Le successeur possible de Nasrallah « injoignable » depuis la frappe qui l’a visé
Des responsables libanais ont dit à Al Jazeera qu'Israël refusait de permettre aux équipes de secours de s'approcher du site de la frappe qui pourrait avoir tué Hashem Safieddine

BEYROUTH – Le successeur potentiel du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, reste injoignable depuis vendredi, a fait savoir samedi une source de sécurité libanaise, après une frappe aérienne israélienne qui l’aurait pris pour cible.
Dans le cadre de sa campagne contre le groupe terroriste libanais soutenu par l’Iran, Israël a procédé à de forts bombardements sur la banlieue sud de Beyrouth, jeudi en fin de journée – des attaques qui, selon des responsables israéliens cités par Axios, visaient Hachem Safieddine qui s’était réfugié dans un bunker souterrain.
Cette source issue des services de sécurité libanais – et deux autres sources – ont indiqué que les frappes de Tsahal qui sont encore en cours sur la banlieue sud de Beyrouth, un secteur connu sous le nom de Dahiyeh, ont empêché les secouristes de se rendre sur le site de l’attaque.
Samedi, Al Jazeera a annoncé, citant des sources proches des services de sécurité au Liban qui se sont exprimées sous couvert d’anonymat, que des efforts de médiation internationale étaient en cours pour permettre aux équipes de secours de fouiller le site, ajoutant qu’Israël a refusé jusqu’à présent de les laisser entrer.
Le Hezbollah n’a fait aucun commentaire concernant Safieddine depuis le bombardement.
La chaîne de télévision N12 a signalé, vendredi soir, que les responsables de la sécurité avaient la conviction croissante que l’homme avait bien été tué.
L’armée israélienne a souligné, vendredi, qu’elle continuait à examiner les frappes qui ont eu lieu jeudi soir et qui, selon elle, ont visé le quartier-général des services de renseignement du Hezbollah.

En tant que chef du Conseil exécutif de l’organisation, Safieddine supervise les affaires politiques du Hezbollah. Il siège également au Conseil du Jihad, qui prend en charge les opérations militaires du groupe.
Safieddine, que le département d’État américain avait inscrit sur sa liste noire du terrorisme en 2017, est un cousin de Nasrallah et, comme lui, un religieux. Il porte le turban noir indiquant qu’il est un descendant du prophète Mahomet.
La mort du successeur présumé de Nasrallah serait un nouveau coup de massue pour le Hezbollah et pour son protecteur, l’Iran. Les frappes israéliennes de ces dernières semaines ont décimé les dirigeants du Hezbollah.
Israël a élargi son conflit au Liban samedi avec sa première frappe dans la ville de Tripoli, au nord du pays, a déclaré un responsable libanais de la sécurité, après que d’autres bombes ont touché des cibles terroristes dans les banlieues de Beyrouth et que les troupes israéliennes ont lancé des raids dans le sud du pays.

Israël a lancé, ces dernières semaines, une intense campagne de bombardements au Liban, envoyant des troupes de l’autre côté de la frontière, après presque un an d’attaques du Hezbollah dans le nord du pays. Jusqu’à présent, les affrontements se limitaient essentiellement à la zone frontalière qui sépare Israël et le Liban – parallèlement à la guerre qu’Israël mène depuis un an à Gaza contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Israël affirme vouloir permettre le retour en toute sécurité de dizaines de milliers de personnes déplacées dans leurs habitations du nord d’Israël – une région qui est bombardée par le Hezbollah depuis le 8 octobre de l’année dernière, le groupe terroriste affirmant que ses frappes viennent soutenir le Hamas, aux prises avec l’armée israélienne dans la bande de Gaza.
Les attaques israéliennes ont éliminé la majorité des hauts responsables militaires du Hezbollah – dont le secrétaire général de l’organisation, Nasrallah, qui a été tué lors d’une attaque aérienne en date du 27 septembre.

Les autorités libanaises affirment que les attaques israéliennes ont également entraîné la mort de centaines de civils libanais – dont des secouristes – et qu’elles ont forcé 1,2 million de personnes, soit près d’un quart de la population, à fuir leur domicile. Israël affirme prendre pour cible les infrastructures, cellules et autres équipements du Hezbollah dissimulés au sein de la population civile, tout en s’efforçant d’éviter de porter atteinte à des innocents. L’État juif lance régulièrement des avertissements aux habitants, leur recommandant d’évacuer et de s’éloigner des installations du Hezbollah avant les frappes.
Le responsable libanais de la sécurité a dit à Reuters que la frappe effectuée samedi sur un camp de réfugiés palestiniens à Tripoli avait tué un membre du Hamas, sa femme et ses deux enfants. Les médias affiliés au groupe terroriste palestinien ont également affirmé que l’attaque avait tué un dirigeant de sa branche armée.
L’armée israélienne n’a pas commenté la frappe commise à Tripoli, une ville portuaire à majorité musulmane sunnite.
Dans l’intervalle, Israël a procédé à des bombardements nocturnes sur des cibles du Hezbollah à Dahiyeh, qui était autrefois un quartier animé et densément peuplé de Beyrouth et surtout un bastion du Hezbollah.

Samedi, de la fumée s’élevait au-dessus de Dahiyeh – banlieue dont de grandes parties ont été totalement détruites, poussant les habitants à fuir vers d’autres quartiers de Beyrouth ou ailleurs au Liban.
Dans le nord d’Israël, les sirènes d’alerte à la roquette ont été activées et les résidents sont partis se réfugier dans leurs abris, alors que des projectiles étaient tirés depuis le Liban.
Ces violences surviennent à l’approche de la date-anniversaire du pogrom qui avait été commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. Les hommes armés avaient massacré près de 1200 personnes et 251 personnes avaient été kidnappées, prises en otage dans la bande.
Le ministère de la Santé de Gaza, qui est placé sous l’autorité du Hamas, affirme que 42 000 personnes environ ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent – un bilan invérifiable et des chiffres qui ne font aucune distinction entre civils et hommes armés. Israël, de son côté, déclarait, au mois d’août, avoir tué 17 000 combattants approximativement en plus d’un millier d’hommes armés à l’intérieur d’Israël, le 7 octobre.
Israël souligne chercher à minimiser le nombre de victimes civiles, rappelant que le Hamas utilise les civils de Gaza comme autant de boucliers humains, lançant ses attaques depuis des zones civiles – notamment depuis des maisons, des hôpitaux, des écoles et des mosquées.
L’Iran, qui soutient à la fois le Hezbollah et le Hamas et qui a perdu des commandants de premier plan de son corps d’élite, le Corps des gardiens de la révolution, à la suite des frappes aériennes lancées par Israël, cette année, en Syrie, a effectué mardi des tirs de missiles balistiques en direction de l’État juif. Une attaque qui n’a fait que peu de dégâts. Israël examine actuellement les options possibles en matière de riposte.
Les prix du pétrole ont augmenté en raison de la possibilité d’une attaque contre les installations pétrolières de l’Iran, alors qu’Israël poursuit ses objectifs de repousser le Hezbollah au Liban et d’éliminer ses alliés du Hamas à Gaza.
Vendredi, le président américain Joe Biden a exhorté Israël à envisager d’autres solutions que de frapper les champs pétroliers iraniens, ajoutant qu’il pensait qu’Israël n’avait pas encore décidé de la manière de répondre à l’Iran.
Selon des sources militaires israéliennes, le principal général américain pour le Moyen-Orient, le général d’armée Michael Kurilla, devait se rendre en Israël dans la journée.