Le fossé éducatif entre Juifs et Arabes se referme
En prenant en compte le niveau socio-économique, l’écart est "bien plus petit" qu’auparavant, selon une étude du Taub Center for Social Policy Studies
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
En dépit d’une inégalité de budgets persistante, les écarts considérables en termes de niveau d’instruction entre les systèmes éducatifs juifs et arabes « se sont pratiquement refermés », d’après une étude israélienne indépendante publiée mercredi.
Parmi les améliorations listées dans l’étude, on retrouve une nette augmentation d’Arabes israéliens inscrits à tous les niveaux d’études, et qui passent leurs examens de fin d’études, ainsi que des résultats améliorés.
Selon l’étude, publiée par le Taub Center for Social Policy Studies, un institut israélien de recherche indépendant, l’année scolaire 2016 a vu une nette augmentation des résultats en mathématiques, une augmentation moyenne en anglais, pour les examens Meitzav de fin d’école primaire.
L’examen de fin de collège, l’écart est encore plus étroite en sciences et en technologie ; mais l’écart en mathématique s’est creusé, et l’écart en anglais reste inchangé.
L’une des zones d’amélioration les plus flagrantes dans les communautés arabes israéliennes est le pourcentage d’élèves qui passent leurs examens de fin d’études.
Aujourd’hui, 81 % des élèves arabes israéliens passent ces examens, contre 84 % des élèves juifs. Dans le secteur druze, ce nombre grimpe jusqu’à 90 %.
Seuls 50 % des étudiants arabes, 62 % des étudiants juifs, et 66 % des étudiants druzes qui passent ces examens obtiendront leur certificat de fin d’études, nécessaire pour poursuivre des études supérieures en Israël.
Les résultats sur le long-terme sont clairs. Ces dernières années, de plus en plus d’Arabes israéliens fréquentent les universités, en Israël et à l’étranger, indique l’étude.
Plus d’élèves, plus d’enseignants
Depuis 1990, le taux de scolarisation a augmenté de 90 à 97 % dans la communauté juive, et de 63 à 93 % dans la communauté arabe israélienne. Le taux de scolarisation des filles dans la communauté arabe israélienne est passé de 59 à 94 %.
En dépit de ces progrès, en 2015, dans la population arabe israélienne, seuls 36 % des 25-34 ans avaient, à leur actif, plus de 13 années de scolarité, contre 72 % des jeunes juifs de la même tranche d’âge.
Mais cela pourrait également changer. L’étude montre qu’à chaque étape du système éducatif, la communauté arabe israélienne a plus d’enseignants diplômés d’universités que n’en a la communauté juive.
L’auteur du rapport, Nachum Blass, a déclaré au Times of Israel que cela s’explique par le fait qu’il y a beaucoup plus d’Arabes israéliens qui suivent une formation pour enseignants que de citoyens juifs.
La proportion d’enseignants titulaires d’un master dans la communauté arabe israélienne a rapidement augmenté, et avoisine celle des enseignants juifs. Dans l’éducation post-primaire cependant, il subsiste des écarts importants, avec 29 % dans le secteur arabe israélien et 43 % dans le secteur juif.
Selon le rapport, le gouvernement dépense environ 20 000 shekels par élève d’école primaire dans le secteur juif, contre 16 000 dans le secteur arabe.
Le rapport précise, cependant, que ces dernières années, le budget pour les élèves arabes a augmenté plus rapidement que celui des élèves juifs. Blass a expliqué que ces améliorations étaient probablement dues à un mélange entre la politique du gouvernement et des changements dans la société israélienne.
Le rapport indique que les résultats des efforts du ministère de l’Éducation, pour réduire le nombre d’étudiants dans les classes, a été une réussite dans le secteur arabe, faisant baisser les effectifs de 31 à 28 élèves par classe. En 2015, le nombre d’élèves par classe dans les écoles primaires arabes israéliennes et les collèges était inférieur aux effectifs dans le secteur juif, et n’augmente que dans les lycées, selon l’étude.
Le facteur de différence est socio-économique
Bien que les récentes études aient mis en évidence les fossés dans le secteur de l’éducation entre Juifs et Arabes, Blass a expliqué qu’une fois que l’on prend en compte le niveau socio-économique, les différences étaient bien moins importantes.
« Quand vous prenez l’ensemble du secteur arabe, comparé à l’ensemble du secteur juif, il y a d’importantes différences. Mais une fois que l’on regarde de plus près les accomplissements, et que vous neutralisez les contextes socio-économiques, les différences sont bien plus petites », dit-il.
Par exemple, sans prendre en compte le niveau socio-économique, sur les dix dernières années, il y avait un écart de 26 points pour l’examen d’anglais de fin de primaire, et 63 points d’écart pour l’examen de fin de collège. Cependant, quand on catégorise les élèves en 3 groupes – classe aisée, classe moyenne et classe défavorisée, l’écart se resserre.
Dans le groupe socio-économique le plus bas, il y avait un écart de 14 points à l’examen de fin de primaire en anglais, et de 33 points en fin de collège. Pour la classe moyenne, les résultats des élèves arabes israéliens surpassaient parfois ceux des élèves israéliens.
Bien que les arabes représentent près de 20 % des 8 millions de citoyens israéliens, ils représentent 53,3 % des familles défavorisées, selon le rapport annuel de l’Institut de Sécurité sociale de 2016.
Pour conclure ses résultats, Blass écrit que « l’écart considérable dans la réussite des élèves Juifs et des élèves arabes peut s’expliquer, dans une mesure importante, par leur niveau socio-économique, et si nous voulons réduire cet écart, nous devrions nous concentrer davantage sur les questions d’ordre socio-économiques. »