Le roi d’Espagne rend hommage aux Juifs séfarades expulsés en 1492
Le Conseil des ministres a octroyé en octobre la nationalité à 4.302 descendants de Juifs séfarades par un décret de naturalisation
Le roi d’Espagne Felipe VI a solennellement rendu hommage lundi aux juifs séfarades expulsés d’Espagne en 1492 par les rois catholiques, après l’entrée en vigueur d’une loi facilitant la naturalisation de leurs descendants.
Au cours d’une cérémonie au Palais royal, le souverain a exprimé toute « la gratitude » de son pays envers les juifs pour leur contribution durant des siècles avant leur expulsion en 1492.
« Chers séfarades, merci pour votre fidélité », a lancé le roi, 523 ans plus tard, devant de nombreux représentants des Juifs « séfarades » (mot signifiant « Espagne » en hébreu) venus de différents pays.
« Merci d’avoir conservé comme un précieux trésor votre langue et vos coutumes qui sont aussi les nôtres. Merci aussi d’avoir fait en sorte que l’amour l’emporte sur la rancoeur et d’avoir transmis à vos enfants l’amour de cette patrie espagnole », a ajouté le roi, avant de conclure : « Comme vous nous avez manqué ! ».
Les estimations varient mais selon les historiens, au moins 200.000 juifs vivaient en Espagne lorsque les « rois très catholiques » Isabelle et Ferdinand leur ordonnèrent de se convertir ou de partir en quelques semaines, après des années de ségrégation grandissante. Les exilés fuirent vers l’Italie, l’Afrique du nord, l’Empire Ottoman, les Balkans ou encore le Portugal.
Plus de cinq siècles plus tard, les députés ont adopté en juin dernier –à l’unanimité– une loi permettant à leurs descendants d’obtenir facilement la nationalité espagnole, pour réparer « une erreur historique ». Le ministère des Affaires étrangères d’Israël s’en était félicité.
« Les séfarades seront nombreux à récupérer la nationalité que, culturellement et sentimentalement, ils avaient toujours maintenue », a dit le ministre de la Justice, Rafael Catala, indiquant que l’administration avait déjà reçu plus de 583 demandes.
Mais le Conseil des ministres a par ailleurs octroyé dès octobre la nationalité à 4.302 descendants de Juifs séfarades par un décret de naturalisation de façon à « accélérer la procédure ».
Auparavant, l’Espagne acceptait déjà d’octroyer la nationalité aux Juifs dont l’origine séfarade avait été prouvée mais ils pouvaient seulement la solliciter à l’issue de deux ans de résidence en Espagne ou par le biais d’une lettre de naturalisation, donc à la discrétion du Conseil des ministres. Dans la majorité des cas, il fallait que les intéressés abandonnent tout autre passeport.