ou des activités terroristes. De nombreux « combattants » illégaux de Gaza ont été emmenés à Sde Teiman.
Les réservistes soupçonnés d’abus sexuels présumés appartiennent à la Force 100, une unité de contrôle des émeutes dans les prisons de la police militaire qui s’occupe également des transferts de prisonniers de sécurité entre les différents centres de détention.