Le Hamas force l’Egypte à changer de stratégie dans sa médiation
L'Egypte de Sissi ne semble pas favorable à un regain du Hamas à sa frontière

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a vivement critiqué le Hamas jeudi, estimant que le mouvement islamiste aurait pu sauver des dizaines de vies s’il avait accepté un cessez-le-feu, proposé cette semaine par Le Caire, et qui avait été accepté par Israël.
« Si le Hamas avait accepté la proposition égyptienne, il aurait pu sauver les vies d’au moins 40 Palestiniens », a déclaré Sameh Choukri, selon l’agence de presse officielle Mena.
Après avoir tenté en vain de faire accepter un cessez-le-feu peu favorable au Hamas, l’Egypte doit changer de stratégie et composer davantage avec le mouvement islamiste dans sa médiation pour mettre fin au conflit à Gaza, estiment des experts.
Pour sa première proposition de cessez-le-feu, qui serait entré en vigueur mardi, le Caire avait apparemment consulté Israël mais pas le Hamas, ancien allié désormais interdit en Egypte.
Mais, le Hamas, affaibli, décapité en Cisjordanie et isolé à Gaza, a refusé tout cessez-le-feu qui n’inclurait pas un accord complet sur le conflit, sa branche armée, les Brigades Ezzedine al-Qassam, qualifiant la proposition égyptienne de « reddition ».
Face à cette attitude défiante, l’Egypte a revu à la baisse ses exigences — qui incluaient notamment l’acceptation sans condition des termes du cessez-le-feu — et ouvert d’intenses négociations au Caire pour mettre fin au conflit ayant tué jusqu’à présent 237 Palestiniens.
« Je crois qu’ils (l’Egypte et Israël) ont réalisé que pour mettre fin à ce (conflit), ils vont devoir parvenir à un accord qui va impliquer des concessions envers Gaza », estime Nathan Thrall, analyste basé à Jérusalem.
Le président égyptien, l’ancien chef de l’armée Abdel Fattah al-Sissi qui a évincé il y a un an l’islamiste Mohamed Morsi, cherche à isoler un peu plus le Hamas dans la bande de Gaza, frontalière de l’Egypte. Le Hamas, comme la confrérie des Frères musulmans dont est issu M. Morsi, a été interdit en Egypte.
L’armée égyptienne a détruit une grande partie d’un réseau de tunnels qui permettait au Hamas de se ravitailler en armes et en argent, et accuse les Palestiniens de prêter main forte aux insurgés du Sinaï égyptien.