« Le monde s’écroule une deuxième fois » pour le fils d’une otage israélienne retrouvée morte
Survivant du kibboutz Beeri, Omer Weiss avait perdu son père lors de l'attaque du 7 octobre et sa mère, prise en otage, a été tuée par le Hamas à Gaza
Survivant du kibboutz Beeri, Omer Weiss avait perdu son père lors de l’attaque du 7 octobre perpétrée par 3 000 hommes du groupe terroriste palestinien du Hamas. Jeudi, l’armée israélienne lui a annoncé la mort de sa mère, otage retrouvée morte à Gaza. Et « le monde s’est écroulé une deuxième fois ».
Omer, sa femme Zemer et leur fille Hadar, âgée de six mois, s’apprêtaient à quitter la maison d’amis de ses parents, près de Netanya (centre).
Au dernier moment, « des officiers ont frappé à la porte. Nous étions déjà dans cette situation 34 jours auparavant », quand la mort de Shmulik, le père, avait été communiquée à ses cinq enfants, explique à l’AFP vendredi Omer Weiss.
L’irréparable se répétait. « Nous avons tout de suite compris », explique l’homme de 30 ans, les larmes aux yeux. « On nous a donné l’information et le monde s’est écroulé une deuxième fois ».
L’armée israélienne a découvert, près de l’hôpital al-Chifa de Gaza, le corps de sa mère Yehudit, une otage enlevée par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre en Israël et assassinée par le groupe terroriste islamiste palestinien.
Le village agricole de Beeri, situé à quatre kilomètres de la frontière avec la bande de Gaza, a été le théâtre de l’un des pires massacres commis sur le sol israélien : 85 de ses habitants ont été tués dans l’attaque, 30 autres sont présumés retenus en otages ou portés disparus.
Le 7 octobre, l’assaut meurtrier commis par le Hamas sur le sol israélien a fait 1 200 morts, des civils en majorité. Les terroristes ont aussi kidnappé au moins 240 personnes qui sont actuellement retenues en captivité dans la bande de Gaza.
Israël a riposté par une campagne militaire dont l’objectif est de renverser le Hamas au pouvoir à Gaza et de libérer les otages.
« Roulette russe »
Présent à Beeri le jour du massacre, Omer, qui travaillait à l’imprimerie locale, a eu de la chance à la « roulette russe », contrairement à ses parents : les terroristes ne sont pas entrés dans sa maison.
Le couple, leur fils Amit âgé de deux ans et leur fille Hadar sont montés dans un bus bondé et ont eu la vie sauve.
Omer reste aujourd’hui hanté par l’image des « voitures brûlées avec des corps à l’intérieur et de nombreux corps dispersés sur la route ». Le bus leur a roulé dessus. « C’était le seul moyen de sortir ».
Après l’annonce de la mort de Shmulik, 65 ans, mécanicien garagiste à Beeri, Omer et Zemer gardaient « l’espoir que maman revienne et de pouvoir faire le deuil (de leur père) ensemble ».
Mais ils ont de nouveau eu « le cœur brisé », dit-il. Même si cette fois, c’est avec « un tout petit soulagement, car nous avons été informés de quelque chose » après « 40 jours sans le moindre indice, la moindre information concernant maman ».
Désormais, « peut-être, nous allons pouvoir faire le deuil des deux ».
« Chaque minute est critique »
Les funérailles de Yehudit, une ancienne infirmière de 65 ans, ont eu lieu dimanche près de Netanya où elle est provisoirement inhumée avec son mari.
« Quand ce sera possible, nous les enterrerons à Beeri », lorsque le kibboutz détruit par les hommes du Hamas aura été reconstruit, espère leur fils.
En attendant, de nombreux otages peuvent encore être sauvés, dit Omer Weiss. Dont « des personnes âgées, qui ont besoin de traitements vitaux pour survivre et qui ne les reçoivent pas », s’indigne-t-il.
L’armée a indiqué que sa mère se battait contre un cancer du sein depuis trois mois. « Chaque jour les met en danger, chaque minute est critique, » insiste le survivant, qui demande un accès aux otages pour les ONG.
« Nous nous sommes tournés vers la Croix-Rouge, Médecins sans frontières, les organisations pour les droits humains. Des lettres des familles (ont été envoyées) à l’armée, au gouvernement, aux représentants de l’Union européenne et des Etats-Unis. Personne ne nous a répondu ».
Après un premier deuil d’une semaine, conformément à la tradition juive, il entend « continuer la lutte » et faire « tout ce qui est possible » jusqu’à ce que les otages reviennent.