Le rabbin du mur Occidental dénonce la violence lors des prières
Une semaine après des heurts lors d'un événement égalitaire, Rabinovitch s’en prend aux Femmes du mur ; réformés et conservateurs souhaitent la mise en œuvre du compromis
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Le rabbin du mur Occidental s’est prononcé jeudi contre la violence sur le lieu saint, semblant blâmer « toutes les parties », une semaine après que des extrémistes ultra-orthodoxes ont envahi la place égalitaire, perturbant les prières.
Dans sa déclaration, publiée en anglais, le rabbin Shmuel Rabinovitch a dénoncé les jeunes qui ont perturbé les prières dans la section égalitaire, mais a également semblé critiquer les Femmes du Mur, un groupe féministe qui organise des prières dirigés par des femmes au mur Occidental.
« La violence verbale et physique qui éclate dans les rangs de ceux qui viennent prier au mur Occidental, issus de divers groupes extrémistes, profane le nom de Dieu, sépare les gens et nuit à la sainteté du site qui unit la nation juive et la communauté juive mondiale », a déclaré Rabinovitch.
« J’appelle toutes les parties à régler leurs différends et réprimer les manifestations de violence sur ce site sacré, et à protéger le mur Occidental dans sa sainteté, symbole du patrimoine et de la tradition juifs », a-t-il ajouté.
Jeudi dernier, des dizaines d’hommes et de garçons orthodoxes avaient pénétré dans la section égalitaire du mur Occidental, zone située au sud de la place principale également connue sous le nom d’Arche de Robinson, équipés de sifflets et de panonceaux, alors que des familles venues des États-Unis y organisaient des cérémonies de bar mitzvah de leurs enfants.
Les jeunes ont tenté de perturber les prières, en sifflant, traitant les fidèles de « nazis » et d’« animaux » et en déchirant même un livre de prières. Un garçon a utilisé une page déchirée du livre de prières pour se moucher.

La réprobation tardive de Rabinovitch fait suite à sa rencontre avec Jonathon Greenblatt, PDG de l’Anti-Defamation League, mercredi. Greenblatt avait exprimé sur Twitter sa « grande préoccupation » à Rabinovitch au sujet de ces événements.
Jeudi également, les dirigeants des mouvements réformistes et conservateurs américains ont appelé le Premier ministre Yair Lapid à renforcer la sécurité dans la section égalitaire du mur afin de mettre en œuvre le compromis du mur Occidental, depuis longtemps bloqué, qui donnerait aux Juifs non orthodoxes une représentation et un statut officiel dans la gestion du lieu saint.
« Nous sommes conscients de la complexité de la situation politique. Mais nous pensons que ces événements sont une opportunité pour le Tikkun (réparation). Il est temps d’ouvrir une nouvelle ère et réparer l’injustice grave et quotidienne faite au mur aux Juifs libéraux », ont écrit le rabbin Rick Jacobs, chef de l’Union pour le judaïsme réformé, et le rabbin Jacob Blumenthal, chef de la Synagogue unie du judaïsme conservateur.
Les deux hommes ont demandé à Lapid d’ordonner à la police d’intervenir pour prévenir les perturbations violentes dans la section égalitaire, de veiller à ce que la zone reste ouverte à la prière mixte, de réparer les installations pour permettre aux fidèles d’atteindre les pierres du mur et enfin de faire des représentants de ces mouvements les gestionnaires officiels du site.
Après une semaine de silence, Lapid a condamné l’incident après avoir été interrogé sur la question par un journaliste lors d’une visite diplomatique en France.
« Je suis contre toute violence au mur Occidental. Cela ne peut pas continuer ainsi », a déclaré Lapid, s’adressant aux journalistes à Paris à l’issue d’une réunion avec le président Français Emmanuel Macron.

Les policiers étaient sur les lieux jeudi dernier, mais ils se sont gardés d’intervenir, sauf lorsque des actes de violence manifestes ont frappé des fidèles. Aucune interpellation n’a eu lieu.
De nombreuses personnes présentes aux offices de prière se sont dites choquées par la passivité de la police ce jour-là et ont exprimé leur déception face au silence affiché par la plupart des responsables politiques israéliens suite à cet incident.