Le procureur de Varsovie n’enquêtera pas sur la lettre antisémite aux historiens
Le personnel du Centre polonais de recherche sur la Shoah affirme que cette décision "apporte plus de lumière sur la Pologne d'aujourd'hui que la lettre anonyme originale"
Varsovie, Pologne (JTA) – Le bureau du procureur de Varsovie a décidé de ne pas enquêter sur une lettre antisémite adressée à des membres du personnel du Centre pour la recherche sur la Shoah (Center for Holocaust Research).
En mars, une personne anonyme a laissé la lettre à la porte du centre dans laquelle les historiens étaient qualifiés de « juifs sales et stupides » et de « menteurs ». Barbara Engelking a été décrite comme une « juive menteuse » et Jan Grabowski comme « fou de haine envers la Pologne et les Polonais ».
Un imprimé d’une étude décrivant les Juifs comme les auteurs de leur propre persécution pendant la Seconde Guerre mondiale accompagnait la lettre.
Le parquet a décidé de ne pas ouvrir d’enquête sur « l’insulte raciale de personnes de nationalité juive par une personne inconnue » mais n’a pas motivé sa décision.
En réponse, M. Grabowski a déclaré que le procureur « semble suivre l’air du temps, du moins celui qui domine actuellement en Pologne ».
En parlant de l’auteur de la lettre anonyme, il a dit : « Comment savait-il si nous étions juifs ou non ? A-t-il effectué une enquête raciale à ce sujet ? Quelle est la signification du terme ‘nationalité juive’ en Pologne aujourd’hui ? S’oppose-t-elle à la ‘nationalité polonaise’ ? Tout cela est très, très intéressant – et la lettre du procureur apporte plus de lumière sur la Pologne d’aujourd’hui que la lettre anonyme originale. »
Le Centre pour la recherche sur la Shoah publie des livres décrivant la difficile histoire judéo-polonaise.
Cette année, le centre a publié Nuit sans fin : Le sort des Juifs dans certains comtés de la Pologne occupée, avec des recherches montrant que les Polonais auraient pu assassiner des dizaines de milliers de Juifs après la liquidation des ghettos par les Allemands.