Le Hamas publie une vidéo du prisonnier israélien Mengistu pour la première fois
Dans un clip non daté, dont l'authenticité est examinée par l'armée, l'otage demande combien de temps il restera en détention ; son frère n'est pas sûr de le reconnaître
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le Hamas a diffusé, lundi, une vidéo montrant un Israélien détenu par le groupe terroriste de la bande de Gaza – c’est la première image de l’otage Avera Mengistu depuis qu’il a été capturé, il y a plus de huit ans.
Ni l’authenticité ni la date de la vidéo n’ont encore été clairement établies. Les Brigades Ezzedine al-Qassam ont affirmé avoir publié la vidéo en guise de message à l’attention du chef d’état-major sortant, Aviv Kohavi.
Le Hamas détiendrait également Hisham al-Sayed, ainsi que les dépouilles de deux soldats de Tsahal tués lors de la guerre de Gaza en 2014, Oron Shaul et Hadar Goldin. Les autorités israéliennes se sont engagées dans des pourparlers discrets pour obtenir leur libération depuis des années.
Au mois de septembre 2014, Mengistu, dont la famille a fait savoir qu’il souffrait d’une maladie psychiatrique, était entré dans la bande de Gaza depuis la plage de Zikim. Il avait alors été arrêté par des membres du groupe terroriste.
« Les Brigades Ezzedine al-Qassam présentent un message vidéo du soldat sioniste retenu en captivité, Avraham Mengistu, confirmant l’échec du chef d’état-major sortant Kohavi et de son institution et ses mensonges proférés à son peuple et à son gouvernement », a déclaré le groupe terroriste dans un communiqué.
« Le nouveau chef d’état-major Halevi doit se préparer à porter le fardeau et les conséquences de l’échec de son prédécesseur », a-t-il ajouté.
Le Hamas a, à maintes reprises, qualifié Mengistu et le second prisonnier Hisham al-Sayed de soldats, bien qu’aucun d’entre eux n’ait servi dans l’armée ni dans aucun autre service de sécurité israélien.
La vidéo a été publiée alors qu’une cérémonie de passation de pouvoirs entre Kohavi et Halevi se déroulait au quartier général de l’armée à Tel Aviv.
Dans la courte vidéo, un homme qui serait Mengistu est vu assis, portant une chemise boutonnée, s’agitant et croisant les bras alors qu’il récite un court message à voix basse.
« Je suis le prisonnier Avraham Mengistu. Jusqu’à quand serons-nous retenu ici en captivité, mes amis et moi-même ? », interroge-t-il en marmonnant dans la vidéo.
« Après tant d’années de souffrance, où sont le pays et le peuple d’Israël de notre destin ? », ajoute-t-il dans une phrase confuse.
Contrairement à d’autres vidéos de prisonniers détenus à Gaza dans le passé, aucun indice ne permet de savoir quand la vidéo a pu être enregistrée.
Le bureau du Premier ministre a publié une brève déclaration après la publication du clip, mais il n’a pas confirmé son authenticité.
Il a promis dans la foulée de tout mettre en œuvre pour ramener chez elles les personnes détenues à Gaza.
Le Bureau du Premier ministre a ainsi affirmé que « l’État d’Israël investit tous ses efforts et toutes ses ressources pour ramener à la maison ses fils captifs et disparus ».
S’exprimant au micro de la station de radio publique Kan, le porte-parole de Tsahal, Ran Kochav, a expliqué que l’armée était en train d’évaluer l’authenticité des images.
« Nous examinons actuellement la vidéo. J’espère qu’elle est authentique et que Mengistu est en bonne santé. C’est difficile pour moi d’estimer le degré de crédibilité de cette vidéo », a-t-il confié à la station.
Yallo Mengistu, le frère d’Avera, a indiqué ne pas être certain de reconnaître son frère sur les images.
« Je suis à la fois heureux et effrayé en même temps » en regardant la vidéo, a dit Yallo devant les caméras de la Douzième chaîne. « Il ressemble à Avera mais d’un autre côté, il n’est pas à 100% comme Avera. »
« Il y a bien une similarité mais… je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas », a-t-il ajouté. « Je ne peux pas vous dire de manière certaine que c’est lui. »
La famille n’a plus vu de photo ou de vidéo de Mengistu depuis qu’il est entré de son plein gré dans la bande de Gaza, il y a huit ans. Elle déclare qu’Avera souffre d’une maladie psychiatrique et elle a lancé, au fil des années, des appels désespérés aux acteurs internationaux pour obtenir sa libération.
Des années d’efforts et de pressions de la part de sa famille en faveur de sa libération ont été vains.
Au mois de juin 2022, le Hamas avait publié une première vidéo d’un second captif israélien, Al-Sayed, un Israélien appartenant à la communauté bédouine qui était entré de son propre gré au sein de l’enclave côtière en 2015. Le jeune homme souffrait lui aussi d’une maladie psychique, avait fait savoir sa famille.
En plus des deux civils, le Hamas retient aussi en otage les dépouilles de deux soldats de Tsahal, Oron Shaul et Hadar Goldin, qui avaient été tués pendant le conflit de 50 jours qui avait opposé Israël au Hamas dans la bande pendant l’été 2014.
Les deux parties ont mené des négociations indirectes dans l’objectif de procéder à un accord d’échange de prisonniers. Un accord similaire avait permis d’obtenir la libération du soldat israélien Gilad Shalit, qui se trouvait dans les geôles du Hamas. A cette occasion, 1 027 prisonniers sécuritaires palestiniens avaient été libérés des prisons israéliennes. Un grand nombre d’entre eux étaient des terroristes condamnés.
Les services égyptiens des renseignements, qui entretiennent des liens étroits avec Israël et avec le Hamas, servent souvent d’intermédiaires dans ces pourparlers.
Toutefois, ces efforts ont échoué, jusqu’à présent, à porter leurs fruits. En 2021, des responsables de la Défense israéliens s’étaient engagés dans des discussions qui auraient été les plus importantes et les plus sérieuses jusqu’à présent au vu de la pression subie par le Hamas suite à la pandémie de coronavirus qui se propageait alors dans la bande de Gaza assiégée.
Il est très improbable que le Hamas cède sur la question d’une libération massive de prisonniers palestiniens – une initiative très controversée qu’aucun gouvernement israélien n’approuvera vraisemblablement à nouveau.
L’échange de prisonniers qui avait permis à Shalit d’être libéré avait été profondément controversé, un grand nombre de responsables de la sécurité israéliens dénonçant un échange outrageusement favorable au groupe terroriste. Un grand nombre des 1 027 prisonniers palestiniens avaient ultérieurement repris des activités terroristes – cela avait notamment été le cas de Yahya Sinwar, qui est dorénavant gouverneur du Hamas à Gaza.