Israël en guerre - Jour 431

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Revue de presse israélienne

Le raffut soulevé par Pinto en vaut-il la peine ?

La brigade anti-corruption va poursuivre l'un des leurs. Retour sur les unes des quotidiens israéliens.

Le rabbin Yoshiyahou Yosef Pinto (Crédit : Gideon Markowicz/Flash90)
Le rabbin Yoshiyahou Yosef Pinto (Crédit : Gideon Markowicz/Flash90)

Le scandale grandissant de corruption impliquant un rabbin populaire, le chef de la brigade anti-corruption et un membre du Congrès très attaché à Israël, s’avère plus attirant pour la une des journaux de dimanche 19 janvier 2014 qu’une valise pleine de billets non marqués.

Nous n’allons pas essayer de résumer les détails d’une affaire plus compliquée qu’un feuilleton mexicain (Dos Muchos Pesos de Rabino Pinto), qui a éclaté le jeudi 16 janvier.

Ce qui met les journaux dans tous leurs états ce dimanche 19 janvier est la recommandation de la division des affaires internes de la police, à savoir l’ouverture d’une enquête criminelle contre son ancien chef, Menashe Arviv.

Ce dernier est en effet soupçonné d’avoir accepté des pots-de-vin des associés du rabbin Yoshiyahou Yossef Pinto. Menashe Arviv aurait en échange donné des informations relatives à une enquête contre le rabbin. Il apparaît comme le type d’homme capable de faire du jogging avec une poussette, selon la même image exactement utilisée pour la une de trois journaux (Haaretz est le seul à avoir résisté).

Menashe Arviv, discutant avec le ministre de la Sécurité, Yitzhak Aharonovitch, le 16 septembre 2013 (Crédit : Gideon Markowicz/Flash 90)
Menashe Arviv, discutant avec le ministre de la Sécurité, Yitzhak Aharonovitch, le 16 septembre 2013 (Crédit : Gideon Markowicz/Flash 90)

Selon tous les journaux, Yoshiyahou Pinto, qui partage son temps entre New York et Ashdod, devrait témoigner dans l’enquête, mais rien n’est encore sûr quant à savoir d’où il le fera. Les journaux rapportent que Pinto espère que son témoignage – dans lequel il avouera qu’en effet, lui et ses proches ont corrompu Menashe Arviv –  lui vaudra une sorte d’immunité contre d’éventuelles poursuites.

Il sera néanmoins toujours inculpé dans une affaire de tentative de corruption d’un autre supérieur de police. Bien sûr, il ne s’agit que de spéculations de la part des journaux.

Yediot Aharonot va même jusqu’à prédire le témoignage de Pinto, qui prétendra qu’il entretenait une relation proche avec l’ancien chef de la police au cours de l’année dernière. Cependant, les proches du policier racontent que ce n’était pas le cas. « Je n’étais pas un disciple du rabbin, » aurait affirmé Menashe Arviv à ses amis.

« Je l’ai rencontré à quelques reprises, comme d’autres. Il y a un an, j’ai coupé les liens parce que je sentais que l’atmosphère autour de lui était problématique et inappropriée. Les proches du rabbin ont essayé de reprendre contact, mais j’ai refusé, » ajoute-t-il.

Le journal rapporte également qu’un « magnat bien connu » est aussi impliqué dans le versement de pots-de-vin à Menashe Arviv de la part du rabbin, citant le témoignage de l’un des disciples de Pinto qui a admis l’avoir déjà fait.

Dans Israel Hayom, le journaliste Dan Margalit est d’avis que ce serait une erreur que de laisser Pinto, comparé à une bête sauvage, sortir afin de poursuivre le gros poisson que représenterait Menashe Arviv. « En pratique, Pinto voudrait être un témoin d’Etat, » écrit-il. « Avec une offre pareille vient l’idée qu’il faut laisser filer les petits poissons afin de ne pas attraper le Léviathan. »

Sans diminuer la sévérité des liens entre Pinto et Arviv – même s’ils se sont avérés – le rabbin est toujours le Léviathan dans ce cas-ci, et Arviv juste un gros poisson. Un gros poisson c’est beaucoup, mais c’est certainement plus petit qu’un Léviathan. »

Maariv a encore pêché de plus gros poissons, en commençant par des commentaires du ministre de la Défense Moshe Yaalon. En effet, ce dernier n’a pas une bonne opinion des Américains, ni de leur plan de sécurité dans la vallée du Jourdain.

Le journal note, comme si on pouvait l’oublier, que Yaalon était derrière certains commentaires encore plus graves que ceux relayés dans la presse la semaine dernière. Commentaires dans lesquels il traite le secrétaire d’État américain John Kerry de « messianique obsessionnel. »

Moshe Yaalon, ministre de la Défense (Crédit: Miriam Alster/Flash90)
Moshe Yaalon, ministre de la Défense (Crédit: Miriam Alster/Flash90)

Ces nouveaux commentaires cités par Maariv sont en revanche assez faibles (et n’apportent rien de nouveau), mais tendent à prouver que, si Yaalon s’est excusé, il semble qu’il n’a pas changé d’avis sur la façon dont il juge les Américains.

S’adressant à une foule d’une centaine de personnes dans un collège Jérusalem, Yaalon a déclaré que les États-Unis et l’Europe « ont des vues erronées et ne comprennent pas le Moyen-Orient et ce qui s’y passe. »

Le quotidien le cite également, indiquant que « les capteurs et les drones ne peuvent remplacer la présence physique de l’armée israélienne » dans la vallée du Jourdain. Ce dernier commentaire est en opposition directe avec le plan de sécurité américain, contre lequel il a en effet fait pression.

L’éditorial de Haaretz s’attaque à Yaalon et au Premier ministre Benjamin Netanyahu, qu’il accuse « d’installer des mines terrestres » tout au long du processus diplomatique, en critiquant les Etats-Unis et l’Europe, prêtes à exploser à la gueule du pays.

« Netanyahu doit comprendre que sa position lui impose de maintenir une politique qui reste dans les intérêts d’Israël. Il ne doit pas poser de mines terrestres permanentes dans le processus de négociation pour essayer d’acquérir la faveur de l’extrême droite, » selon le journal.

Yaalon est peut-être un meilleur combattant qu’il n’est un homme politique, de même que le lauréat israélien du prix Nobel de chimie, Dan Schechtman. 

Dan Shechtman (photo credit: Flash90)
Dan Shechtman, prix Nobel de chimie à une conférence de presse en octobre 2011 (Crédit : Flash 90)

« Je pense que je peux changer les choses pour améliorer ce pays, » a-t-il affirmé à Channel 1. « Je le fais en ce moment aussi dans de nombreux domaines, surtout dans l’éducation, l’enseignement supérieur et de l’entrepreneuriat technologique. Mais je pense que je pourrais faire beaucoup plus à une échelle politique, » souligne Schechtman.

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