« Le procès Goldman », le bruit et la fureur dans les salles obscures
Un film revient sur le procès du demi-frère du chanteur, gangster et militant d'extrême gauche, poursuivi pour le meurtre de deux pharmaciennes, 50 ans après les faits

Dans la famille Goldman, demandez Pierre : quelques semaines après la sortie d’un essai sur le chanteur, un film revient sur le procès de son demi-frère, gangster et militant d’extrême gauche, poursuivi pour le meurtre de deux pharmaciennes, 50 ans après les faits.
Intitulé « Le procès Goldman », il avait été présenté en ouverture de la Quinzaine des cinéastes, une des sélections parallèles du Festival de Cannes.
Mise en scène épurée, sans musique ni flashbacks : seul le procès est filmé, donnant au spectateur une sensation de huis clos. De cette mise en scène minimaliste se dégage pourtant une force.
« Je ne voulais pas qu’on bascule dans l’identification au personnage », expliquait à l’AFP Cédric Kahn, son réalisateur, en marge du Festival de Cannes.
Au cœur du film – dont le scénario s’est basé sur le compte rendu du procès ainsi que sur des passages du livre de l’accusé: « Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France » – une question : comment juger un homme qui dit qu’il est « innocent parce qu'(il est) innocent » ?
« Le film ne tranche pas la question, ce n’est pas le sujet », assurait son réalisateur, disant avoir voulu faire un film sur « le fonctionnement de la justice ».
Fascination
Né à Lyon en 1944 de parents résistants, Pierre Goldman a toujours rêvé de marcher sur leurs traces. Sa vie bascule en décembre 1970, lorsqu’il est arrêté pour le meurtre de deux pharmaciennes, boulevard Richard-Lenoir à Paris, au cours d’un hold-up en décembre 1969.
Bien qu’il crie son innocence, il est reconnu coupable par la cour d’assises de Paris le 14 décembre 1974 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Après l’annulation de cet arrêt par la Cour de cassation, il est rejugé aux Assises de la Somme le 4 mai 1976.
C’est sur ce second procès que revient le film.
Ce qui frappe d’emblée le spectateur, c’est la verve de l’accusé. Une verve qui donne l’impression qu’il est prêt, à tout moment, à bondir hors de son box. Mais aussi un charisme hors du commun.
La force du film réside aussi dans ses acteurs : Arthur Harari (le réalisateur d' »Onoda ») dans le rôle du ténor Georges Kiejman, décédé quelques semaines avant la projection du film à Cannes, qui s’occupe de la défense de Goldman.
Mais surtout Arieh Worthalter dans le rôle de Pierre Goldman, qui porte à lui seul toute l’intensité dramatique du film.
Pierre Goldman ? « C’est une figure que je connais bien », avait raconté à l’AFP Arthur Harari. « Mes parents ont été des militants d’extrême gauche dans la même organisation que lui. C’est un nom qui est souvent revenu chez nous », a-t-il poursuivi.
Surtout, c’est cet homme qui lui a inspiré son premier long-métrage très remarqué, « Diamant noir »: « Il y a un peu plus de 10 ans, j’ai lu son livre qui m’a complètement fasciné. De cette fascination, j’ai tiré un film ».
Ce long-métrage, voilà 15 ans que Cédric Kahn y pensait. Pierre Goldman « m’a toujours captivé », a-t-il confié , assurant s’être « laissé le temps. J’aime quand un sujet me rattrape ».
Le film jette aussi une lumière crue sur la société française de l’époque: racisme, défiance envers la police … et ne peut s’empêcher de résonner avec la France d’aujourd’hui.
Blanchi à l’issue de son procès, Pierre Goldman est libéré par anticipation et sort de prison le 5 octobre 1976. Trois ans plus tard, il est abattu en bas de chez lui à Paris.
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