Le personnel d’Intel Israël sur la sellette ?
Le géant high-tech prévoit de se séparer de 12 000 employés du fait d’une restructuration globale, mais n’a pas révélé quels seront les sites les plus touchés
Les employés israéliens d’Intel pourraient être confrontés à des licenciements à grande échelle après que la compagnie productrice de puces électroniques a annoncé mardi qu’elle supprimait 12 000 emplois – environ 11 % ses effectifs – au cours d’une réorganisation visant à enrayer une baisse des ventes de PC.
Le géant technologique a annoncé la nouvelle alors qu’il a enregistré des ventes plus faibles que prévu au cours du premier trimestre. Intel est le plus grand employeur de l’Etat juif dans le secteur high-tech, avec plus de 10 000 travailleurs, selon Globes.
La société a déclaré dans un communiqué qu’elle ne fournissait pas de détails quant aux pays qui seraient touchés par les suppressions.
Un responsable chez Intel Israël a dit que les effets locaux de cette initiative mondiale étaient encore à déterminer.
« Ceci est une annonce mondiale et nous étudions ses implications sur le fonctionnement en Israël. Une chose est certaine : Intel répondra aux obligations qu’il a données au gouvernement israélien », a écrit le fonctionnaire dans un communiqué.
Intel a de grands campus à Portland dans l’Oregon, à Chandler dans Arizona, à Rio Rancho au Nouveau-Mexique, et à Santa Clara et Folsom, en Californie. Il dispose également d’installations dans des pays comme Israël et la Chine.
Intel, longtemps leader mondial dans la fabrication de puces électroniques, essaie maintenant de se développer dans d’autres secteurs informatiques.
« Il est temps de faire cette transition », a déclaré le PDG, Brian Krzanich aux analystes. Tout en qualifiant les suppressions d’emplois de « difficiles », il a dit qu’elles aideraient l’entreprise à mieux cibler son action dans de nouveaux domaines.
Les dernières suppressions surviennent après une réduction antérieure d’environ 5 000 emplois annoncée par Intel en 2014, et les analystes disent qu’elles pourraient ne pas être les dernières.
« Ces entreprises sont si grandes que cela prend du temps » – et parfois plusieurs cycles de restructuration – pour changer de direction, a déclaré Patrick Moorhead, un expert de l’industrie de longue date à Moor Insights & Strategy.
Krzanich a poussé Intel à changer son orientation initialement portée sur les PC vers d’autres secteurs de l’informatique qui sont en croissance et offrent davantage de profit. On trouve ainsi les microprocesseurs pour créer des centres de données pour « cloud computing », ainsi que des puces pour les e-gadgets, les appareils portables et les drones.
« Nous sommes en train d’évoluer d’une société de PC à une société qui alimente le cloud et des milliards d’appareils informatiques intelligents et connectés », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Intel a déclaré que les suppressions d’emplois incluraient « des départs volontaires et involontaires » au cours de la prochaine année. Certains d’entre eux se feront par la production de certaines activités de puces de PC en moins d’endroits. Une porte-parole a refusé de dire exactement quels emplois ou sites seraient touchés.
La plupart des travailleurs concernés seront avisés dans les 60 prochains jours.
Les réductions sont susceptibles d’entraîner des divisions dans la fabrication et la vente des puces pour les ordinateurs de bureau et portables traditionnels, a déclaré Moorhead. Il a souligné qu’Intel avait signalé son intention de continuer à investir dans les puces pour les consoles de jeux et les nouveaux appareils « deux-en-un » qui ressemblent à des tablettes avec des claviers amovibles. Ces dispositifs connaissent encore une forte croissance des ventes.
Les analystes disent qu’Intel Corp., basé à Santa Clara, a été lent à reconnaître la popularité croissante des smartphones et des tablettes. Il fait désormais des processeurs pour ces appareils, mais la plupart des gadgets portables utilisent encore des puces faites par Qualcomm et d’autres rivaux.

Krzanich a essayé de changer la ligne directrice d’Intel depuis qu’il est devenu directeur général en 2013, et qu’il a remplacé plusieurs cadres supérieurs au cours des derniers mois. Intel a déclaré mardi que la directrice administrative des finances, Stacy Smith, présente depuis toujours dans l’entreprise, allait évoluer vers une nouvelle position dans les prochains mois.
Mais à part le secteur des centres de données, qui contribue maintenant à près d’un tiers du chiffre d’affaires d’Intel, les marchés des autres nouveaux produits d’Intel sont encore « embryonnaires », selon Mark Hung, analyste de l’industrie au sein du cabinet d’études Gartner.
« Ça va prendre deux à trois ans avant qu’ils ne fournissent une croissance significative pour l’entreprise », a déclaré Hung.
Krzanich a cité la performance financière d’Intel au premier trimestre comme preuve que la transition fonctionne. Intel a enregistré des revenus de 13,70 milliards de dollars pour les trois premiers mois de 2016, en hausse de 7 % par rapport à la même période l’an dernier.
Une hausse légèrement inférieure aux 13,73 milliards de dollars que les analystes interrogés par FactSet attendaient.
Les ventes de la division qui crée les puces pour PC ont en réalité augmenté de 2 % par rapport à l’année précédente, mais ce segment comprend également des puces pour tablettes et autres gadgets, ce qui rend difficile l’appréciation de l’activité PC d’Intel en elle-même, a souligné Hung.
La demande mondiale pour les PC a chuté de 9,6 % au premier trimestre, selon les chiffres publiés ce mois-ci par Gartner. L’industrie est en déclin depuis quatre ans, a fait remarquer Hung, mais certains analystes avaient annoncé une stabilisation des ventes de PC. Au lieu de cela, il a remarqué une chute des expéditions de PC trimestrielles en-dessous de 65 millions, pour la première fois depuis 2007.
Intel a également émis une prévision de chiffre d’affaires pour le trimestre actuel qui correspondait aux attentes les plus pessimistes des analystes, tout en abaissant ses prévisions annuelles. Elles seraient désormais situées entre 4 et 6 % au lieu des 7 à 9 % que la société avait initialement prévu.
Son action a chuté de 61 centimes de dollars, soit environ 2 %, à 30,99 $ d’après le rapport.