Le Shin Bet approuve la réouverture de la maison de la famille d’un terroriste
Selon l'agence de sécurité intérieure, les proches de Hussein Qaraqa ne savaient pas qu'il prévoyait de perpétrer l'attentat meurtrier de Jérusalem ; Ben Gvir n'est pas de cet avis
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déclaré dimanche qu’il avait ordonné à la police d’ignorer la recommandation de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet de réouvrir la maison appartenant aux parents du terroriste palestinien qui a perpétré un attentat à la voiture-bélier à Jérusalem au début du mois.
La maison familiale de Hussein Qaraqa, qui a foncé avec sa voiture sur un groupe de personnes dans le quartier de Ramot à Jérusalem le 10 février, faisant trois morts, a été mise sous scellés quelques jours après l’attentat.
Qaraqa, qui a été tué par balles sur les lieux de l’attaque, était un résident d’Issawiya à Jérusalem-Est. Toutefois, son appartement étant une location, la police a mis sous scellés la maison de ses parents à A-Tur, également à Jérusalem-Est.
Le Shin Bet a déclaré que Qaraqa souffrait apparemment de troubles mentaux ; il avait été libéré d’un hôpital psychiatrique dans le nord d’Israël quelques jours seulement avant l’attentat.
En outre, l’agence de sécurité intérieure a déclaré que la famille de Qaraqa n’était pas au courant de ses intentions de commettre un attentat, sous-entendant qu’il n’y avait aucune raison de punir sa famille.
Mais Ben-Gvir a assuré que la famille de Qaraqa avait « reçu son testament avant qu’il ne commette l’attentat, et qu’elle était au courant de ses intentions et devait donc être punie ».

« Ben Gvir, qui s’est opposé à la décision [de desceller la maison], a ordonné à la police de ne pas donner suite à la demande du Shin Bet », a déclaré le ministère de la Sécurité nationale.
Ben Gvir a déclaré que si le Shin Bet et le Commandement du Front intérieur de l’armée – qui est l’autorité compétente de Tsahal pour procéder à la démolition de maisons ou à la pose de scellés sur le territoire israélien, y compris Jérusalem-Est – souhaitent ouvrir la maison, « ils peuvent le faire eux-mêmes ».
Israël a pour politique de démolir régulièrement ou de sceller de manière permanente les maisons des Palestiniens accusés d’avoir commis des attentats terroristes.
Lorsqu’elle scelle une propriété, la police soude les portes et les fenêtres avant une éventuelle démolition complète. Dans les rares cas où la Haute Cour accepte les appels de la famille, la mise sous scellés peut être annulée.
Police welded shut the home of the parents of the terrorist who rammed and killed 3 Israelis in Jerusalem on Friday. Hussein Qarqa lived in a rented apartment so Israel can't demolish it, and this move is reversible if High Court denies full demolition (which is likely). pic.twitter.com/cRtQcFm6Ta
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) February 12, 2023
Israël a pour politique de démolir les maisons de Palestiniens accusés d’avoir perpétré des attaques terroristes meurtrières. L’efficacité de cette politique a été vivement débattue, même au sein de l’establishment sécuritaire israélien ; les militants des droits de l’Homme dénoncent cette pratique comme une punition collective injuste. La loi israélienne n’exige pas que les terroristes aient été condamnés avant que leurs maisons ne soient démolies.
Des images de l’attaque du 10 février montrent Qaraqa fonçant sur un groupe d’Israéliens attendant à un arrêt de bus.
Yaakov Yisrael Fali, 6 ans, son frère Asher Menahem Fali, 8 ans, et Alter Shlomo Lederman, un étudiant de yeshiva de 20 ans qui s’était marié il y a deux mois, ont été tués dans l’attaque à la voiture-bélier.

La page Facebook de Qaraqa contient des messages saluant les attaques contre les soldats et les civils israéliens. Dans un message publié en août dernier, Qaraqa a salué le chef du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien, Ziad Nakhaleh.
Dans une publication plus récente, en décembre dernier, Qaraqa a rendu hommage aux membres du groupe terroriste de la Fosse aux Lions, basé à Naplouse, après que plusieurs d’entre eux ont été tués lors d’une opération de Tsahal. La Fosse aux Lions a été responsable de nombreuses fusillades dans le nord de la Cisjordanie ces derniers mois.
Qaraqa a également publié de nombreux messages glorifiant les attentats et a écrit « Gloire aux âmes pures » en référence aux terroristes.
Peu après l’attentat, Ben Gvir a publié une déclaration indiquant qu’il avait demandé à la police de se préparer à une opération antiterroriste majeure à Jérusalem-Est, mentionnant spécifiquement une campagne militaire massive en 2002 qui avait pris pour cible les groupes terroristes de Cisjordanie.
Cependant, Ben Gvir n’a pas l’autorité nécessaire pour approuver une telle opération de son propre chef et ses propos ont été rejetés par un haut fonctionnaire du gouvernement.
Le ministre, membre du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit, a fait campagne en promettant de réprimer les attentats palestiniens et la criminalité arabe israélienne. Il a fait l’objet de vives critiques de la part de la droite radicale après plusieurs attaques terroristes meurtrières au cours des dernières semaines, ses détracteurs affirmant qu’il n’a pas réussi jusqu’à présent à tenir ses promesses d’éradiquer le terrorisme et d’introduire des punitions d’une sévérité sans précédent contre les terroristes et leurs familles.