Le président de la Haute Cour à Levin : « Recommencez à coopérer avec le judiciaire »
L'appel d'Isaac Amit, boycotté par le ministre de la Justice depuis son entrée en fonction, à renouer le dialogue afin de servir le peuple, ne semble pas avoir été entendu
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Le président de la Cour suprême, Isaac Amit, a déploré jeudi ce qu’il a qualifié de tentatives d’érosion et de préjudice à l’indépendance du pouvoir judiciaire, lors d’une cérémonie de prestation de serment du nouveau vice-président de la Cour suprême et de trente-cinq nouveaux juges et greffiers à laquelle assistait également le ministre de la Justice, Yariv Levin.
Alors que Levin continue de boycotter Amit en tant que président de la Cour, ce dernier a également appelé directement le ministre de la Justice à renouer le dialogue avec lui et avec le pouvoir judiciaire dans le cadre d’une « obligation commune » de servir le peuple.
« Le pouvoir judiciaire est confronté à des tentatives visant à éroder la force institutionnelle du système [juridique] et à porter atteinte à l’indépendance professionnelle de ses titulaires », a souligné Amit.
« Même face aux tentatives d’érosion du système et de sape de ses principes fondamentaux, le pouvoir judiciaire restera inébranlable et il continuera à remplir son rôle au service des citoyens, sans crainte ni favoritisme », a-t-il poursuivi.
S’adressant à Levin, pour la première fois depuis son entrée en fonction, Amit s’est dit satisfait de la présence du ministre.
« Je vous demande, Monsieur le Ministre, de revenir sur la voie de la coopération avec le pouvoir judiciaire », a-t-il ajouté.

Amit a également critiqué la grave perturbation de l’audience de la Cour suprême qui s’est tenue mardi concernant le limogeage du chef de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet, Ronen Bar, affirmant que ceux qui ont agi de la sorte cherchaient à « empêcher la Cour de tenir des audiences et de servir le peuple » et que cela ne pouvait être toléré.
Levin s’est pour sa part félicité des résultats obtenus par la commission de sélection des juges sous sa présidence, qui a nommé 196 magistrats dans tous les tribunaux du pays en un an, à l’exception de la Cour suprême.
Dans son discours, Levin n’a pas mentionné le président de la Cour suprême, malgré l’appel de ce dernier à reprendre le dialogue.
S’adressant au président Isaac Herzog et aux « distingués invités », Levin a déclaré que le grand nombre de nominations judiciaires était le résultat de son insistance à parvenir à un large consensus au sein de la commission de sélection des juges.

Le ministre de la Justice a également exprimé sa fierté quant à la diversité des juges nommés aux tribunaux.
« Des juges et des greffiers du centre [du pays] et de la périphérie, des Juifs, des musulmans, des Druzes, des chrétiens, des religieux et des laïcs, des plus âgés, des plus jeunes, des femmes et des hommes, des citadins et des campagnards. Une mosaïque humaine diversifiée et de qualité comme nulle autre. Quand on parle de renforcer le système judiciaire, c’est la bonne façon de procéder », a souligné le ministre de la Justice.
Levin a déclaré que de telles nominations étaient le meilleur moyen de « restaurer la confiance du peuple dans le système judiciaire », tout en vantant la récente loi qu’il est parvenu a faire voter par la Knesset et qui accorde un plus grand contrôle aux politiciens sur les nominations judiciaires.