Le Tchad dément les projets d’ouverture d’une mission diplomatique à Jérusalem
Après des entretiens avec le directeur du cabinet présidentiel du Tchad et fils du président, Israël a déclaré que le pays était disposé à ouvrir un bureau dans la capitale
Mardi soir, une annonce du Tchad a jeté des doutes sur les projets présumés du pays d’ouvrir une mission diplomatique à Jérusalem, quelques heures après que les responsables israéliens ont indiqué qu’une telle initiative était en cours.
« Nous nions catégoriquement tout projet d’ouvrir une mission diplomatique à Jérusalem », a déclaré le réseau d’information arabe Al Jazeera, citant le ministère des Affaires étrangères du Tchad.
Aucune déclaration à ce sujet n’a été publiée sur le site Web du ministère des Affaires étrangères du Tchad ou sur ses comptes sur les réseaux sociaux.
L’information a été publiée quelques heures après qu’un responsable tchadien a annoncé que son pays envisageait le projet.
Une délégation tchadienne emmenée par Abdelkerim Déby, directeur du cabinet présidentiel du Tchad et fils du président Idriss Déby Itno, a rencontré mardi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ainsi que le ministre des Renseignements Eli Cohen et le chef du Conseil national de sécurité, Meir Ben-Shabbat.
Ils auraient notamment discuté de « l’ouverture possible » d’une mission diplomatique du Tchad à Jérusalem, selon les autorités israéliennes.
« À la suite de la reprise des relations avec le Tchad, nous avons discuté de la nomination des ambassadeurs et de l’ouverture de missions diplomatiques, y compris la possibilité d’ouvrir une ambassade à Jérusalem », a déclaré sur Twitter M. Netanyahu, dont les services ont aussi fait état de discussions à propos de terrorisme, cybersécurité et d’agriculture.
« À la demande du ministre Cohen, le général Déby a répondu positivement au projet de création d’un bureau de représentation officiel du Tchad à Jérusalem », a indiqué un communiqué du ministère des Renseignements.
Cohen a écrit sur Twitter avoir eu une « réunion importante » avec Déby et le directeur de l’agence de sécurité nationale du Tchad, Ahmed Kogri, mais n’a fait aucune mention d’une mission diplomatique à Jérusalem, affirmant seulement que « des informations supplémentaires seraient publiées plus tard ».
Cohen a déclaré que les deux parties avaient discuté de « la coopération dans les domaines du renseignement, de la sécurité et de l’économie ».
« Le resserrement des relations entre Israël et le Tchad est dans l’intérêt commun des deux pays, à la fois en termes de sécurité et d’économie », a déclaré Cohen.
Il n’y a pas eu de confirmation immédiate des responsables tchadiens.
Un responsable a déclaré qu’il n’avait aucune connaissance de l’ouverture éventuelle d’une mission diplomatique. Cependant, il a rappelé que la visite avait été organisée par le Conseil national de sécurité et non par le ministère des Affaires étrangères.
Benjamin Netanyahu, qui cherche ces jours-ci à normaliser les relations entre Israël et le monde musulman en général et arabe en particulier, avait annoncé la reprise de relations diplomatiques avec le Tchad en janvier 2019, lors d’une visite à N’Djamena au cours de laquelle il avait rencontré le président Déby. Les liens entre les deux pays avaient été interrompus il y a 47 ans, en 1972, sous la pression du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Netanyahu avait à l’époque défini sa visite, la toute première d’un Premier ministre israélien au Tchad, comme « une percée au cœur du monde musulman ».
Le Tchad compte une population de 15 millions d’habitants, dont 52 % de musulmans et 43 % de chrétiens. Le pays, l’un des plus pauvres du monde, ne fait pas partie de la Ligue arabe mais est un Etat membre de l’Organisation de la conférence islamique (OCI).
Cette visite de la délégation tchadienne en Israël intervient moins d’un mois après l’annonce d’un accord entre Israël et les Emirats arabes unis, appelés à devenir le troisième pays arabe, après l’Egypte et la Jordanie, et le premier du Golfe, à normaliser ses relations avec l’Etat hébreu.
« J’ai d’ailleurs mentionné nos relations lors de discussions à propos de la paix avec les Emirats. J’en ai fait mention et je veux faire plus qu’en faire mention, je veux être en mesure de la rendre concrète, » a ajouté M. Netanyahu, selon un communiqué de ses services.
L’accord a été suivi par le premier vol commercial entre Israël et les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et Bahreïn voisins ayant décidé d’autoriser ces vols à traverser leur espace aérien.
En outre, vendredi, la Serbie a annoncé qu’elle déplacerait son ambassade en Israël à Jérusalem, et le Kosovo, à majorité musulmane, a déclaré qu’il reconnaîtrait Israël et ouvrirait une ambassade à Jérusalem. Ces décisions ont été prises dans le cadre de discussions négociées par les États-Unis afin de normaliser les liens économiques entre Belgrade et Pristina.
D’autres États arabes, dont le Soudan, Bahreïn et Oman, ont été identifiés comme des pays qui pourraient bientôt normaliser leurs relations avec Israël.