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Le Maroc déterminé à imposer son règlement au Sahara occidental

Pour le Maroc, l'ex-colonie espagnole a toujours fait partie de son territoire, une "vérité immuable" qui "ne sera jamais à l'ordre du jour d'une quelconque tractation"

Les Marocains se réjouissent devant le parlement de Rabat après l'adoption par les États-Unis d'une nouvelle carte officielle du Maroc incluant les territoires disputés du Sahara occidental, le 13 décembre 2020. (Crédit : Fadel Senna/AFP)
Les Marocains se réjouissent devant le parlement de Rabat après l'adoption par les États-Unis d'une nouvelle carte officielle du Maroc incluant les territoires disputés du Sahara occidental, le 13 décembre 2020. (Crédit : Fadel Senna/AFP)

Fort du soutien américain, et désormais celui de Berlin et Madrid, le Maroc est déterminé à régler en sa faveur l’interminable conflit du Sahara occidental qui l’oppose aux indépendantistes sahraouis soutenus par l’Algérie, même au prix d’une brouille avec ses alliés, estiment des analystes.

« La question du Sahara fait consensus. L’ensemble de la société adhère à cette cause, priorité absolue pour chaque Marocain », explique Tajeddine Houssaini, professeur de relations internationales à l’Université Mohammed V de Rabat.

Pour le Maroc, l’ex-colonie espagnole  qu’il appelle ses « provinces du Sud » – a historiquement fait partie de son territoire, une « vérité immuable » qui « ne sera jamais à l’ordre du jour d’une quelconque tractation », selon le roi Mohammed VI.

L’inlassable mobilisation de la diplomatie marocaine vient de payer avec le ralliement de l’Allemagne et de l’Espagne au plan d’autonomie sous souveraineté marocaine proposé en 2007 par Rabat pour résoudre le « différend ».

Le conflit du Sahara occidental, contrôlé à 80 % par le Maroc mais considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU, oppose depuis 1975 le royaume chérifien aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

Les membres du Front Polisario, l’organisation qui conteste la souveraineté sur le Sahara occidental avec le Maroc, pleurent leur leader, Mohamed Abdelaziz, lors de ses funérailles qui se sont tenues dans le camp de réfugiés de Rabouni, au sud-ouest de l’Algérie, le 3 juin 2016. (Crédit : AP Photo/Sidali Djarboub, Dossier)

Aujourd’hui, l’Algérie apparaît isolée, relèvent des analystes, et l’ONU tente difficilement de relancer un dialogue politique suspendu depuis 2019.

L’Espagne, elle, a opéré un changement de position radical fin mars en apportant son soutien au projet d’autonomie, considérant désormais l’initiative marocaine « comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible » pour résoudre le contentieux.

Pour le Premier ministre Pedro Sanchez, le virage de Madrid était nécessaire pour nouer une relation « plus solide » avec le Maroc, partenaire commercial majeur et allié « stratégique » dans la lutte contre l’immigration illégale.

Dans la foulée, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, est attendu vendredi à Rabat pour relancer les relations bilatérales.

Le revirement espagnol, après un an de brouille, a été salué comme un « coup diplomatique » par les Marocains.

« C’est sans aucun doute une victoire du Maroc à court terme », reconnaît Bernabé López, professeur d’études arabes et islamique à l’Université autonome de Madrid, mais « il est difficile de savoir » si le changement de la position espagnole aura un effet concret.

« Il faudra voir si à l’avenir il y a une bonne entente (entre Madrid et Rabat) et si cela peut aider d’autres pays à se rallier » à cette position, s’interroge-t-il.

« Rapport de force »

Depuis la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental par Washington en décembre 2020, en contrepartie de la reprise de ses relations avec Israël, Rabat presse la communauté internationale de suivre l’exemple américain.

Ainsi, après avoir reçu son homologue américain, Antony Blinken, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a invité mardi l’Europe à « sortir de sa zone de confort » et, à l’instar de l’Espagne, à endosser le plan d’autonomie.

Le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita participe à une réunion virtuelle avec ses homologues américain et israélien, à son bureau dans la capitale Rabat, le 22 décembre 2021. (Crédit : AFP)

Cet appel se double d’une mise en garde « à ceux qui affichent des positions floues ou ambivalentes ».

Dans un discours à la nation en novembre, Mohammed VI a averti que « le Maroc n’engagerait avec eux aucune démarche d’ordre économique ou commercial qui exclurait le Sahara marocain ».

« L’offensive marocaine se fait à un moment où les yeux sont braqués sur l’Ukraine », observe la politologue Khadija Mohsen-Finan.

« Elle se fait aussi au terme d’un long processus consistant pour le Maroc à se rendre indispensable aux Occidentaux: migration, survol du territoire, sécurité et lutte contre l’islamisme », ajoute-t-elle.

Aux yeux de l’historien du Maghreb, Pierre Vermeren, « les Marocains ont parfaitement tiré les enseignements de la géopolitique actuelle. Le rapport de force est devenu la norme au détriment du droit international ».

Preuve de sa volonté de s’affranchir de toute tutelle au nom de ses intérêts, le Maroc n’a pas participé aux deux votes de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant Moscou pour l’invasion de l’Ukraine, afin de ne pas se mettre à dos la Russie, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, selon des analystes.

La position du Maroc a « vivement déçu » ses partenaires, selon une source diplomatique occidentale, « au regard de la gravité de l’agression russe et au titre de ses alliances traditionnelles avec les pays occidentaux, auxquelles elle a préféré un rapprochement avec la Russie, pourtant favorable au Front Polisario ».

En réaction, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a décidé de rappeler son ambassadrice au Maroc, Oksana Vassilieva, jugeant qu’elle « perdait son temps » à Rabat.

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