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Le traitement des ONG par Israël rappelle celui de l’Iran – directeur de HRW

La Cour suprême va se prononcer jeudi sur l'expulsion d'Omar Shakir, directeur du département Israël et Palestine de l'organisation

Illustration : Kenneth Roth, directeur exécutif de  Human Rights Watch, pendant la conférence de presse annuelle de l'ONG à Berlin, en Allemagne, le 21 janvier 2014 (Crédit :  Michael Sohn/AP)
Illustration : Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch, pendant la conférence de presse annuelle de l'ONG à Berlin, en Allemagne, le 21 janvier 2014 (Crédit : Michael Sohn/AP)

Le directeur-exécutif de Human Rights Watch a accusé l’Etat juif cette semaine d’avoir mis en place une campagne visant à « non seulement réprimer les activités relatives aux droits de l’Homme, notamment celles de nos partenaires israéliens, mais également à priver les Israéliens des informations sur ce qui est en train de se passer chez eux ».

Kenneth Roth a déclaré à Haaretz que si la Cour suprême devait décider de permettre au gouvernement de mettre en oeuvre sa décision d’expulser le directeur local de HRW, Omar Shakir, le pays rejoindrait « ses semblables en Corée du nord, au Venezuela, à Cuba, au Soudan et en Iran qui, eux aussi, expulsent nos représentants ».

« Ce n’est pas un club qu’Israël devrait vouloir rejoindre », a-t-il continué.

Une juridiction inférieure avait statué au mois d’avril en faveur de l’expulsion de Shakir par le ministère de l’Intérieur, disant que ses activités contre les implantations de Cisjordanie s’apparentaient à un boycott du pays.

La loi israélienne interdit l’entrée sur le territoire à tous ceux qui ont publiquement soutenu le boycott d’Israël ou de ses implantations.

La décision prise par le ministère de l’Intérieur, au mois de mai 2018, de refuser à Shakir ses autorisations de travail et des résidences a été prise en raison de son soutien présumé au boycott d’Israël. L’homme avait alors fait part de son opposition aux politiques israéliennes envers les Palestiniens.

Selon le ministère des Affaires stratégiques, Shakir « partage fréquemment sur Twitter des contenus au sujet du mouvement BDS contre Israël ».

Une loi controversée qui a été adoptée par la Knesset en 2017 permet à l’Etat d’interdire aux partisans du mouvement BDS – qui encourage au boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre l’Etat juif.

Au mois d’août dernier, le bureau du Procureur-général avait annoncé qu’il enquêterait sur les interrogatoires, par les services de sécurité, des activistes libéraux qui entrent dans le pays.

HRW a rejeté cette accusation de soutien de BDS.

« Ni Human Rights Watch, ni Shakir en tant que son représentant, n’ont appelé à un boycott d’Israël comme le gouvernement israélien lui-même l’a reconnu », a indiqué le groupe dans un communiqué émis mercredi.

« Dans le cadre de sa campagne globale visant à s’assurer que les entreprises respectent leurs responsabilités en termes de droits de l’Homme et qu’elles ne contribuent pas à d’éventuels abus, Human Rights Watch a appelé ces dernières à cesser de travailler dans les implantations ou avec les implantations de Cisjordanie, qui sont illégales au regard du droit international. L’organisation n’a pas réclamé de boycott consommateur de ces mêmes entreprises », a ajouté le communiqué.

Omar Shakir, directeur de Human Rights Watch pour Israël et la Palestine, travaille à son bureau dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, le 9 mai 2018. (AFP Photo/Abbas Momani)

Même si Shakir devait être expulsé, Roth a promis que HRW « continuera à informer de manière objective sur les violations faires aux droits de l’Homme ici et ailleurs ».

L’approche de Roth a entraîné des critiques parmi certains partisans d’Israël, qui l’ont accusé de partialité envers l’Etat juif.

Le fondateur de HRW, Bob Bernstein, décédé au début de l’année à l’âge de 94 ans, critiquait fréquemment Roth.

Il avait écrit que le groupe condamnait « largement plus » les violations faites aux droits de l’Homme en Israël que dans les autres pays du Moyen-Orient dirigés par des « régimes autoritaires avec des antécédents épouvantables en termes de droits de l’Homme ».

En 2017, Roth avait tweeté un lien vers un article qui affirmait que « la suprématie blanche et le sionisme font la paire », entraînant Jonathan Greenblatt de l’ADL (Anti-Defamation League) à condamner cette « focalisation malheureuse » sur Israël.

« De nombreux activistes des droits de l’Homme condamnent les abus israéliens et l’antisémitisme », avait écrit Roth sur Twitter. « Certains suprématistes blancs ont adopté Israël & l’antisémitisme ».

Les organisations de défense des droits de l’Homme ont critiqué la décision prise par le gouvernement contre HRW.

Robert Bernstein s’est publiquement écarté de Human Rights Watch, l’organisation qu’il a contribué à fonder et a longtemps supervisé (Crédit : Elizabeth Bernstein)

Au mois d’avril, de hauts-responsable des droits de l’Homme, à l’ONU, ont vivement recommandé à Israël de renoncer à l’expulsion de Shakir, disant que cette décision « menace la défense des intérêts de tous, la recherche et la libre-expression et elle reflète une résistance troublante au débat ouvert ».

La semaine dernière, Amnesty International a émis un communiqué disant que la « décision prise par les autorités israéliennes d’expulser Omar Shakir est un coup écrasant porté à la liberté d’expression dans le pays et envoie un signal alarmant aux activistes des droits de l’Homme et à la société civile en général, celui que les autorités sont prêtes à aller très loin pour réduire au silence ceux qui défendent les droits de l’Homme ».

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