L’Église va s’excuser auprès des Juifs britanniques 800 ans leur expulsion
"Mieux vaut tard que jamais", a déclaré un leader juif au sujet des excuses pour les lois antisémites du Synode d'Oxford, qui ont précédé la création de l'Eglise d'Angleterre
JTA – « Mieux vaut tard que jamais », a déclaré un leader juif britannique à l’annonce des excuses par l’Eglise d’Angleterre pour les lois antisémites promulguées en 1222.
L’Eglise prévoit un « acte de repentance » officiel pour l’année prochaine, à l’occasion du 800e anniversaire du Synode d’Oxford, un ensemble de lois qui limitaient les rapports entre Juifs et chrétiens en Angleterre, selon un rapport publié lundi par le Telegraph.
Ces lois ont finalement conduit à l’expulsion des Juifs d’Angleterre en 1290. Ils n’ont été officiellement réadmis qu’en 1656.
« L’expression « mieux vaut tard que jamais » est vraiment appropriée ici. Le traumatisme historique de l’antisémitisme anglais médiéval ne pourra jamais être effacé et son héritage survit aujourd’hui – par exemple, à travers la persistance de l’allégation de « diffamation du sang » qui a été inventée dans ce pays », a déclaré au Telegraph Dave Rich, le directeur politique d’un groupe britannique de surveillance de l’antisémitisme.
« Mais dans le contexte de recrudescence de l’antisémitisme, le soutien et l’empathie de l’Eglise d’Angleterre pour notre communauté juive sont les bienvenus et rappellent que la Grande-Bretagne d’aujourd’hui est un endroit très différent », a déclaré Rich.
L’Angleterre a connu une vague d’incidents antisémites très médiatisés ce printemps pendant et après le conflit Israël-Gaza.
En planifiant les excuses officielles, l’Église d’Angleterre assume la responsabilité de l’antisémitisme chrétien qui est antérieur à sa fondation en 1534.
« Parmi les nombreuses choses qui laissent perplexe à propos de cette nouvelle surprenante, il y a le fait que l’Église d’Angleterre n’existait pas en 1290 lorsque les Juifs ont été expulsés d’Angleterre », a tweeté Jeffrey Shoulson, professeur d’études judaïques à l’Université du Connecticut.
Si ces excuses seraient révolutionnaires, l’Eglise a pris des mesures pour cultiver de bons rapports avec les Juifs britanniques ces dernières années.
En 2019, elle a publié un document intitulé « God’s Unfailing Word » qui soulignait l’importance de la relation entre chrétiens et juifs et reconnaissait que des siècles d’antisémitisme chrétien en Europe avaient jeté les bases de la Shoah. À l’époque, dans la postface de « God’s Unfailing Word », le grand rabbin du Royaume-Uni et du Commonwealth reprochait toutefois à l’Eglise de ne pas avoir rejeté catégoriquement l’œuvre des chrétiens évangéliques qui tentaient de convertir les juifs.