Le Hamas appelle à un cessez-le-feu à Gaza après celui conclu au Liban
Le groupe terroriste se dit prêt pour un "accord sérieux" et accuse Israël de ne pas progresser
Le groupe terroriste palestinien du Hamas a indiqué mercredi qu’il était prêt pour une trêve à Gaza, alors que son principal allié, le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, semble déposer les armes après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu avec Israël, laissant de fait le groupe terroriste de Gaza combattre seul.
« Nous avons informé les médiateurs en Égypte, au Qatar et en Turquie que le Hamas était prêt à conclure un accord de cessez-le-feu et un accord sérieux d’échange de prisonniers [palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël] », a déclaré un haut responsable du Hamas à l’agence de presse AFP, tout en accusant Israël d’entraver la conclusion d’un accord.
Le Hezbollah, qui a commencé à tirer des roquettes sur Israël le 8 octobre 2023, un jour après le pogrom perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël, qui a fait plus 1 200 morts et au cours duquel 251 otages de tous âges ont été enlevés et emmenés de force à Gaza, avait initialement juré qu’il ne cesserait pas de combattre Israël tant qu’il n’y aurait pas d’accord de cessez-le-feu à Gaza.
L’Iran, principal soutien des deux groupes terroristes, a également déclaré qu’il saluait le cessez-le-feu au Liban et qu’il ne le liait pas à Gaza.
Israël a déclaré que l’un des principaux résultats du cessez-le-feu au Liban était de rompre le lien entre les deux fronts.
Un haut responsable du Hamas a tenté de minimiser les effets de la signature d’un accord distinct par le Hezbollah.
« Le Hamas apprécie le droit du Liban et du Hezbollah à conclure un accord qui protège le peuple libanais et nous espérons que cet accord ouvrira la voie à la conclusion d’un accord mettant fin à la guerre de génocide contre notre peuple à Gaza », a déclaré Sami Abu Zuhri à l’agence Reuters.
Abu Zuhri a rejeté la responsabilité des échecs précédents à conclure un accord de cessez-le-feu qui mettrait fin à la guerre de Gaza sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a accusé à maintes reprises le Hamas de faire échouer les efforts.
« Le Hamas a fait preuve d’une grande souplesse pour parvenir à un accord, et il est toujours attaché à cette position et désireux de parvenir à un accord qui mette fin à la guerre à Gaza », a déclaré Abu Zuhri.
« Le problème a toujours été celui de Netanyahu, qui s’est toujours soustrait à la conclusion d’un accord », a-t-il affirmé.
Des mois de tentatives de pourparlers d’un cessez-le-feu n’ont donné lieu qu’à de maigres progrès et les négociations sont désormais suspendues, le Qatar, médiateur, ayant déclaré aux deux parties belligérantes qu’il suspendait ses efforts jusqu’à ce que les parties soient prêtes à faire des concessions.
La semaine dernière, de hauts responsables de la défense israélienne ont déclaré qu’il y avait des signes émergents que le Hamas était désormais ouvert à un accord qui n’inclurait pas la fin complète de la guerre et le retrait total d’Israël, une exigence qui avait torpillé les efforts précédents pour parvenir à un accord.
D’autres responsables israéliens ont toutefois contesté cette évaluation.
La situation va empirer
À l’intérieur de la bande de Gaza, certains Palestiniens ont exprimé l’espoir prudent que l’accord avec le Liban pourrait être un précurseur de la fin des combats dans l’enclave. Toutefois, d’autres ont déclaré qu’ils se sentaient abandonnés et qu’ils craignaient les conséquences du retour d’Israël à Gaza.
« La situation sera pire, car la pression sera plus forte sur Gaza », a déclaré à l’Associated Press Mamdouh Yonis, qui vit actuellement à Khan Younès après avoir été déplacé de la ville méridionale de Rafah.
« Ils acceptent un cessez-le-feu à un endroit et pas à l’autre ? Ayez pitié des enfants, des personnes âgées et des femmes. Nous sommes assis dans des tentes et maintenant c’est l’hiver », a déclaré Ahlam Abu Shalabi, une femme déplacée de la ville de Gaza.
Plus de 44 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël dit avoir tué 18 000 terroristes au combat. Tsahal affirme également avoir tué un millier de terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre 2023. Dans son discours de mardi soir, Netanyahu parlait de 20 000 terroristes tués.
L’armée israélienne affirme prendre « de nombreuses mesures » pour minimiser les atteintes aux civils et souligne que le groupe terroriste viole systématiquement le droit international et exploite brutalement les institutions civiles et la population comme bouclier humain pour ses activités de terrorisme, en combattant depuis des zones civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.
Une pression accrue
Mardi, alors qu’il annonçait qu’Israël avait accepté l’accord avec le Liban, Netanyahu a indiqué que Tsahal renforcerait la pression sur Gaza, soulignant que l’une des principales « raisons d’avoir un cessez-le-feu est de séparer les fronts et d’isoler le Hamas ».
« Depuis le deuxième jour de la guerre, le Hamas compte sur le Hezbollah pour combattre à ses côtés. Le Hezbollah n’étant plus là, le Hamas est livré à lui-même. Nous allons accroître notre pression sur le Hamas et cela nous aidera dans notre mission sacrée de libérer nos otages », a déclaré Netanyahu.
« À Gaza, nous avons démantelé les bataillons du Hamas et tué près de 20 000 terroristes. Nous avons éliminé [le chef du Hamas Yahya] Sinwar, nous avons tué [le chef de la branche armée Muhammad] Deif, nous avons tué de hauts responsables du Hamas et nous avons ramené 154 otages. Nous sommes déterminés à les ramener tous chez eux, les 101 otages qui se trouvent encore à Gaza, ceux qui sont encore en vie comme les morts, et à mettre fin à la terrible angoisse de leurs familles. Nous sommes bien sûr déterminés à achever l’anéantissement du Hamas. »
En Israël, les espoirs des familles d’otages de voir Israël agir rapidement pour conclure un accord avec le Hamas ont été douchés lorsque le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a juré qu’il opposerait son veto à tout accord prévoyant la libération massive de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël en échange des otages.
Ben Gvir et son collègue ultra-nationaliste, Bezalel Smotrich, menacent depuis longtemps de faire tomber le gouvernement plutôt que d’autoriser un accord sur Gaza, et font pression pour qu’Israël occupe la bande de Gaza et y rétablissent éventuellement des implantations.
On estime que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Le groupe terroriste palestinien détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats tués en 2014.