La moitié des habitants de Gaza pourraient être « encouragés » à partir dans les deux prochaines années, dit Smotrich
Une fois l'initiative mise en œuvre avec succès dans la bande de Gaza, elle pourra être reproduite en Cisjordanie, a affirmé le ministre d'extrême-droite
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a déclaré lundi qu’Israël devrait occuper Gaza et « encourager » la moitié des 2,2 millions de Palestiniens de la bande à émigrer dans les deux prochaines années.
S’exprimant lors d’une conférence organisée par le Conseil de Yesha, l’organisation-cadre qui représente les implantations israéliennes de Cisjordanie, Smotrich a dit : « Il est possible de créer une nouvelle réalité, avec une population de Gaza qui aura baissé de moitié en l’espace de deux ans ».
« Cela ne coûtera pas trop d’argent », a-t-il affirmé, ajoutant que « même si c’est le cas, nous ne devrions pas avoir peur de payer pour une telle initiative ».
« C’est le seul moyen », a-t-il continué. « Nous pouvons occuper Gaza et réduire la population de moitié en deux ans » grâce à une stratégie « d’encouragement de l’émigration volontaire ».
Les détracteurs de la politique « d’émigration volontaire » – une politique également vantée par le ministre d’extrême-droite Itamar Ben Gvir, qui siège au sein du gouvernement aux côtés de Smotrich – affirment qu’il s’agit d’un euphémisme pour désigner un déplacement forcé, soit un crime de guerre.
« Occuper Gaza n’est pas un gros mot », a expliqué Smotrich dans la journée de lundi. « Si le coût du contrôle de la sécurité est de cinq milliards de shekels, je l’accepterais à bras ouverts ».
« Si c’est ce qu’il faut pour assurer la sécurité d’Israël, alors qu’il en soit ainsi », a-t-il ajouté.
Il a ainsi semblé faire référence aux préoccupations exprimées par les membres des services de sécurité israéliens ainsi que par les officiels du Trésor – qui ont mis en garde contre les conséquences énormes qu’une occupation de Gaza aurait sur l’économie israélienne.
Smotrich a insisté sur le fait que la seule façon de vaincre le Hamas était de remplacer ses capacités de gouvernance à Gaza et qu’Israël était la seule partie à même de tenir ce rôle – même si cela impliquait que Tsahal devrait prendre la responsabilité de la gestion des affaires civiles des Palestiniens à Gaza.
Une fois que le succès de cette politique « d’émigration encouragée » aura été prouvé à Gaza, a noté Smotrich, elle pourra être appliquée en Cisjordanie, où vivent trois autres millions de Palestiniens. Le président du parti Hatzionout HaDatit se prononce en faveur de l’annexion d’une grande partie de la Cisjordanie depuis longtemps. Il a indiqué, au début du mois, que la victoire de Donald Trump dans la course à la Maison Blanche offrait enfin l’occasion de concrétiser ce projet d’annexion.
Smotrich est l’un des ministres appartenant au gouvernement qui avaient participé, le mois dernier, à un événement appelant à la réimplantation de la présence juive dans la bande de Gaza, avec le rétablissement des implantations israéliennes.
Avant de prendre part à la conférence, Smotrich avait expliqué que les territoires abandonnés par Israël dans le passé étaient devenus des « avant-postes pour le terrorisme iranien », mettant le pays en danger.
Il avait toutefois fait remarquer que le débat national sur la reconstruction des implantations à Gaza ne deviendrait pertinent « qu’au lendemain de la guerre » et qu’il serait décidé « par les moyens démocratiques normaux ».
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a nié à plusieurs reprises qu’Israël avait l’intention de faire émigrer les habitants de la bande de Gaza – même si des membres de son propre parti, le Likud, se sont déclarés ouvertement favorables à cette idée.
Même s’il a déclaré être opposé à une telle perspective, les critiques craignent que la gestion de la guerre, de la part du Premier ministre n’aille en fait dans ce sens, les soldats ayant renforcé certaines zones de la bande de Gaza en vue de ce qui semble être un potentiel séjour à long-terme.
Et si Netanyahu a également rejeté l’idée d’une occupation permanente de la bande de Gaza par Israël, son incapacité à proposer une alternative viable au Hamas a rendu ce scénario de plus en plus probable, selon ses détracteurs, qui demandent à Jérusalem de permettre à une Autorité palestinienne (AP) réformée de prendre les rênes du pays.
Netanyahu a, à de multiples reprises, assimilé l’AP au Hamas et il a insisté sur le fait qu’elle ne jouerait aucun rôle dans la bande de Gaza dans l’après-guerre. Smotrich, de son côté, s’est prononcé en faveur de l’effondrement de l’AP – ce qu’il a fait encore la semaine dernière.