Le fils de Yoram Metzger refuse que des soldats soient mis en danger pour récupérer son corps
Rani Metzger demande au Premier ministre de faire de la restitution des otages vivants sa première priorité ; sinon, dit-il, "Israël aura honte pour toujours"
Le fils d’un otage israélien dont on a appris lundi qu’il était mort dans les geôles du groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza a exigé mardi qu’Israël ne mette aucun soldat en danger pour récupérer le corps de son père.
« Nous ne risquons pas la vie des gens pour un corps », a déclaré Rani Metzger, le fils de Yoram Metzger – qui a été tué en captivité à l’âge de 80 ans, après avoir été enlevé par le Hamas chez lui au kibboutz Nir Oz le 7 octobre -, au nom de la famille. « Nous voulons que l’armée rapatrie son corps, mais nous ne sommes pas prêts, de quelque manière que ce soit, à mettre des soldats en danger. »
« Nous l’avons dit à ceux qui prennent les décisions, et nous attendons d’eux qu’ils s’y tiennent », a déclaré Metzger lors d’une interview accordée à la Douzième chaîne, ajoutant : « Nous comprenons qu’il y a d’autres familles qui veulent peut-être autre chose. »
La veuve de Yoram, Tami Metzger, 78 ans, qui avait été enlevée en même temps que son époux, a été libérée fin novembre lors d’un cessez-le-feu d’une semaine qui a vu la libération de 105 otages civils en échange de centaines de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël.
« Malheureusement pour nous, l’échange ne s’est pas poursuivi », a déploré Rani à propos de cette trêve. « Ceux qui ont pris la décision de mettre fin à l’échange pourraient très bien être à l’origine du non-retour de mon père. Il était possible de sauver de nombreuses personnes. »
Il resterait toujours 120 des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre à Gaza, mais des dizaines d’entre eux seraient morts. Trois otages ont été sauvés vivants par les troupes, et les corps de 19 otages ont également été retrouvés, dont trois ont été tués par erreur par l’armée.
Israël a confirmé la mort de Yoram et de trois autres otages – Haïm Peri, 79 ans, Amiram Cooper, 84 ans, et Nadav Popplewell, 51 ans – lundi, citant de nouvelles découvertes des services de renseignement.
« Nous estimons que les quatre ont été tués ensemble, dans la région de Khan Younès, il y a plusieurs mois, alors qu’ils étaient détenus par des terroristes du Hamas et que les soldats de l’armée israélienne opéraient à Khan Younès », a déclaré le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari.
En décembre, le groupe terroriste palestinien a émis une vidéo de propagande montrant Haïm, Amiram et Yoram, et a affirmé en mars que les trois otages avaient été tués par des frappes israéliennes.
Haïm a été vu dans une autre vidéo de propagande en mai, manifestement des semaines après avoir été assassiné.
Interrogé sur les circonstances de la mort de son père, Rani a déclaré qu’elles « nous intéressent assurément. Il est important pour nous de savoir ce qui est arrivé à papa, jusqu’au dernier moment ».
Metzger a déclaré qu’il ne blâmait pas l’armée pour la mort de son père : « Je n’ai aucune colère contre l’armée. Pour moi, il n’est pas important de savoir si cela s’est passé dans telles ou telles circonstances. Le Hamas a enlevé mon père de sa maison, l’a assassiné et a conservé son corps. Il n’y a pas de version israélienne à cette histoire. »
Mais, selon Rani, il est de la responsabilité du gouvernement d’assurer le retour des otages. « Mon père et ses amis ont vécu au moins quatre mois », a-t-il déclaré. « Il était possible de les sauver, il était possible de les ramener. Si quiconque choisit l’objectif de la guerre plutôt que celui du retour des otages, le résultat est très simple : ils mourront. »
« J’ai entendu quelqu’un l’exprimer », a raconté Rani. Il a dit : « Ce n’est pas terrible, le nombre d’otages à ce jour est comme une collision entre deux bus. »
Rani, dont la famille participe activement au mouvement de protestation visant à faire pression sur le gouvernement pour qu’il accepte un accord sur les otages avec le Hamas, rejette les affirmations selon lesquelles le mouvement est politique : « Il n’y a pas de politique ici, il y a une grande douleur », a-t-il déclaré.
« Comment peut-on qualifier cela de politique ? Il y a le Premier ministre, c’est à lui qu’il faut s’adresser. Nous sommes en colère contre lui lorsqu’il ne fait rien, nous sommes en colère contre lui lorsqu’il sabote le sujet. Mais nous le soutenons à 100 % s’il conclut un accord. S’il conclut un accord, nous le soutiendrons. Il n’y a donc pas de politique ici. »
Interrogé sur le message qu’il voulait adresser aux Israéliens, Rani a répondu : « Retournez à vos origines juives. Revenez à la nation d’Israël. Recommencez à soutenir ces gens qui souffrent, les communautés entières qui ont été détruites, les familles des otages. Arrêtez de nous insulter dans la rue. C’est inacceptable, c’est inapproprié. »
« Ne restez pas les bras croisés », a-t-il ajouté. « Des jeunes filles sont violées en captivité. Des soldats sont torturés. Des personnes âgées vivent des souffrances indescriptibles, sont en enfer. Nous ne pouvons pas les abandonner. »
« Si nous ne les ramenons pas tous, jusqu’au dernier, Israël aura honte pour toujours », a-t-il ajouté. « Descendez dans la rue, exigez du gouvernement qu’il atteigne cet objectif. Le Premier ministre a besoin de vous derrière lui. Il est menacé par certains ministres de son gouvernement. »
Netanyahu est soumis à des pressions de la part de la communauté internationale et de certains Israéliens pour qu’il s’efforce d’approuver un accord avec le Hamas, en vertu duquel Israël accepterait un cessez-le-feu permanent à Gaza et libérerait des prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël en échange de la restitution par le groupe terroriste des otages restants.
Des membres d’extrême droite de sa coalition ont menacé de renverser le gouvernement si un tel accord était conclu.