Le processus de paix en difficulté mais les efforts continuent
Le refus d'Israël de libérer le dernier contingent de prisonniers a fortement ralenti les négociations
Les consultations se sont intensifiées dimanche pour tenter de sauver les négociations israélo-palestiniennes, au bord de la rupture en raison du refus d’Israël de relâcher un dernier groupe de prisonniers palestiniens.
Le sort du processus de paix « pourrait être une question de jours. Ou bien nous résolvons le problème ou bien le processus explosera », a averti dans la matinée le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant les ministres de son parti, le Likud (droite nationaliste).
Ces déclarations surviennent au moment où le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’efforce de maintenir sur les rails les pourparlers, menacés par un contentieux jusqu’à présent insurmontable sur la libération par Israël de prisonniers palestiniens.
« Quoi qu’il arrive, il n’y aura aucun accord tant qu’Israël ne saura pas clairement ce qu’il gagnera en échange. Et si accord il y a, il sera soumis au vote du cabinet pour approbation », a promis M. Netanyahu.
Le président Shimon Peres, en visite en Autriche, a déclaré de son côté que les parties « travaillaient sans discontinuer afin de parvenir à une percée dans les discussions ». « J’espère qu’il y aura des développements positifs dans les négociations dans les jours prochains », a-t-il ajouté.
Selon un responsable palestinien, Israël a proposé dimanche au président palestinien Mahmoud Abbas un projet d’accord pour relancer les négociations. M. Abbas devait examiner la proposition israélienne, a-t-il précisé.
Interrogé, un responsable israélien s’est refusé à détailler la proposition mais a répondu à l’AFP que « maintenant les Palestiniens ont besoin de répondre s’ils veulent poursuivre les négociations ».
Les consultations entre les deux parties se poursuivaient dans la soirée à Jérusalem, selon une source palestinienne.
Le refus d’Israël de procéder samedi comme prévu à la libération d’un groupe de 26 prisonniers palestiniens dans le cadre des négociations de paix, relancées en juillet 2013 sous l’égide des Etats-Unis, a compliqué encore davantage la tâche de M. Kerry.
La porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki, a réaffirmé dimanche qu' »aucun accord n’a été atteint sur la libération des prisonniers ».
« Nous continuons à travailler intensivement avec les deux parties », s’est-elle bornée à répéter.
Possible retour de Kerry
John Kerry, en visite à Paris pour rencontrer le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, s’est entretenu dimanche au téléphone avec le Premier ministre israélien, selon des sources officielles américaines.
Sa porte-parole n’a pas exclu dimanche soir que le secrétaire d’Etat puisse revenir au Proche-Orient dans les prochaines heures.
Elle a rappelé que le secrétaire d’Etat « restait en contact étroit avec l’émissaire américain Martin Indyk et son équipe de négociateurs sur place à Jérusalem et Ramallah au cas où il aurait besoin de retourner de Paris dans la région avant une réunion de l’OTAN » mardi.
Les Américains tentent de convaincre Israéliens et Palestiniens de prolonger jusqu’à la fin de l’année ces négociations de paix qui, après bientôt neuf mois, n’ont permis aucun progrès.
Un haut responsable gouvernemental israélien a rejeté samedi la responsabilité de la crise sur les Palestiniens.
« Les Palestiniens créent des difficultés quand ils disent que sitôt les prisonniers libérés, ils stopperont les pourparlers », a-t-il argué.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a répété qu’il refusait toute discussion sur une éventuelle prolongation des pourparlers tant que le dernier contingent de prisonniers n’aurait pas été relâché.
La direction palestinienne se réunira lundi soir à Ramallah, en Cisjordanie, pour discuter de la suite à donner au refus israélien.
« Je crois qu’Abou Mazen (Mahmoud Abbas) a donné aux Israéliens jusqu’à demain pour répondre. Le cas échéant, les Palestiniens prendront les décisions qui s’imposent quant à la poursuite des négociations », a déclaré dimanche Mohammed Chtayeh, un dirigeant du Fatah, le parti nationaliste de M. Abbas.
Selon l’accord signé au moment de la reprise des négociations en juillet, la direction palestinienne s’engageait à suspendre pendant neuf mois toute démarche d’adhésion aux organisations internationales, y compris à des instances judiciaires susceptibles de poursuivre Israël, en échange de la libération en quatre phases de 104 prisonniers par Israël. 78 ont déjà été libérés.
« Israël essaie désormais de nous faire payer le prix de la libération de ce quatrième groupe en exerçant le plus grand chantage possible. Mais nous ne céderons pas à ce genre de chantage », a prévenu M. Chtayeh.