Le fondateur de l’ONG islamique BarakaCity en garde à vue pour cyberharcèlement
BarakaCity fait partie des associations jugées par les autorités comme "proches de l'islamisme radical", et dans leur collimateur depuis l'assassinat de Samuel Paty
Le président de l’ONG islamique BarakaCity, Driss Yemmou, actuellement visée par une procédure de dissolution en France, a été placé en garde à vue mercredi, soupçonné de harcèlement en ligne d’une ex-journaliste de Charlie Hebdo, a appris l’AFP de sources concordantes.
BarakaCity fait partie des associations jugées par les autorités comme « proches de l’islamisme radical », et dans leur collimateur depuis l’assassinat d’un enseignant vendredi dans un attentat islamiste.
Driss Yemmou, dit Idriss Sihamedi, s’est présenté mercredi matin à la police judiciaire parisienne pour être entendu dans le cadre d’une enquête après une plainte de Zineb El Rhazoui, ex-collaboratrice du journal satirique.
La semaine dernière, M. Sihamedi avait été placé en garde à vue dans le cadre d’une autre enquête pour harcèlement en ligne, cette fois après la plainte le 18 septembre d’une chroniqueuse de la radio RMC, Zohra Bitan. Elle faisait état de « 120 tweets diffamatoires » publiés sur son compte Twitter par M. Sihamedi.
Ce dernier avait pris à partie les deux femmes auxquelles il reproche leurs critiques de l’islam dans les médias.
Dans cette première affaire, il a été libéré sous contrôle judiciaire le 15 octobre et convoqué au tribunal correctionnel d’Evry, en région parisienne, le 4 décembre.
Cette nouvelle garde de vue de M. Sihamedi intervient le jour-même où le gouvernement a engagé une procédure de dissolution de son ONG.
« Le contexte de cette procédure, son timing millimétré et le délai de 5 jours imparti pour répondre aux observations sur la dissolution de BarakaCity n’est pas anodin », a réagi auprès de l’AFP l’avocat de M. Sihamedi, Me Samym Bolaky. « Le climat est évidemment politique et nous le dénonçons ».
Le ministère de l’Intérieur, dans sa notification de demande de dissolution administrative envoyée mardi soir à M. Sihamedi, évoque des « messages publiés en ligne depuis les comptes de l’association ou (ceux de son président) » qui « provoquent de très nombreux commentaires hostiles à l’Occident, à la laïcité, aux francs-maçons ou encore aux musulmans qui ne partagent pas la conception de l’islam promue par l’association ». Il est également fait état de commentaires antisémites après ces messages.
Me William Bourdon et Vincent Brengarth, qui défendent l’ONG, ont dénoncé sur Twitter « l’indigence des motifs construits de toutes pièces par l’administration pour discréditer l’association ».