Israël en guerre - Jour 531

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Le plan B de Michael Oren en cas d’échec des pourparlers

L'ancien ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis suggère un retrait unilatéral de Cisjordanie si les négociations de paix avec les Palestiniens échouent

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Michael Oren (Crédit : Wikimedia Commons CC-BY-Anne Mandlebaum)
Michael Oren (Crédit : Wikimedia Commons CC-BY-Anne Mandlebaum)

Israël devrait envisager un retrait unilatéral de certaines zones de Cisjordanie et fixer lui-même ses frontières si les négociations de paix avec les Palestiniens échouaient, estime l’ancien ambassadeur israélien aux Etats-Unis Michael Oren. Cette idée, déjà évoquée par le passé, est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique israélienne.

L’unilatéralisme a mauvaise réputation, reconnaît Oren, notamment depuis le retrait du Liban en 2000, mais surtout à cause du désengagement de Gaza de 2005, qui a eu pour résultat le tir de milliers de roquettes vers Israël depuis un territoire qui s’est transformé en enclave du Hamas.

Cependant, le plan B proposé par l’ex-ambassadeur – seulement applicable si les Palestiniens mettent en place leur propre plan B – serait différent, se défend Oren.

La prise en main de leur destin par les Israéliens, indépendamment des actions ou de l’intransigeance de l’autre camp, représente l’accomplissement réel de la vision sioniste.

« La solution à deux Etats est préférable. Si nous pouvons atteindre un accord négocié avec les Palestiniens, qui serait permanent et garantirait la sécurité d’Israël, cela serait bien sûr la meilleure option », confie dans une interview exclusive au Times of Israel l’ancien diplomate, devenu chroniqueur pour CNN en janvier.

« Toutefois, les Palestiniens ont laissé entendre que s’ils ne parvenaient pas à une solution négociée avec nous, ils avaient un Plan B, et que ce plan B était un Etat binational. Je crois qu’il est nécessaire que nous ayons également un plan B. »

« L’existence d’un plan B renforce les chances de succès du plan A », poursuit Oren. « Ce n’est certainement pas une garantie. Il me semble que les Palestiniens n’ont jamais manifesté le moindre enthousiasme à se conformer à nos exigences minimales, c’est-à-dire la reconnaissance de la légitimité d’Israël et de son caractère juif, ainsi que la fin de leurs réclamations. »

Oren, nommé ambassadeur d’Israël à Washington par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a quitté ses fonctions en septembre dernier. Lors de l’interview, il a refusé de donner des détails sur le tracé de la frontière si Israël se retirait unilatéralement des zones à majorité palestinienne en Cisjordanie.

Il n’a pas non plus spécifié ce qu’il se passerait pour les résidents juifs se retrouvant du côté palestinien. Plus intéressé par une réflexion théorique que par des recommandations concrètes, Oren explique avoir discuté de son idée avec des personnes issues des divers courants de la classe politique israélienne ainsi qu’avec des dirigeants étrangers.

En cas d’échec des pourparlers, les Palestiniens ont menacé à plusieurs reprises de mettre en œuvre de manière unilatérale leurs efforts pour parvenir à l’indépendance, en formulant une demande d’adhésion auprès de dizaines d’organisations internationales.

Les démarches auprès des organisations internationales ne sont cependant que le « commencement de leur plan B », selon Oren. « Il faut bien comprendre cela. Leur plan B comprend aussi des sanctions internationales, des attaques contre notre économie et des actions globales pour nous délégitimer. »

C’est pourquoi les Israéliens seraient malavisés de rester assis à ne rien faire.

« Si nous déclarons nos frontières, cela créera de facto une situation où deux Etats reconnus par l’ONU ont un conflit frontalier. Nous rejoindrions ainsi la dizaine de pays dans le monde à avoir un conflit frontalier », estime Oren, qui ajoute que même après avoir déclaré ses frontières unilatéralement, Israël pourra toujours affirmer être intéressé par un accord de paix final, selon lequel des ajustements sont possibles.

Israël n’activerait son plan B que si les Palestiniens ont recours au leur, précise Oren. « Mais il est important qu’ils sachent en avance que nous en possédons un, tout comme nous savons qu’ils en possèdent un. »

A quoi ressemblerait un retrait unilatéral d’Israël et comment Israël pourrait s’assurer que le Hamas ou d’autres groupes terroristes ne remplissent pas le vide, comme cela s’est produit à Gaza ? Oren a hésité à rentrer dans les détails, mais il a tracé quelques lignes directrices.

« Un certain nombre de recommandations sont actuellement à l’étude. Je ne suis pas le seul à en faire. Ces recommandations détermineront les frontières [qu’Israël] peut défendre et les frontières qui incluent le nombre maximum de colons israéliens. Qu’est ce qui nous permettrait de réduire, autant que possible, notre contrôle sur les Palestiniens ? Quelle que soit la décision prise, Israël devra bien sûr conserver une présence militaire dans les zones cruciales. Et s’assurer de l’unité de Jérusalem. »

Oren a refusé de discuter, même de manière vague, du tracé des frontières entre Israël et du futur Etat palestinien, et des implantations qui passeraient sous souveraineté israélienne. Mais « le principe de base est d’avoir un maximum d’Israéliens à l’intérieur de l’Etat d’Israël et que la sécurité d’Israël soit à son maximum. »

« Le principe de base est d’avoir un maximum d’Israéliens à l’intérieur de l’Etat d’Israël et que la sécurité d’Israël soit à son maximum »

Michael Oren

Oren est loin d’être la première figure de premier ordre à envisager un retrait unilatéral de Cisjordanie. Avant son attaque cérébrale, Ariel Sharon avait publiquement fait état de sa détermination à fixer les frontières permanentes d’Israël, le retrait de Gaza étant une première étape.

Bien plus récemment, en mai 2012, l’ancien ministre de la Défense Ehud Barak a déclencé une polémique en déclarant que si un accord permanent se révélait impossible, Israël devrait réfléchir à un « accord d’intérim » et envisager une action unilatérale. « Israël n’a pas les moyens de stagner », a déclaré Barak.

« Ce sera une décision difficile à prendre, mais le temps presse. » A l’époque, les dirigeants palestiniens et israéliens avaient balayé l’idée d’un revers de main.

De nombreux Israéliens se méfient des manœuvres unilatérales à cause de l’expérience amère du désengagement de Gaza. Plutôt que le calme espéré, les Israéliens ont assisté à la prise du pouvoir par le Hamas en 2007 et aux tirs de milliers de roquettes vers Israël.

Mais Oren soutient que son plan est « très différent ».

« Ce n’est pas Gaza bis. La seule chose en commun, c’est qu’Israël prend son destin en main. Je remplacerais le mot unilatéralisme par sionisme. Une bonne définition du sionisme, c’est la prise en main par les Juifs de leur destin. »

Une telle mesure ne conduirait pas à la paix, reconnaît Oren. « Mais je ne sais pas si le fait de rester dans des territoires entiers, de contrôler un grand nombre de Palestiniens et de s’exposer à des sanctions internationales – boycotts et délégitimation compris – conduit à la paix. »

Un retrait unilatéral de plusieurs parties de la Cisjordanie ne ferait pas non plus cesser la pression de l’Union européenne et d’autres membres de la communauté internationale pour parvenir à un accord sur le statut final.

Cependant, cela aiderait à couper l’herbe sous le pied du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), prévoit-il. « Le but est d’aider à maintenir notre intégrité en tant qu’Etat juif et démocratique, tout en préservant notre sécurité. »

« Je sais bien qu’il n’y a pas de solution parfaite », conclut Oren. « Chaque option implique des risques et des événements incalculables. Mais je ne soulignerais jamais assez l’importance d’avoir en tête ce que j’appelle l’option sioniste : nous ne déléguerons pas notre destinée fondamentale aux décisions des Palestiniens. »

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